De la vidéo médicale à l'Internet, il n'y
a qu'un pas que Pointe Noire a franchi allègrement. La
start-up accumule les références en matière
de vidéo sur Internet, d'Alcatel à Lionel Jospin.
Prochaine étape: un plateau de tournage entièrement
dédié à Internet.
Propos recueillis par Alain
Steinmann le 17 août 1999
.
JDNet : Pointe
Noire, en deux mots, c'est quoi ?
Yves Héribert: Nous
sommes une société de production audiovisuelle.
Guillaume et moi l'avons créée en mars 1997. J'ai
été directeur de division de BASF et directeur France
d'US Gold [éditeur de jeux vidéo racheté
par Eidos, ndlr] et j'ai voulu me mettre à mon compte.
Guillaume a été cadreur pour Eurosport, Canal Plus
et a fait une saison de F1 pour le Kiosque. Au départ,
nous nous sommes spécialisés dans la vidéo
d'entreprise pour le secteur médical.
Comment êtes-vous arrivés
sur le Net ?
YH: Tout est arrivé par nos relations. Nous avons
rencontré Cyperus, une société qui a vraiment
cru au multimédia. Au début, on a fait des retransmissions
pour eux et ils ont apprécié notre discours. Tout
s'est enchaîné par la suite, Interop 98, La Fête
Internet, l'assemblée générale d'Alcatel
et Matignon.
Techniquement,
ça se passe comment ?
Guillaume Bolla: Nous avons créé des connectiques
spécifiques pour la retransmission. Pour du différé,
nous enregistrons le flux de données et l'installons sur
le site du client. Pour du direct, nous fournissons le flux de
données à notre prestataire technique, Oléane,
qui gère les streams.
Quelles que soient les conditions, le travail est le même:
on installe une régie son et l'éclairage. Un ingénieur
son et un ingénieur vision contrôlent la qualité
de la retransmission, tout est ensuite géré en numérique.
En tout, 22 intermittents du spectacle travaillent pour nous.
YH:
Le son est très important. Parfois l'image n'est pas terrible
parce que les techniques ne sont pas encore au point. Si le son
est génial, tout de suite, c'est magique.
Y-a-t'il
une technique de réalisation spécifique à
Internet?
GB:
La vidéo sur Internet, c'est un style différent.
Il faut faire très peu de zooms ou de travelings, les mouvements
ne doivent pas être brusques sinon c'est une catastrophe...
et souvent les internautres croient que c'est un problème
de modem! Nous utilisons de petites caméras qui nous permettent
de nous faufiler dans une assemblée, faire des micro interviews,
etc...
Comment
procédez vous pour l'encodage de la vidéo?
GB:
Nous utilisons Real
G2 mais le passage sous Windows Media n'est pas impossible. Olivier
Amato, l'un des meilleurs spécialistes de l'encodage français,
va nous rejoindre. Après, avant l'encodage, j'effectue
quelques réglages précis pour obtenir une meilleure
qualité, c'est ma recette magique. C'est vrai: il faut
du système D pour faire de la vidéo sur Internet.
Vous allez bientôt disposer
de votre propre plateau de tournage...
YH: Nous quittons Suresnes pour Boulogne-Billancourt.
Nous disposerons d'un plateau de 100 m2 avec banc de montage,
bleu incrust, le tout dans un décors de luxe!
De nombreux tournage sont déjà prévus. Cyperus
occupera le studio deux jours par semaine. Nous sommes en relations
avec plusieurs sociétés d'information financière
(dont Fininfo) pour des projets de retransmissions régulières.
EMI voudrait organiser des concerts privés et enregistrer
des vedettes; Canalweb a des besoins importants aussi pour ses
100 émissions différentes.
Pour
la modique somme de...
YH: Une demi-journée coûte
environ 10.000 francs, le double pour une journée complète.
Mais un directeur général peut venir enregistrer
un message en une heure et le diffuser dans le monde entier, sans
même devoir se déplacer à l'étranger,
ou déplacer ses employés. Ca constitue une possibilité
de réduction des coûts incroyable.
GB: D'ailleurs, je pense que nos activités vont
passer par Intranet. On va faire beaucoup de formation, avec des
schémas parallèles à la vidéo. Nous
allons d'ailleurs de plus en plus utiliser le Smil qui permet
sur une même page internet de mettre de l'image, du son,
des graphismes et le produit en 3D. Le tout sous-titré
en quatre langues, selon le choix de l'utilisateur. Ca, c'est
l'avenir: intranet.
Pourtant, la vidéo sur Internet n'est pas réservée
à un public élitiste, à des niches?
GB: La vidéo sur Internet
sera grand public. Pour l'instant, ça a plus un côté
voyeur, envers du décor. Peut-être qu'après,
avec l'évolution des technologies, on pourra faire de vraies
émissions intranet.
Pourtant,
la première tentative de grand public avec Lionel Jospin
n'a pas été une réussite.
YH: Cette opération a été victime
de son succès. 76.000 requêtes ont été
effectuées. Aucun serveur au monde ne peut fournir une
telle bande passante ! Pourtant, nous avons donné une image
et un son top qualité. La preuve, les télés
venues filmer l'évènement se sont branchées
directement sur notre signal. Pour vous dire: il y a même
des personnes qui essayaient de se connecter avant la retransmission
et qui ne pouvaient pas. A Hourtin [26 août, ndlr],
ce sera meilleur.
Pointe
Noire dans deux ans ?
GB: N'importe quelle société qui disposera
d'un site voudra de la vidéo. En plus, on fera de la veille
techno.
YH: On va travailler avec des agences de communication
et monter des réseaux de télé privés,
via Internet ou Intranet. Je pense que l'internet de l'avenir
sera fait par les gens de l'audiovisuel. Pour l'instant, ils ne
s'y sont pas mis mais dès qu'ils auront compris et que
la technique progressera, ils feront un malheur... nous aussi.
Pointe Noire en chiffres :
Effectif
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2
permanents et 22 intermittents
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Références
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Cyperus,
Alcatel, La Fête Internet, Interop 98, Intranet 99,
Matignon...
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