(comme "seed" et "soft") est
un fond díInvestissement en capital-risque d'amorçage, spécialisé
dans le logiciel, le multimédia et le commerce électronique. En
1998, Jean-Michel Renck (le sponsor), François Poirier et Régis
Saleur (les associés) ont décidé, plutôt que de jouer les "business
angels" ou les consultants chacun de leur côté, de créer un fonds
de capital-risque afin de participer à la création
d'entreprises en projet ou en démarrage dans le domaine du logiciel
au sens large, incluant Internet et le multimédia. Une
partie des projets que finance Seeft trouve son origine dans les
"piaules" des passionnés d'informatique et des entrepreneurs en
herbe. Au carrefour du capital-risque et des "business angels",
Seeft, après seulement quelques mois d'existence vient
de lever 150 millions de francs et compte investir dans une vingtaine
de start-ups dans les cinq ans qui viennent.
Il a un sponsor et deux associés.
Le sponsor s'appelle Jean-Michel Renck (fondateur de SOCS, progiciels
pour les assurances) et les deux associés sont François
Poirier, ancien directeur général d'Astorg, et moi-même.
On se positionne exclusivement sur le secteur du logiciel et du
commerce électronique. Nous sommes spécialisés
dans l'"amorçage", c'est à dire que nous
entrons dans le capital des sociétés exclusivement
au premier tour de table. Mais nous pouvons suivre sur les investissements
ultérieurs. Seeft est opérationnel depuis trois
mois. Nous nous définissons comme des "business angels
professionnels". Nous avons voulu réunir le meilleur
des deux mondes, celui fes business angels et celui des fonds
de capital-risque traditionnels. Les business angels ont comme
atouts l'expérience, le carnet d'adresses et un capital
"affectif" important. Mais ils sont peu disponibles
et manquent de moyens financiers. A l'autre bout, les fonds d'investissement
traditionnels sont peu nombreux et se connaissent très
bien. Ils ont des moyens beaucoup plus importants et sont compétents
dans le domaine de l'expertise financière mais leur implication
sur le terrain est limitée car très souvent les
promoteurs de ces fonds ne sont pas des anciens entrepreneurs...
Nous nous positionnons dans le logiciel uniquement, car c'est
un secteur que nous connaissons bien. On a donc levé un
fond de 150 millions de francs, essentiellement auprès
d'une vingtaine d'investisseurs privés de tous les milieux
qui ont tous réussi dans différents secteurs. Le
reste provient de deux fonds publics, le FPCR (Fond public de
capital risque) et le Fond européen d'investissement.
Principalement
le logiciel et ensuite le commerce électronique au sens
soit technologique (logiciel) ou dans des enseignes de commerce
électronique. Notre cible n'est pas l'édition par
exemple ou de la prestation de services ou de la réalisation
de sites. Nous avons déjà investi dans trois sociétés.
La première a été
,
dont nous avons acquis 20% et dans laquelle nous venons de réinvestir
environ 2 millions; la deuxième s'appelle
et développe des composants logiciels
pour les concepteurs de jeux vidéos. Nous avons investi
pour environ 2 millions de francs. L'identité de la troisième,
c'est encore confidentiel.
Le
capital-risque décolle en France, qu'en pensez-vous?
Je
pense que c'est une très bonne chose.Même s'il
y a des fonds qui fleurissent un peu partout, on est loin d'en
voir suffisamment. Je fais partie des gens qui pensent qu'il
y a un potentiel réellement important en France à
condition d'aborder des gens qui ont des idées de produits
et non pas des idées d'entreprises. On voit beaucoup
de gens qui ont développé un prototype, un bout
de produit et qui sont mal à l'aise pour le transformer
en une idée d'entreprise. C'est là qu'on les aide.
Le capital-risque est très récent en France. On
avait jusqu'à présent plutôt des fonds d'investisseurs
qui étaient positionnés en capital développement
dans des entreprises déjà existantes. Mais il
faut que le marché se structure, parce qu'il y a un peu
de tout et il faut que les porteurs de projet apprennent à
catégoriser les investisseurs.
Est-il
nécessaire pour un capital-risqueur d'aller régulièrement
aux Etats-Unis?
Non. Notre politique, c'est de tisser un lien
étroit avec un ou deux "ventures capitalists"
de la Silicon Valley. On fera des annonces très bientôt
à ce sujet. On pense que s'implanter là-bas pour
un fonds français, c'est une erreur. Il faut aider les
entreprises à démarrer en France, connaître
les premiers succès et ensuite le deuxième ou
troisième tour de table dans lequel on va investir, on
va le chercher aux Etats-Unis. Par contre, il faut rester au
courant de ce qui se passe là-bas. Je ne pense pas qu'ouvrir
un bureau dans la Silicon Valley apporte quelque chose.
Pour
une start-up française, aller aux Etats-Unis, c'est le
passage obligé?
C'est indispensable, mais dans un deuxième temps.
Vous ne pouvez pas arriver là-bas et poser vos valises.
On vous démasquera très rapidement. Il vaut mieux
arriver là-bas avec un projet qui a commencé à
faire ses preuves et qui compte déjà quelques
clients.
C'est Internet qui devient la locomotive
du capital-risque en France?
Ce
ne sont pas forcément des projets liés à
Internet. Internet est un facilitateur aussi pour les investisseurs
pour se tenir informé et pour comparer les projets entre
eux. Notre cible, ce n'est pas Internet uniquement, c'est le
logiciel. On reçoit en ce moment trois dossiers par jour
en moyenne sans avoir fait d'effort particulier pour cela. Sur
ces trois dossiers, on peut dire qu'il y en a 2,5 en moyenne
qui sont Internet et que sur ces 2,5, il y en a deux qui sont
sur des sujets extrêmement récurrents, comme les
sites communautaires professionnels. Il faut vraiment trier.
Combien
de dossiers retiennent votre attention par semaine?
Un seul en moyenne sur lequel on va fouiller. Mais il ne faut
pas que cela décourage les gens, car il y a beaucoup
de dossiers qui ne sont pas crédibles du premier coup
d'oeil. Le processus est très simple. Vous recevez un
dossier, en cinq minutes vous vous dites, 'j'ai envie d'approfondir
ou pas?'. C'est un métier où il y a une part d'intuitif
qui est indéniable. Il faut considérer un dossier
comme une courbe de Gauss, une partie à gauche négative
"ça ne vaut pas la peine", et la partie de
droite "j'ai envie de rencontrer ces gens-là".
Ce qui compte ensuite, c'est plus l'entretien que le business
plan
Investir
dans des start-ups d'Internet, cela peut-être vite rentable?
Le monde du logiciel nécessite des financements réguliers
qui sont là pour le développement d'un produit
et pour son maketing là où, dans Internet, vous
êtes obligé de mettre plus d'argent plus vite pour
prendre un risque plus important, car vous pariez sur la part
d'audience que vous allez faire. Il faut donc communiquer plus
vite. Internet, c'est une logique d'audience. Quand vous faites
du logiciel, il y a des premiers clients qui apportent leurs
remarques, vous recherchez des partenaires de distribution...
C'est très différent.
Le
climat en France est-il plus propice aux start-ups?
Je
pense que oui. La question, c'est qu'il reste un travail de
terrain à faire, un travail "d'évangélisation"
qui doit commencer à l'école maternelle, parce
que le problème, c'est la mentalité des jeunes.
Nous considérons que les gens qui doivent créer
des boîtes sont des gens jeunes, dont la moyenne d'âge
est de moins de 30 ans. Ce sont des jeunes qui doivent sortir
des grandes écoles ou de l'université avec un
état d'esprit plus dynamique. Il faut arrêter de
penser que créer une entreprise, c'est dangereux et difficile.
'Si j'échoue, je vais traîner un boulet toute ma
vie', telle est la mentalité française. On peut
dire qu'aujourd'hui, on a senti une réactivité
sur ces questions un peu plus importante du côté
des écoles d'ingénieurs. Les capitaux risqueurs
ont un réel devoir de pédagogie envers les jeunes,
à condition d'avoir été eux-mêmes
entrepreneurs. Il faut rester très pragmatique.
Les
stock-options ne sont pas assez développées?
Il ne faut pas se braquer là-dessus. Il y a d'autres
solutions pour intéresser les managers. Les choses sont
en train de s'améliorer. Ce serait une erreur de dire
que la création d'entreprises ne marche pas en France
à cause des stocks options.
Là où le problème existe, c'est quand vous
voulez faire entrer dans une start-up une personne expérimentée
qui ne fait pas partie des fondateurs. Il ne pourra pas bénéficier
d'un même niveau de salaire que dans une grande entreprise.
Là, le problème des stock-options est plus ennuyeux.
La
fiscalité est-elle le frein principal à la création
d'entreprises?
Non. C'est très facile de fonder une entreprise. Il y
aura toujours trop de fiscalité et trop de démarches
administratives à faire, mais ce ne sont pas des raisons
suffisantes
pour que lorsque vous avez une bonne idée, vous ne la
mettiez pas en oeuvre. Ce n'est qu'un problème de mentalité.
Il ne faut pas trouver de fausses raisons pour ne pas créer
son entreprise. Le problème des entrepreneurs en France,
c'est qu'ils se positionnent au sens francophone du mot entrepreneur,
c'est à dire "artisanal". Le travers français,
c'est 'on se lance, on essaye de tout d'apprendre, de tout comprendre
et de lire plein de livres'. Il faut raisonner différemment,
savoir faire appel à des professionnels, comme à
un avocat pour créer une entreprise et à un expert-comptable.
Créer une SARL prend deux jours. C'est pourquoi un fond
d'amorçage peut faire gagner du temps et apporter de
la valeur ajouté. A notre époque, soit on décide
d'aller vite, soit on ne fait rien.
Que
pensez-vous du capital-risque en France?
C 'est
un métier dans lequel il y a eu trop longtemps un paysage
figé dans lequel les acteurs se connaissent tous et n'ont
pas forcément envie de voir arriver d'autres confrères.
Au niveau des fonds importants, il y aura relativement peu d'évolution.
Là où les choses vont changer, c'est de l'autre
côté du paysage, vers les "business angels".
Les personnes qui ont réussi dans l'entreprise sont nombreux
en France et ils ne viennent pas tous de l'informatique. C'est
au travers de fonds comme le nôtre qu'on essaye de les
faire participer à cette mouvance. Le capital risque
dans deux ans, ce sont des gros fonds comme ceux d'aujourd'hui,
mais encore plus gros, et un nombre important d'investisseurs
privés.
Que
pensez vous du développement de fonds de capital-risque
de la part de grandes entreprises françaises?
Je
pense que cela peut-être une bonne chose. Dans les faits,
on ne les rencontre pas vraiment sur le terrain. Pour un entrepreneur
, il me semble très important d'évaluer le degré
d'indépendance d'un fond. Quant on est financé
par un grand groupe, on ne peut être complétement
indépendant par rapport à la strategie de celui-ci,
car ces fonds ont une valeur d'observatoire pour les groupes.
En pratique, cela peut même brider le développement
de l'entreprise. Les entrepreneurs doivent bien se poser la
question. Les "business angels" savent décider
vite. Nous, on se décide sur un dossier en trois semaines.
Cette rapidité d'exécution, on la trouve rarement
du côté des institutionnels et des grands groupes
Votre
site d'information préféré?
Je consulte tous les jours un site américain sur l'univers
des start-ups, Redherring.com.
C'est le site que je regarde le plus. Et Sytadin
pour les informations du périphérique parisien
(rires).
Qu'aimez-vous
sur le Net ?
C'est le contenu qui est le plus important, sans aucun doute.
Que
détestez-vous sur le Net?
Les
"java script error" et le rédactionnel bâclé.
Vous
achetez sur Internet?
Bien sûr, j'ai déjà acheté des livres
sur Amazon,
des jeux vidéos, des fleurs, de l'électroménager,
du logiciel, des tickets cinéma et même du café.
J'ai même réservé mes vacances sur le site
d'une petite agence immobilière du Vaucluse.
Régis
Saleur, 32 ans, Centralien, a démarré dans le
secteur des assurances. Pendant quatre ans , il a été
directeur du développement, puis directeur marketing
chez SOCS, une entreprise d'informatique. Après un passage
chez Coopers & Lybrand à Paris et la création
de son propre cabinet de conseil, Millenium Consulting, Regis
Saleur a participé à la création de Seeft
Ventures en 1998. Il en est le directeur général.
Seeft Ventures: