Comment devenir capital-risqueur après avoir occupé
pendant plus de trois ans le poste de webmaster de l'Elysée?
Xavier Schallebaum indique n'avoir pas "voulu rater le train
des nouvelles technologies" et vient de rejoindre le fonds
de capital-risque Apollo
Invest, composé d'une cinquantaine de "business
angels"... Un parcours surprenant.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 16 février 2000
.
JDNet:
Pourquoi
avoir quitté l'Elysée pour rejoindre un fonds de
capital-risque ?
Xavier Schallebaum :
Depuis mon poste de webmaster à l'Elysée que j'occupais
depuis août 96, j'avais un oeil sur le secteur des nouvelles
technologies. Je connaissais les deux fondateurs d'Apollo Invest,
Hervé Giaoui et Laurent Asscher. J'ai rejoint l'équipe
début février en qualité de directeur associé.
Je voyais les trains passer en direction des nouvelles technologies
pendant que je restais sur le quai. A un moment, on a forcément
envie d'y monter. Il y a de plus de plus de personnes qui quittent
l'Administration pour rejoindre le secteur privé et tenter
cette aventure.
Quel souvenir gardez-vous de votre passage à l'Elysée
?
C'est une première expérience professionnelle exceptionnelle.
Tout le monde n'a pas la chance de débuter sa carrière
à la Présidence de la République dont l'hôte
actuel est chaleureux et accessible.
Justement,
avez-vous eu des nouvelles de Jacques Chirac à l'occasion
de votre départ ?
Il
m'a envoyé une lettre d'encouragement pour la suite de
ma carrière.
D'après
vous, il sera réélu pour un deuxième mandat
à la Présidence de la République en 2002
?
Je suis persuadé qu'il sera réélu en 2002,
notamment grâce à la nouvelle version du site de
l'Elysée ! La sagesse de Jacques Chirac est de reconnaître
qu'il n'est pas un internaute forcené mais il est devenu
un professionnel des nouvelles technologies.
Estimez-vous
que les relations que vous entretenez avec le monde de la politique
vont vous servir dans vos nouvelles fonctions ?
Il
faudrait que le monde de la politique se mette davantage sur Internet.
Il y a encore beaucoup de progrès à faire en la
matière.
Qu'est-ce
qui vous attire dans le monde du
capital-risque ?
J'ai déjà investi à titre personnel dans
Net2One (système
d'alertes sur Internet développé par Jérémie
Berrebi) avec l'un des deux fondateurs d'Apollo Invest. J'ai aussi
des participations dans RadioNaze
et dans Akabi.
Je trouve que le capital-risque est un des plus beaux métiers
du monde lorsqu'il s'agit de financer des gens qui ont des idées
à développer sur des sujets magnifiques.
Le
salaire doit être également motivant...
Il est multiplié par trois. Sans compter
les stock options.
Pouvez-vous
nous présenter Apollo Invest ?
Nous nous considérons comme le premier opérateur
de start-ups. Nous avons un modèle Internet calqué
sur celui de CMGI
aux Etats-Unis (le propriétaire entre autres d'AltaVista,
ndlr). Apollo Invest est un regroupement d'une cinquantaine
de "business angels" en France, qui sont expérimentés
et qui sont en activité. Nous sommes très attractifs
pour les start-ups car nous pouvons apporter notre expertise tant
en terme d'expertises que de conseils. Nous disposons d'un fonds
de 100 millions de francs. Nous finançons des dossiers
en compagnie d'autres grands acteurs du capital-risque: Galiléo,
Innovacom, etc. En moyenne, dans 40% des cas, nous nous retrouvons
chef de file.
Pouvez-vous
nous donner des exemples de projets qu'Apollo Invest a soutenus
?
Net2One,
DoubleTrade (anciennement appels-offre.com), Freever, AbCool,
AuFéminin... Plus récemment, nous avons participé
au premier tour de table de RealGarden.com et au deuxième
de Kazibao.net qui vient de lever 28 millions de francs.
Avez-vous
des domaines de prédilection ?
Nous
n'attachons pas d'importance au secteur abordé si le projet
est à priori bon. Nous nous atttachons d'abord à
la qualité des entrepreneurs.
Quels
sont vos modes de décision ?
Nous ne prenons jamais seul des décisions.
Les directeurs associés se partagent les dossiers qu'ils
étudient chacun de leur côté. Après
analyse, le business plan passe par l'extranet réservé
aux membres d'Apollo Invest. Les décisions d'investissement
sont prises par le vote des quinze administrateurs d'Apollo Invest.
Parmi les "business angels", on retrouve une équipe
de qualité venue de différents horizons: Laurent
Sorbier (Spray), Jean-Michel Billaut (l'Atelier), Patrice Magnard
(Alapage), Thierry Lhermitte, Patrick Robin (ImagiNet), Gilles
Pelisson (PDG d'Eurodisney), etc. Ces personnalités remontent
également des dossiers qui leur semblent bons. Nous avons
un bon "networking" chez Apollo.
Quel
concept vous attire le plus dans les projets Internet actuellement
?
J'aime
beaucoup les gens qui inventent de nouvelles technologies. Actuellement,
nous avons deux projets dans ce sens et dans laquelle nous nous
apprêtons à investir. Le
"B to B" est également très intéressant
à condition que les personnes qui s'engagent connaissent
bien leur secteur.
Vous
n'avez pas l'impression que beaucoup de projets Internet se ressemblent
? Prenons par exemple l'achat groupé sur Internet, où
il y a une dizaine de sites dans ce sens...
Oui, mais les dossiers sont revus et corrigés au fur et
à mesure de leurs études. Chez Apollo, la qualité
des dossiers que l'on reçoit est probablement supérieure
à la moyenne car ils ont déjà été
distingués par l'un de nos actionnaires. Il faut dire aujourd'hui
que dans les écoles de commerce, on apprend à établir
un business plan. Avant, les créateurs de start-ups n'avaient
pas d'expérience en la matière.
Que pensez-vous de l'attrait des valeurs "high tech"
que l'on observe à la Bourse de Paris ?
Cet emballement ne m'étonne pas compte
tenu de la potentialité du marché. Admettons que
5% de la population mondiale soit connectée à Internet,
il en reste 95% à conquérir. C'est gigantesque.
On a inventé un nouveau marché. Par exemple, Calisto,
éditeur de jeux vidéo, coté au Nouveau Marché,
connaît une croissance exponentielle avec le développement
des jeux en ligne. La société vaut sur le marché
4 milliards de francs. C'est du bon sens: la Bourse se calque
sur le marché, c'est à dire qu'il s'emballe.
Quels
projets qui sont passés par Apollo Invest auraient vocation
à entrer prochainement en Bourse?
Kazibao
et Auféminin
sont des bons candidats mais pourquoi pas Apollo Invest également
? Après tout, Europ@Web a également des prétentions
en la matière.
Quels
sont vos sites d'informations favoris ?
Red
Herring et Boursorama.
Qu'achetez-vous
sur Internet ?
Des fleurs pour la Saint-Valentin. J'ai acheté
cinq ou six noms de domaine. La plupart sont rattachés
à mon nom mais pas forcément. Par exemple, j'ai
acquis citizenworld.com. Un beau nom de domaine que j'aimerais
bien exploiter. Je vais peut-être proposer un projet dans
ce sens à Jacques Attali, dont j'approuve totalement la
conception de "septième continent".
Qu'aimez-vous
sur Internet
La liberté. Aujourd'hui, toutes les minorités peuvent
faire entendre leur voix. Prenons l'affaire de l'Erika, la présence
de Greenpeace est égale à celle du groupe Total
sur le Net. C'est à l'internaute de faire sa propre opinion.
Que
détestez-vous sur Internet ?
Le spam.
Xavier Schallebaum, 26 ans, diplômé de l'Ecole
Supérieure de Jounalisme de Paris, est entré à
l'Elysée en qualité de webmaster en août 96.
Il a rejoint Apollo Invest en février 2000.
Présentation d'Apollo Invest :
Fondateurs
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Hervé Giaoui, président d'Apollo Invest,
président de Cafom, a co-fondé la société
Universal Netcom devenue LibertySurf
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Laurent Asscher, directeur général d'Apollo
Invest, directeur général du groupe Tekelec
jusqu'à fin 99
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Capacité
d'investissements
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100
millions de francs.
15 à 20 prises de participations par an.
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Les
participations
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DoubleTrade,
StartupAvenue, Poseidon, Collego, Instranet, Vision IQ,
EyeWeb, Cybersearch, Freever, AbCool, AuFeminin, RealGarden,
Net2One, Kazibao, Selectaux
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