Club-Internet
ouvre "une troisième voie" en devenant opérateur
télécom et Internet face aux pôles Wanadoo/France
Télécom et AOL/Cegetel. Le fournisseur d'accès
Internet a adopté le marketing de la téléphonie
mobile (cf article JDNet
du 8 septembre) : modulation des tarifs de communication,
proposition d'un forfait 97 francs/20 heures de connexion, facturation
unique. L'offre a également été segmentée
en fonction de la cible (entreprises, particuliers).
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 07
septembre 1999 .
JDNet : Quels
sont les nouveaux axes de développement de Club-Internet
?
Fabrice Sergent : Il s'agit d'une alliance industrielle
dans les télécommunications et d'un investissement
dans les portails, les services et le développement de
produits. Dans le premier cas, Club-Internet a réuni autour
de lui MCI Worldcom pour le marketing entreprise, Kertel (l'opérateur
de télécommunications du groupe Pinault-Printemps-Redoute,
NDLR) pour le grand public et le fournisseur d'équipement
Matra-Nortel. Nous voulons créer une "troisième
voie" en matière d'accès d'Internet face à
Wanadoo/France Télécom et AOL/Cegetel. Au plan technique,
c'est un réseau dédié pour Club-Internet.
Au niveau marketing, nous lançons une facturation unique
qui comprend la téléphonie et l'accès Internet.
Nous avons adopté le marketing de la téléphonie
mobile qui consiste à proposer aux consommateurs soit des
offres sans abonnement mais compétitive soit des offres
forfaitisées. Dans les deux cas, elles incluent l'offre
téléphone et Internet.
Parmi les différentes offres,
que devient l'offre mensuel d'abonnement à 77 francs ?
Elle existe toujours. Les clients qui ont actuellement adopté
cette formule peuvent la conserver. En fait, nous avons ouvert
parallèlement deux nouvelles offres. Il est dorénavant
possible d'accéder à Club-Internet à 22 centimes
la minute soit via le forfait 97 francs/20 heures de connexion.
Depuis
quand travaillez-vous sur ce projet ?
Ca fait dix mois que l'on a présenté à l'ART
ce modèle qui consiste à abolir une situation complètement
aberrante et à nous rendre maître de notre marketing.
L'aberration consiste à demander au consommateur à
la fois de payer à la durée à France Télécom
et de s'abonner à un fournisseur d'accès. C'est
un internet extrêmement cher. On s'est rendu compte que
nos abonnés voulaient une facture unique, des forfaits
et des formules sans abonnement. On a clairement indiqué
à l'ART que la seule solution, c'était de nous laisser
vendre du téléphone local et de nous laisser vendre
l'Internet avec le téléphone. On a obtenu gain de
cause au mois de juin. Nous avons commencé les tests aussitôt
après. Maintenant, nous généralisons cette
offre.
Quel
bilan tirez-vous de votre propre expérimentation du forfait
100 francs/20 heures de cet été ?
Elle s'est bien passée. Les clients étaient satisfaits
à 96% et souhaitaient prolonger cette expérience
même à ce prix. Nous avons eu plus de 5.000 testeurs.
Techniquement, nous n'avons rencontré aucun problème.
Les abonnés ont plébiscité le forfait, le
fait de ne plus avoir une double facture et en particulier. Qui
plus est une facture qu'ils ne maîtrisent pas.
Comment
abordez-vous le marché des entreprises ?
A vrai dire, le fait d'attaquer ce marché
n'est pas nouveau puisque 40% de nos abonnés sont des entreprises.
Le rapprochement avec MCI Worldcom va nous permettre de leur proposer
beaucoup plus de services, et notamment une offre télécom
qui leur sera adaptée. Ca nous manquait beaucoup. A terme,
les entreprises nous auraient quitté si on ne prenait pas
une initiative en la matière. Nous dévoilerons les
grandes lignes du projet probablement mi-octobre.
Vous
copiez Freesbee ?
Pas vraiment. Nous avons effectivement la même formule de
tarification unique (accès Internet et téléphonie)
mais au niveau technique, c'est complètement différent.
Freesbee s'appuie sur le modèle du call-back. Je ne pense
pas qu'il soit simple de faire du call-back pour de centaines
de milliers d'abonnés comme c'est le cas chez Club-Internet.
J'ai vu que Freesbee avait sorti un forfait à 90 francs/20
heures de connexion mais il faut prendre en compte les heures
pleines et creuses de France Télécom, ce qui n'est
pas le cas pour notre forfait "Transparence".
Allez-vous
développer votre tarification comme Freesbee qui propose
des réductions de 20% par rapport aux communications locales
facturée par France Télécom, voire moins
40% ?
Absolument: il est clair que nous allons développer cet
aspect. Nous en sommes à notre première offre. Ce
ne sera pas la dernière.
Quelle
offre remportera l'adhésion des abonnés de Club-Internet,
selon vous, et dans quelle proportion?
Je pense que le forfait va être très largement majoritaire.
Tous nos sondages montrent que ce serait une répartition
80/20 avec 80% pour le forfait et 20% pour les autres offres.
Dans le monde de la téléphonie mobile, ça
bouge tous les jours. Il faut tout de même souligner que
c'est le forfait qui a fait exploser l'Internet dans le monde.
Aux Etats-Unis, c'est 21,95 dollars par mois. Point. Nous, avec
97 francs/20 heures, on est encore loin de ce tarif. Mais, bon,
on s'en rapproche.
Et
pour les nouveaux abonnés, vous
pensez que c'est attractif ?
Nous avons mis en place une stratégie de conquête
très agressive doublée d'une stratégie de
fidélisation.
Et
par rapport à vos concurrent ?
Nous sommes le troisième FAI français avec 275.000
abonnés, derrière Wanadoo et AOL. Nous sommes le
troisième portail derrière Wanadoo et Yahoo. En
terme d'ambition, nous sommes maintenant dans une configuration
industrielle qui permet de présenter une véritable
alternative. Notre objectif est de maintenir
une croissance des abonnés tout en conservant des coûts
d'acquisition très bas. Chez Club-Internet, nous sommes
obsédés par l'équilibre économique.
Nous avons atteint il y a un an le "petit équilibre",
c'est à dire que nous couvrons nos coûts d'exploitation
avec notre chiffre d'affaires. Nous voulons tenir cette ligne
et pas gagner absolument des parts de marché à n'importe
quel prix, ce qu'ont tendance à faire certains de nos concurrents...
que je ne nommerai pas.
Vous
allez lancer une campagne de communication pour vos nouvelles
offres. Quel est le budget global et la part réservée
à la publicité en ligne?
On va déployer un film TV, une campagne presse et radio
et une campagne de publicité en ligne. Je ne peux pas vous
communiquer le montant global, mais la part réservée
à Internet se situe entre 10 et 20%. La promotion en ligne
commence cette semaine.
Quid
du nouveau contenu de Club-Internet?
Nous allons présenter notre stratégie contenu dans
une dizaine de jours. En ce qui concerne
Club-Internet, on sort un nouveau portail complet avec un moteur
de recherche et des chaînes (météo, finance...).
Il y a derrière un énorme travail éditorial.
On va également annoncer le lancement d'un portail "Sorties"
et "Education". On sort également une nouvelle
messagerie électronique le 15 septembre. En tant qu'abonné
de Club-Internet, vous allez pouvoir consulter vos messages sur
le Web mais aussi par l'écouter par téléphone,
le lire sur minitel ou sur fax ou le recevoir sur GSM.
Et
votre projet ADSL?
Nous lancerons une offre au mois de novembre.
Quel
est votre site d'information favori ?
EuropeInfos (qui appartient à Grolier Interactive, NDLR)
mais on va me dire que je ne suis pas objectif. En tout cas, je
suis en train de tester la nouvelle version. Disons, le site du
Wall Street Journal.
Quel
est votre site favori en général ?
je suis assez hétéroclyte. J'aime beaucoup les sites
sur la peinture contemporaine et surréaliste. J'aime bien
le site officiel du film Matrix.
Achetez-vous
souvent des produits sur le Net ?
J'achète des DVD sur dvdexpress.com,
des livres sur le Club-Livre
(librairie en ligne de Club-Internet).
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
La musique en ligne.
Qu'y
détestez-vous ?
Les sites intolérants, racistes et xénophobes
Fabrice Sergent, 28 ans, est directeur général
des activités multimédia du groupe Lagardère
depuis 1998. En 1995, il occupait les fonctions de directeur général
de Grolier Interactive. Il est diplômé de l'Institut
national des télécommunications et d'un master de
finances aux Etats-Unis (Michigan).