Image Force
veut passer directement du statut d'agence de pub indépendante
et polyvalente à celui de "web group". Son président
fait valoir une longue expérience du multimédia,
des compétences multiples du conseil au contenu en passant
par le design. Cap sur la net-economy!
Propos recueillis par Christophe Delaporte le 03
février 2000 .
JDNet
: Image Force
s'appelle maintenant imageforce.com. C'est pour l'entrée
en Bourse?
Jean-Vrançois Variot: Peut-être à terme...
Dans deux ans je dirais. Mais pas tout de suite. Nous avons surtout
voulu montrer que nous nous orientons résolument et stratégiquement
vers la nouvelle économie.
Quelle est la part des activités
internet dans le chiffre d'affaires de Image Force?
C'est difficile à dire parce que ça s'est fait
très progressivement. Lors de la naissance de Image Force,
en 1992, nous travaillions naturellement pour nos clients sur
des supports traditionnels. Le multimédia s'est installé
progressivement, via des CD-Roms ou des applications sur LapTop.
Aujourd'hui pour un client comme Legrand, on fait plus de 50%
de notre apport sur internet ou intranet. Chez nous, nous appelons
cette convergence qu'on a constaté vers les médias
électroniques depuis 1994-1995 la "médiactivité".
Que proposez-vous exactement à
vos clients?
Du consulting avec de l'élaboration de business-models
ou des réflexions sur l'articulation entre les nouveaux
business de l'Internet et les activités traditionnelles
des entreprises.
De la définition et de l'organisation de projets en décomposant
les différents "lots", en articulant les différentes
interventions.
De la gestion de projet dont nous pouvons réaliser tout
ou partie des "lots" prédéfinis: mise
en place de la plate-forme, design, formation, définition
des procédures. Et naturellement de la production de contenu
avec notre division Séquoia... Au bout du compte, on propose
de mener des stratégies internet de A à Z, avec
la capacité -c'est vital pour nos clients- de faire respecter
les délais impartis.
Quelles types de demandes les entreprises
formulent-elles ?
C'est venu très progressivement. Longtemps
les directions générales n'ont pas bien su par quel
bout prendre l'Internet. Elles savaient qu'il fallait y aller
mais pas vraiment ni pourquoi, ni comment. Pour répondre,
il y avait au choix les grands du conseil qui pouvaient les éclairer
sur le "pourquoi" mais dont les services étaient
bien onéreux pour un business sans véitable visibilité
et dont les propositions concrètes n'étaient pas
toujours au rendez-vous. Sur le "comment", il y avait
les prestataires internet mais dont les propositions sont très
court terme. Il n'y avait personne sur le "quoi". Imageforce.com,
c'est le "quoi".
On
ne voit pas beaucoup de start-ups dans vos références?
On a Procar
déjà qui est en plein développement. Et on
travaille sur trois gros projets, très bien "adossés",
dont j'aimerais pouvoir vous dire les noms.
Comment
vous voyez l'évolution de l'activité d'Imageforce.com
dans, disons, un an?
Sur le consulting et les activités de Image Force System,
le CRM, les progiciels, les bases de données, on peut faire
+ 200%. Sur les autres aspects de notre activité, l'identité,
le contenu, +60 à +70% je pense. Ca va être dramatiquement
rapide et ce sera le plus dur à gérer. On va passer
de 60 à 100 personnes, au moins.
Comment
allez-vous faire recruter? Vous avez un truc?
Je vais vous dire qu'on est une boîte for-mi-dable
(rires). Non, sérieusement, pour nous comme pour
d'autres, c'est le vrai problème. Je pense que les gens
de notre équipe apprécient notre polyvalence et
notre coté pluridisciplinaire. C'est très enrichissant,
on fait beaucoup de cross-formation. Les gens progressent chez
nous.
Des
stock-options?
On a déjà associé les postes-clés
au capital via un système de bons de souscription, mais
des stock-options, oui sans doute...
Qu'est
qui a changé chez vos clients depuis six mois?
Ils commencent à s'organiser différemment
en interne. Le webmaster dépendant de la direction informatique
mais déplacé à la communication et au marketing,
ou celui dépendant de la comm' mais avec un lien fonctionnel
avec la DSI, on a bien vu que ça ne marche pas, c'est pas
très bon... Maintenant on voit des "e-stratèges"
en interne, responsables de business internet, qui tentent de
centraliser et d'horizontaliser les projets internet. C'est pas
mal mais c'est transitoire. A un moment, les stratèges
veulent aussi prendre le pouvoir.
Ce qui est plus nouveau et qui nous intéresse beaucoup,
ce sont les "start-up internes": il y a un team de départ
et ils ont leur business-plan, leur échéancier et
ce sont eux qui emploient les ressources de l'entreprise. Ceux-là,
on les aide à discuter, on les suit de près.
Ca
concerne quelles entreprises?
Typiquement les filiales de boîtes américaines. Mais
dans tous les grands groupes, on va développer ce nouveau
canal de business: les grandes banques, les compagnies d'assurance,
la distribution... Les stratégies internet sont doubles:
trouver de nouvelles formes de business avec des nouveaux projets
mais aussi fertiliser le business traditionnel avec les possibilités
du nouveau média. Ca ne s'oppose pas, vous savez...
Vos budgets internet se situent dans quelle fourchette?
On commence à avoir des missions avec 2-3
millions de francs d'honoraires alors qu'auparavant on empilait
des budget ente 100.000 francs et un million. C'est une industrie
naissante, on ne travaille pas avec des budgets établis
et récurrents comme dans la pub traditionnelle, par exemple.
Le
client dont vous rêvez?
AltaVista France! C'est nous qui avions fait et
qui opérions la première version française
du moteur. Au-delà, c'est un métier tellement passionnant,
il y a tellement de choses à faire et pour tout le monde
que c'est dur de se prononcer. Suez-Lyonnaise?
On
peut se développer sans appartenir à un réseau
international?
Ca peut être un problème dans certains cas, c'est
vrai. Mais on en est qu'au début. Ce que j'espère
c'est que notre croissance et notre niveau d'attractivité
nous permettra d'être du bon coté du manche pour
construire le réseau européen dont on rêve.
Le problème c'est qu'on se heurte sur le marché
à des SSII survalorisées et sur-puissantes financièrement.
Vous
aurez le temps d'attendre la Bourse dans deux ans?
Dans le secteur grand public, d'accord tout va
aller très vite. Sur ces secteurs, il faut des références
mémorielles, créer des marques, ça peut se
faire très vite et les places seront difficiles à
prendre après. Dans le secteur des services où nous
sommes il peut y avoir 15, 20 marques crédibles, ne serait-ce
qu'en raison de la dispersion des centres de décision.
Nous, nous cherchons à bien réussir notre établissement,
nous concentrer sur des projets majeurs, sur des zones de prestation
mal servies par le marché comme la fourniture de contenu.
On en reparlera dans 5 ou 10 ans...
Le
contenu, c'est très concurrentiel... Ca semble être
la dernière roue du carosse sur les projets internet?
Les entreprises n'ont pas encore mesuré les enjeux. C'est
le contenu qui va fidéliser les internautes, c'est le contenu
qui fera la différence. Et produire du contenu ça
ne s'improvise pas, vous êtes bien placés pour le
savoir. Nous, on a Séquoia. C'est un plus Imageforce, ça.
Avec
quels moyens allez-vous vous développer?
Nous sommes en train de négocier avec des
fonds de capital-risque.
Les
grandes agences de pub multiplient les initiatives sur la prestation
internet, ça vous inquiète?
Un
client est allé à une de ces réunions où
on présentait chacun des métiers et des responsables
d'une des agences auxquelles vous faites allusion. Il m'a dit:
'J'ai l'impression que c'est la première fois que ces types-là
se serrent la louche!'. Moi, j'anime un bouquet de compétences
et depuis longtemps. C'est très différent.
Votre
première rencontre personnelle avec l'Internet?
C'était en 1994. Vincent Tixier, le directeur
scientifique de GSI m'a fait visiter sur son PC une villa en Floride.
Depuis je n'ai plus pensé qu'à ça...
Ce
que vous aimez dans l'Internet?
L'anti-culture verticale. Tous les raccourcis que
ça permet, dans les newsgroups par exemple. J'aime beaucoup
les newsgroups.
Ce
que vous n'aimez pas dans l'Internet?
Comme tout le monde les emmerdes techno. Ce que
je n'aime pas c'est l'OS.
Vous
achetez en ligne?
Des livres, des logiciels... Pas tant que ça en fait. J'ai
essayé d'acheter un frigo mais la boutique était
trop "Darty-like". Les marchands du Web ne sont pas
assez originaux. Et ils ne réfléchissent pas assez
à l'acte commercial. On peut les aider à le faire
s'ils le souhaitent.
Jean-François Variot est Ingénieur des Arts et Métiers
et possède un MBA de l'ISA (groupe HEC). Après Ted Bates
et TBWA, il fonde en 1984 l'agence Equateur qu'il préside de 1984
à 1989. Après un passage à la direction générale de la maison
de couture Lanvin, il retourne à la publicité pour fonder Image
Force en 1992. .
Imageforce.com en chiffres :