L'Internet italien débarque en France sous un angle assez
surprenant: la société Vitaminic lance en fin de
semaine la version française de son site marchand consacré
aux téléchargement d'extraits musicaux au format
MP3. Outre le site mère, Vitaminic dispose déjà
de filiales en Grande-Bretagne, Allemagne et Espagne. Pour son
développement, Vitaminic s'est appuyé sur Kiwi I,
une société européenne de capital-création
financée par GE Capital, Microsoft et Reuters.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 26
octobre 1999 .
JDNet : D'où vient le concept
de Vitaminic
?
Isabelle Veil : Vitaminic est un site de téléchargement
d'extraits musicaux en ligne. Il a été créé
en joint-venture par trois passionnés de l'Internet: Franco
Gonella, Adriano Marconetto et Gianluca Dettori, le PDG de la
société. Ce dernier est un ancien consultant marketing
de Italia Online (rattaché au deuxième opérateur
de télécom en Italie, Omnitel, NDLR). Il a également
occupé le poste de directeur général pour
Lycos Italie et Grèce. En mai dernier, Vitaminic
Italie a ouvert ses portes. En septembre dernier sont arrivés
Vitaminic
Grande-Bretagne et Allemagne.
Nous venons d'ouvrir le site espagnol la semaine dernière.
Maintenant, c'est au tour de la France.
Nous poursuivrons en novembre avec les Pays- Bas.
Comment
va se passer votre arrivée en France?
Nous allons ouvrir le site français en fin de semaine.
Je suis chargé avec un autre collaborateur de travailler
sur le marketing local. Notre serveur se situe aux
Etats-Unis. Le design a été conçu en Italie,
nous le reproduisons pour chaque site.
De
combien de titres disposez-vous ?
Nous avons une base de données commune à tous les
sites Vitaminic, dans laquelle nous disposons de milliers d'extraits
musicaux. Elle regroupe 150 genres différents de musique.
Pour le lancement en France, nous avons quelques artistes français:
Travis Burki, Crisp Py (DJ) ou Didier Le Duc (World music rock).
Nous visons clairement le grand public avec notre éventail
qui va du classique au rock.
Quels
autres services allez-vous mettre en valeur sur le site?
Nous
allons proposer une page web pour chaque artiste comprenant une
biographie, une photo et d'autres éléments pour
enrichir le contenu. D'autre part, nous allons mettre un système
de mailing list pour chaque artistes, qui présenteront
leurs nouveautés aux membres de Vitaminic.fr.
Quels
sont vos principaux axes de développement?
Nous voulons devenir le site leader en Europe en matière
de téléchargement d'extraits musicaux. Nous allons
augmenter le nombre de références sur notre catalogue,
augmenter les revenus que nous allons tirer de l'Internet et développer
le e-commerce.
Comment-vous
rémunérez-vous actuellement ?
Nous
fixons un minimum technique de 3 francs par téléchargement.
Chaque artiste présent sur le site doit avoir un titre
promo, mis gratuitement à la disposition des internautes.
Ensuite, il peut mettre les autres titres à télécharger
en vente. C'est l'artiste qui fixe le prix des titres. Nous gardons
50% pour nous et le reste est pour l'artiste. Nous voulons également
générer des revenus avec de la publicité.
Vous
vous adressez à quels types d'artistes en priorité?
Aux jeunes artistes et aux labels indépendants.
Quels
sont les premiers résultats de Vitaminic?
Nous enregistrons 150.000 "download" et 150.000 streaming
par mois
au niveau européen.
Quelles
sont vos relations avec les majors (Universal, EMI,Sony, BMG,
Virgin) ?
Nous sommes en négociation avec eux mais aucun accord n'est
encore signé. Nous voudrions faire comprendre aux majors
que nous ne sommes pas leurs concurrents mais ils ont du mal à
appréhender l'Internet. Nous avons entamé des discussions
en Italie mais aussi dans les pays où nous sommes implantés.
Le
"syndrôme Chuck D" du groupe Public Enemy, qui
a délaissé sa maison de disque pour proposer sa
production musicale en direct sur Internet, les font peut-être
réfléchir ?
C'est vrai. D'ailleurs, nous proposons un lien vers le site de
Chuck D à partir de Vitaminic.
NRJ
vient de racheter MusicToYou, spécialisé dans le
téléchargement d'extraits musicaux. Ca vous inquiète?
Non. Pour l'instant, il n'y a pas pas de service comparable au
nôtre en Europe. Nous disposons d'un réseau sur lequel
nous comptons créer des liens entre les différentes
parties.
Votre
annonce arrive juste avant celle du nouveau site de la Fnac, qui
dispose déjà d'une partie téléchargement.
Vous aviez peur d'un effet d'ombre?
Pas du tout. Je pense que la Fnac ne va pas proposer le même
type de produits sur Internet.
Le
format MP3 fait l'objet d'une vive polémique auprès
des professionnels. Chacun veut développer son propre standard?
Le MP3 un standard de fait, utilisé par des millions d'internautes.
Vitaminic propose un système sécurisé de
MP3 avec des fichiers légaux. Des appareils se développent
pour écouter la musique sous ce format comme le Diamond
de Rio.
L'avenir
de la musique en ligne, c'est le MP3?
Ce n'est
pas seulement le MP3. Il est vrai qu'il faut s'attendre à
une évolution mais chez Vitaminic, nous serons prêts
à changer de technologies si nécessaire. Nous ne
sommes pas une société "technology oriented"
mais plutôt "consumer oriented". Nous choisirons
ce que les internautes estiment le plus juste.
Isabelle
Veil, diplômée BBA (Bachelor in Business Administration)
spécialisée en marketing et finance à l'Ifam
à Paris, a travaillé quatre ans au sein de multinationales,
chez L'Oréal en Italie dans le marketing et en tant qu'analyste
financier au sein de la banque d'affaires Lazard Frères
à Milan et à New York.
Vitaminic
en chiffres
Date
de création
|
mai
99
|
Nombre
d'artistes en catalogue
|
1.000
|
Nombre
de téléchargement
|
150.000
par mois (plus 150.000 streaming)
|