Coordonner
les différentes initiatives autour de l'Internet au sein
de Bertelmann Music Group (BMG).
Telle est la mission assignée à Christophe Waignier,
qui prend le tout nouveau poste de vice-président Europe
New Médias au sein de la division musique du groupe allemand
de communication. BMG travaille sur de multiples projets liés
à la musique en ligne : ClickToMusic, GetMusic et en France
le site Ecoutez-vous.fr. Etat des lieux avant la mise en chantier.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 27 mars 2000
.
JDNet.
Quelles missions vous a-t-on confiées avec ce nouveau poste
au sein de BMG ?
Christophe Waignier : Dans la partie "B to C"
liée aux portails musicaux, nous voulons développer
des
plate-formes au niveau européen, du type de ceux que nous
avons en France, Ecoutez-vous.fr,
mais sous la bannière ClickToMusic. Nous voulons avoir
un nom de marque commun pour pouvoir développer les possibilités
de "crossmarketing" entre le "off" et le "online".
Sur l'ensemble des CD vendus, on voudrait mettre en avant le même
nom de domaine. Le deuxième point est de proposer des services
en ligne à nos artistes pour le développement de
leurs sites et en terme de suivi de leur actualité. Les
portails musicaux contiendront les sites liés à
nos artistes. BMG dispose de grands artistes comme Withney Houston,
Prince, Patrick Bruel, Laurent Voulzy, Césaria Evora, etc.
Tous ont vocation à exister sur Internet. Pour le "B
to B", les initiatives vont entrer dans le domaine des relations
avec les clients et les médias traditionnels.
La
notion de "new media" regroupe quoi ?
Clairement toutes les activités en ligne, mais aussi des
activités dérivées. Par exemple, nous avons
en Italie une start-up du nom de TJNet, montée par Paolo
Roata en collaboration avec BMG. Elle développe un nouveau
concept de distribution de musique via les portables. C'est un
mix entre du webcast radio et de la musique à la demande.
Il est en cours d'expérimentation en Italie mais a naturellement
vocation à s'internationaliser. On va croître en
terme de développement Internet, que ce soit via de la
croissance interne ou externe. On peut très bien envisager
le rachat de certaines sociétes. Le rôle de BMG est
de produire de la musique et de mettre tous les moyens nécessaires
pour qu'elle soit diffusée.
Vous
partez rejoindre le siège de BMG à New York?
Je vais rejoindre un bureau à Londres, que j'occuperai
trois jours dans la semaine. Le reste du temps, je serais sur
Paris. Je garde naturellement des liens privilégiées
avec les activités en ligne de la France. Pour la partie
Internet en France, c'est Luc Roger, le directeur marketing de
BMG France qui prend le relais.
Comment
jugez-vous la présence de l'Internet au sein de BMG ?
Il existe beaucoup de projets mais ça manque de coordination.
Il faut que cette créativité s'inscrive dans une
logique de groupe. Nous cherchons en premier lieu à avoir
une présence homogène et la plus forte possible
dans l'ensemble des territoires. Prenons par exemple le cas des
plate-formes "B to B" : les Allemands sont très
en avance. Elles n'existent pas au Pays-Bas et en Espagne.
Que
devient le projet GetMusic, un joint-venture à 50/50 entre
BMG et Universal dédiée à la musique en ligne
?
L'annonce à propos de GetMusic
a été réalisée il y a quinze jours.
Il y a clairement des objectifs d'internationalisation du concept
au Royaume-Uni, en Allemagne et en France dans le courant 2000.
C'est tout ce que je sais pour le moment.
Comment
abordez-vous le thème de la musique en ligne ?
L'exemple concret, ce sont les portails que nous développons
avec la volonté de créer des communautés
liées à la musique. Nous sommes sûrs qu'il
y a encore de la place pour créer de nouvelles marques
du style GetMusic ou ClickToMusic. Pour le téléchargement,
je suis encore extrêmement sceptique. Je ne suis pas sûr
que les gens aient envie de mettre des fichiers musique sur leurs
disques durs sans parler des problèmes que cela pose lorsque
l'on veut passer d'un format à un autre. Je ne suis pas
sûr que le téléchargement payant soit le plus
adapté à une consommation moderne de la musique.
En revanche, il est avéré que le téléchargement
gratuit peut être un excellent outil promotionnel.
Vous
êtes satisfait des résultats du site "écoutez-vous.fr"
?
Plutôt. Nous avons enregistré 120.000 visiteurs pour
le mois de mars. Nous sommes à la moitié de l'audience
du site de NRJ. Le portail a été lancé en
octobre 99 avec peu de moyens. Le fait de penser que six mois
plus tard, on a réalisé ce chemin, c'est réconfortant.
Le principal intérêt du site est de faire écouter
de la musique en Real Audio ou via des fichiers en .wav. Le portail
est un véritable champ d'expérimentation. Par exemple,
nous avons monté un concours avec Jay-Jay Johanson. Les
internautes peuvent créer une version originale d'un titre
de l'artiste à partir de six samples téléchargeables sur
le site. L'opération est relayée par cinq partenaires
: Canal Plus, Spray, Libération, Oui FM et Technikart.
Quelle
promotion avez-vous accordée au portail ?
Tous nos spots publicitaires et nos CD indiquent l'URL. Ce qui
me gêne maintenant dans le domaine de l'Internet, c'est
qu'on parle beaucoup d'argent et pas assez de créativité.
Je pense qu'avec de tous petits budgets, on arrive à monter
une marque sur Internet. Pour le lancement du portail, on a investi
600.000 francs. Vu l'audience du site, c'est pas mal joué.
Nous n'avons pas lancé de campagne de promotion en ligne
mais nous sommes fournisseurs de contenu sur Lycos. Les pages
musicales sont co-brandées par Ecoutez-vous. Le "webring"
de Patrick Bruel a été réalisé avec
TF1, Wanadoo, Voila et RTL.
Vous
commencez à tirer des recettes publicitaires sur le site
?
Oui. On a passé un contrat avec la régie Hi-Média.
Mais soyons clair : ce type de plate-forme ne rapporte pas d'argent
pour l'instant.
Vous
êtes confrontés au problème des droits d'auteurs
sur Internet ?
Ecoutez-vous.fr n'a pas vocation à faire de la vente en
ligne. C'est d'abord de la promotion. A ce titre, nous proposons
des morceaux en entier. Ce n'est pas un problème de copyright.
Nous sommes membres du SNEP. Nous participons dans ce cadre aux
négociations autour du copyright sur Internet. C'est un
peu long.
Vous
indiquiez être sceptique sur le téléchargement
payant...
Oui, nous ne cautionnons pas le format MP3. Dans son état
actuel, c'est un format pirate. Le MP3 ne protège pas l'oeuvre
de nos artistes.
Pourtant,
de plus en plus de projets Internet repose sur un format MP3 sécurisé
...
Nous bannissons le MP3 non sécurisé, qui spolie
les droits de nos artistes. A partir du moment où l'aspect
sécurité est pris en compte, je n'y vois pas d'inconvénient.
BMG
n'est pas intéressé par le développement
d'un système de sécurisation des oeuvres musicales
sur Internet ?
Si, nous faisons partie de la conférence SDMI (NLDR,
Secure Digital Music Initiative, forum consacré aux problèmes
de téléchargement et de sécurité lié au MP3). Ce sont des
discussions mondiales. Les éventuels partenariats que nous
signerons seront issus des recommandations prises dans le cadre
de cette conférence. Ca nous permet de rencontrer des acteurs
comme Liquid Audio ou Microsoft.
Quels
sites d'informations aimez-vous consulter ?
Je vais souvent sur le site de TF1
sur la partie "news".
Quels
sites consultez-vous pour vos loisirs ?
J'aime beaucoup le ski nautique mais je n'ai pas trouvé
de sites à ce sujet. J'aime beaucoup ce que fait Chaman
en matière de web design.
Qu'achetez-vous sur Internet ?
Je viens d'acheter le DVD du film Matrix sur Digitall.fr.
J'achète régulièrement des produits sur Internet.
Je n'ai jamais été déçu.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
Les mails, les moteurs de recherche. Il y a une telle proximité
avec l'informations sur Internet. C'est formidable.
Que
détestez-vous ?
Tout ce que l'on peut imaginer sur les utilisations abusives de
ce média en véhiculant des idéologies insoutenables
et ce qui est dégradant pour l'être humain.
Agé de 38
ans Christophe Waignier est diplômé de l'Institut d'études
politiques de Paris et possède également un master d'économie. Spécialisé
dans la finance et le droit des affaires, Christophe Waignier a
travaillé pendant plus de trois ans chez Price Waterhouse. Directeur
financier Chez Warner durant 4 ans, il fut secrétaire général chez
Tf1 vidéo avant d'intégrer en 1995 BMG France.