Le marchand informatique 100% internet Wstore
s'attaque au marché anglais et continuera sur sa lancée
en Allemagne et en Suisse. Internationalisation, promotion, financement...
Le point de l'aventure Wstore avec Roland Tripard,
son directeur marketing.
Propos recueillis par Jérôme
Botiba
le 20 août 1999
.
JDNet - 10 mois après, quel
est l'état des lieux?
Roland Tripard: Nous
sommes en mesure de satisfaire 100% des services qui gravitent
autour de la vente de matériel informatique. Il y a deux nouveautés
dans ce domaine. Nous sommes maintenant capables de fournir des
services totalement spécifiques et spécialisés aux grands comptes,
comme des catalogues personnalisés, des process de commande et
d'accès au reporting personnalisés et des suivis personnalisés
du déploiement. Pour nos gros clients, il s'agit en effet souvent
d'acquérir des dizaines voire des centaines de machines et par
la suite de les déployer et les mastériser. C'est donc
une offre que nous maîtrisons et que nous founissons avec l'aide
d'une entreprise de services à plusieurs grands comptes que je
ne citerai pas. Nous avons dépassé le seuil des 5 millions de
francs de chiffres d'affaires par mois. Nous sommes en ligne par
rapport à nos prévisions puisque notre objectif de 70 millions
annuels sera atteint voire même dépassé ainsi que celui de 100
millions pour le groupe avec l'unité anglaise. Le trafic sur le
site est en constante évolution à 3.000 visiteurs par jours.
Wstore s'oriente-il plus vers les entreprises
ou vers les particuliers?
Notre
position n' a pas changé. Depuis le début, nous sommes fermement
orientés vers le B to B qui constitue la plus grosse part du marché
de la vente informatique. Nous réalisons 85% de notre chiffre
d'affaire avec les entreprises. Pour cela, nous avons développé
un réseau de 30 partenaires qui couvre toute la France à l'exception
du Nord-Pas-de-Calais où nous n'avons pas encore trouvé de partenaire.
Wstore a mis en oeuvre des fonctionnalités qui ciblent particulièrement
les entreprises. Par exemple, les clients peuvent consulter sur
internet l'état de leur compte d'encours, commande et paiement.
Les comptes d'encours représentent 75% de notre activité.
Quel est votre taux de conversion?
Ah,
ce sont des chiffres que je ne divulgue pas, ce sont les secrets
du métier.
Votre
internationalisation est à l'ordre du jour...
Oui,
l'actualité en ce moment, c'est depuis juillet le début des opérations
dans notre filiale anglaise. Aujourd'hui, avec un peu plus d'un
mois d'existence, ça fonctionne. Le démarrage massif de l'activité
est prévu pour début septembre avec le début de la publicité à
la fois offline dans l'ensemble de la presse britannique, et puis
online sur un grand nombre de supports: sites spécialisés informatique,
portails et sites d'actualité économique. En Allemagne et en Suisse,
nous voulons être opérationnels début novembre. On est en train
de travailler dessus. Les sociétés sont créées... Ce seront deux
sites complètement différents.
Après un an d'expérience de la
publicité sur internet, quel arbitrage faites vous entre le offline
et la publicité online?
Notre
conclusion est que les deux sont complémentaires. En effet nous
avons remarqué que cetains clients qui achètent en ligne ont été
auparavant familiarisés à Wstore par les publicités hors ligne.
De plus, de nombreux décideurs sont encore à aller chercher offline.
Les médias qu'ils ont l'habitude de lire ou leurs moyens d'information
sont offline.
Quelle
est la répartition budgétaire entre les deux canaux publicitaires?
On se rapproche sensiblement du 50/50.
A
combien se monte votre budget promotion?
Il était de 10 millions de francs annuels
en mars, il devrait être au minimum du même montant aujourd'hui
voire augmenter au vu de notre succès.
Quels sont vos projets français
pour la rentrée et No&iulm;l?
Outre
les renouvellements de gamme des constructeurs que nous allons
relayer, nous préparons des offres promotionnelles en partenariat
avec les fournisseurs. Mais je ne peux en dire plus pour l'instant.
On va aussi redémarrer la publicité
Quel
type de logiciels et de matériels utilisez-vous?
Nous
fonctionnons essentiellement avec Microsoft Side Server et sous
SQL pour les bases de données. Les serveurs sont sur architecture
Intel. Les routeurs de notre système télécom sont fournis par
Cisco.
Comment
avez-vous sécurisé le paiement en ligne?
Avec
SSL et une solution Atos. Mais l'essentiel de nos transactions
n'est pas fait par carte bancaire mais plutôt par comptes d'encours
avec le leader français Euler (assurance crédit).
Qui sont vos concurrents?
Nous
avons deux type de concurrents sérieux. Les premiers sont les
circuits de distribution traditionnels, avec de très gros
revendeurs corporate du type Alium, Infopoint, Stopinfo et des
milliers de petits revendeurs. Une autre concurrence arrive sur
internet avec Divendo, Staris, Inmac et Euralliance.
Que pensez-vous
de la montée des constructeurs sur le créneau de la vente directe?
Ils
représentent une troisième catégorie qui se développe bien en
effet. Mais le corps de leur métier n'est pas la distribution
et tous les services que cela implique. Ils ne sont pas appelés
à occuper de grands pourcentages du marché même s'ils ont un certain
avenir chez les grands comptes.
Quelle
différences remarquez-vous entre les différents marché européens,
notamment l'Angletere, l'Allemagne et la France?
De
façon générale, le marché des entreprises est plus gros que le
marché des particuliers. Et c'est pour cela que tous les efforts
de Wstore sont orientés vers les entreprises. C'est paradoxalement
une démarche originale et peu suivie dans le secteur. La situation
de l'Angleterre en distribution informatique est particulière
puisque l'habitude VPC y a familiarisé les entreprises avec l'achat
lointain. Cela les prédispose plus que les entreprises françaises
à s'impliquer dans l'Internet. En Allemagne, l'Internet est simplement
plus mur et le marché représente le double du marché français
80 milliards de dollars contre 40 en France. 80% des entreprises
sont connectées contre moins de 40% en France.
Pourquoi
avoir choisi la France pour démarrer dans ce cas?
Par
ce que nous sommes tous Français. Par amour de la patrie...(rires).
Quelles
limites voyez-vous à la vente par internet?
Le
tout internet n'existe pas. Nous avons divisé par trois le nombre
de coups de téléphone et il nous en reste tout de même encore
trois par commande. Le vendeur américain de logiciels beyond.com
a un plateau de télévente de plus de 200 personnes alors que leur
activité, du downloading de software, ne semble pas le nécessiter.
On a toujours besoin du contact humain. Pas de numéro de téléphone,
pas de commande.
Quelles
nouvelles contraintes apparaissent lorsqu'on internationalise
une activité internet comme la vôtre?
Il
ne s'agit pas uniquement de traduire un site et ce, pour deux
raisons. Tout d'abord, les produits, les prix et les standards
sont différents. Ensuite le matériel informatique est lourd et
ne peut être envoyé à travers toute l'Europe à moindre frais.
Du coup, s'attaquer à l'Angleterre ou à l'Allemagne, c'est ouvrir
une filiale avec des partenaires d'approvisionnement, de transport,
de financement totalement différents. Et surtout la filiale dispose
d'une autonomie.
Quels sont vos grossistes?
Nous
travaillons avec CHS. Et nous finalisons actuellement des accords
avec un deuxième et dernier grossiste. Nous estimons que travailler
avec deux des trois plus gros grossistes nous permettra de couvrir
les besoins de toute notre clientèle.
Vos partenaires financiers?
Peter Friedly est le capital
risqueur qui nous a financé jusqu'à maintenant. Dans un futur
proche, soit le partenaire actuel va apporter de nouveaux fonds,
soit un nouveau partenaire interviendra, soit enfin, nous aurons
recours à l'argent public en allant en Bourse. Le
business plan prévoit l'équilibre financier sur
le troisième exercice. Nous nous sentons très concernés
par cet aspect de l'entreprise, très "profit conscious"!
Achetez
vous sur le net?
Oui,
un peu, des disques et mon matériel informatique.
Des CD chez CDnow.
Quel
est votre site préféré?
Un
site que j'aime bien en B to B, c'est le site megadepot.com.
Il sont partis de l'informatique et se sont élargis ils
font des fournitures et du mobilier de bureau des télécoms,
du conseil juridique... C'est très diversifié.
Qu'aimez-vous
sur le net?
La
variété de choses que l'on peut y trouver et l'efficacité
que cela apporte dans la vie professionnelle et le changement
philosophique que cela provoque. Auparavant les boîtes raisonnaient
en circuit fermé. Aujourd'hui, c'est une révolution
quasiment philosophique.
Que
détestez-vous sur le net?
Attendre
le chargement des pages quand la connexion est pas terrible. Je
n'aime pas non plus les endroits surchargés de publicité.
Roland
Tripard, 28 ans, a fait HEC, puis a passé
quatre ans chez Procter & Gamble et un an au Boston
Consulting Group.
Wstore
en chiffres:
Effectifs
|
20
personnes en France,
10 en Angleterre
|
Chiffre
d'affaires
|
100
millions de francs en 1999 (prev.)
|