Chaque
semaine, gros plan sur la loi et l'Internet
Liens
hypertexte :
quelles précautions prendre ?
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5 décembre 2000 -
Techniquement
facile à réaliser, le lien hypertexte peut avoir
des conséquences juridiques en dépit de son
apparence anodine.
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par
Olivier Iteanu, avocat.
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Les
liens hypertexte sont la base même du fonctionnement du Web
en ce qu'ils sont au cur de la navigation de l'utilisateur,
lui permettant de passer d'une page Web à une autre d'un même
site ou d'un site à un autre. La réalisation d'un lien hypertexte
est techniquement très facile à réaliser, mais peut avoir
des conséquences juridiques en dépit de son apparence anodine.
C'est notamment le cas lorsque
le lien hypertexte est détourné de sa finalité première, reflète
un comportement manifestement parasitaire ou enfreint des
droits de propriété intellectuelle.
A titre d'exemples de comportements
"détournés", la réalisation d'un frame ou cadre affichant
deux pages simultanées dont l'une appartient au site initiateur
et l'autre à un tiers est une exploitation du contenu d'autrui,
d'autant plus répréhensible que la présentation peut laisser
penser que le contenu appartient au site initiateur ou qu'il
est exploité avec l'autorisation du site incorporé. Le site
initiateur ne possède alors souvent aucun contenu éditorial
propre et ne vit que des richesses créées par les autres (au
moyen de bandeaux publicitaires placés sur les frames lui
appartenant).
Une autre
utilisation détournée particulièrement frappante est celle
du inline linking ou lien en ligne, qui consiste en la réalisation
d'un lien non pas sur une page Web, mais sur un élément accessible
sur l'Internet n'ayant pas pour vocation d'être accédé ainsi
par un tiers. Cette technique permet par exemple l'incorporation
d'images, de fichiers vidéo, etc. aux pages du site initiateur
alors que les ressources ne sont pas présentes sur le serveur
du site initiateur, mais sont toujours stockées sur le serveur
victime de l'agissement. De plus, celui-ci "travaille "pour
le site initiateur puisque le serveur Web victime doit répondre
aux requêtes de connexion générées par l'utilisation d'un
site tiers sans aucun bénéfice pour lui en termes de visibilité
ou de trafic effectif.
Entre
Netiquette et accord de référencement. |
Plus grave
encore, la technique du inline linking peut être utilisée
pour actionner un programme cgi, un moteur de base de données,
etc. et permettre au site initiateur de s'en approprier les
résultats.
Enfin,
la réalisation d'un lien hypertexte externe profond, c'est
à dire dirigé non pas sur la page d'accueil d'un site tiers,
mais sur une page noyée au fin fond de son arborescence n'est
pas un acte totalement anodin dans le cas où le comportement
est fautif (appropriation indirecte, présentation non pertinente
ou détournée, effectuée dans un contexte de parasitisme, etc.)
ou lorsque celui-ci heurte le droit d'auteur ou le droit des
marques : le libellé du lien reproduit le titre original de
la page, ou une marque, notamment la pratique consistant à
réaliser un lien hypertexte en utilisant le logo du titulaire
du site est des plus dangereuse, etc. L'initiateur du lien
a également tout intérêt à consulter les conditions d'utilisation
du site sur lequel il pointe, qui de plus en plus souvent
comportent des clauses interdisant ou réglementant la façon
dont les liens hypertextes peuvent être faits vers leur site.
La Netiquette
recommande que le Webmaster du site pointé soit informé. Cet
usage devrait juridiquement être concrétisé sous la forme
d'un accord de référencement, qui en outre peut être réciproque,
duquel les deux parties tirent un avantage en augmentant réciproquement
leur trafic et permet d'éviter de mauvaises surprises
[oiteanu@iteanu.com]
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