Chaque
semaine, gros plan sur la loi et l'Internet
Commerce
électronique
et concept "d'établissement stable"
- 16
janvier 2001 -
Un
site d'une entreprise étrangère hébergé
sur un serveur local consitue-t-il un Etablissement stable?
L'OCDE
a donné son interprétaion dans un débat
dont les répercussions fiscales sont d'importance.
par
Yann de Givré
Avocat Associé - FIDAL
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Le
site Web d'une entreprise étrangère hébergé sur un serveur
français lui assurant l'accès auprès des utilisateurs, où
qu'ils soient situés, constitue-t-il un Etablissement stable,
en France, de cette entreprise étrangère ? Et, au-delà, dans
quelles conditions un serveur, en ce qu'il est un équipement
matériel nécessitant un emplacement, et en ce qu'il peut être
tout aussi bien passif lorsqu'il ne joue qu'un rôle de connexion
à Internet, qu'actif lorsqu'il assure l'exécution de commandes,
pourrait-il être considéré comme un établissement stable?
La réponse à cette question est d'une extrême importance car,
dans l'affirmative, elle permettrait à l'Etat de situ du serveur
de taxer une quote part de la marge réalisée.
Interrogé
sur ce point par Olivier de Chazeaux, député
(RPR) des Hauts-de-Seine, le ministre de l'Economie a, en
1998, par deux fois répondu comme suit à ces questions : "Le
concept d'établissement stable suppose une présence physique
de l'entreprise sur le territoire. Or Internet crée une nouveauté
en permettant de réaliser des opérations commerciales sans
disposer nécessairement d'une telle présence. Ce n'est que
dans des cas exceptionnels où l'entreprise étrangère disposerait
de son propre équipement informatique en France et emploierait
du personnel pour le faire fonctionner qu'il serait possible
de considérer cette entreprise comme disposant d'un établissement
stable en France."
A l'inverse,
poursuivait le ministre, dans l'hypothèse d'une entreprise
étrangère qui crée un site en France en utilisant les moyens
informatiques d'une société tierce qui lui assure l'accès
auprès des utilisateurs, il n'est pas possible, en l'absence
d'une implantation physique sur le territoire, de considérer
qu'elle dispose d'un établissement stable en France. Et le
ministre de conclure : "des discussions sont actuellement
en cours à l'OCDE pour savoir si la définition de l'établissement
stable est toujours adaptée au contexte d'Internet, ou s'il
convient de la modifier en abandonnant notamment le critère
de la présence physique."
La référence
aux travaux de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement
Economiques) en ce qu'ils avaient notamment pour objet de
clarifier les commentaires sur l'article 5 de la convention
modèle concernant la définition de l'établissement stable
dans le cadre du commerce électronique, obligeait tout fiscaliste
digne de ce nom à aller régulièrement consulter le site Web
de cette organisation Internationale.
Le 9 janvier
dernier, on y apprenait que les membres du Comité des Affaires
Fiscales de l'OCDE étaient enfin parvenus à un consensus portant
sur l'interprétation, en ce qui concerne le commerce électronique,
des conditions dans lesquelles les activités commerciales
d'une entreprise située dans un pays donné sont ou non exercées
par l'intermédiaire d'un établissement stable, ce qui constitue
le critère de base déterminant la compétence fiscale du pays
en question.
Les
quatre points
de l'accord |
Les quatre
principaux points de cet accord sont les suivants :
- Un site
Web ne peut, en lui-même, constituer un établissement stable;
- En général,
un accord prévoyant l'hébergement d'un site Web n'aboutit
pas à l'existence d'un établissement stable pour l'entreprise
qui exerce des activités commerciales par l'intermédiaire
de ce site;
- Un fournisseur
de services sur l'Internet ne constitue pas, sauf dans des
circonstances très exceptionnelles, un agent dépendant d'une
autre entreprise de manière à constituer un établissement
stable de cette dernière;
- Si un
local où se trouvent des équipements informatiques, tel qu'un
serveur, peut, dans certaines circonstances, constituer un
établissement stable, il faut pour cela que les fonctions
exercées dans ce local soient importantes et constituent en
outre un élément essentiel de l'activité commerciale de l'entreprise.
[Yann de
Givré]
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