Chaque
semaine, gros plan sur la loi et l'Internet
Lien
hypertexte et publicité
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Mardi 3 avril 20001 -
Quelles
sont les conditions et les limites de l'application du droit
de la publicité à la publicité
en ligne?
par
Florence Déry
Avocat à la Cour
Latournerie, Wolfrom et Associés
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Les
bandeaux et les interstitiels sont en principe soumis à la
réglementation applicable à toute publicité et notamment à
la loi Sapin du 29 janvier 1993, qui réglemente l'achat d'espace
publicitaire dès lors que l'achat passe par un intermédiaire.
Une circulaire d'application de ce texte, en date du 19 septembre
1994, précise en effet, que la notion d'espace publicitaire
" peut évoluer avec les techniques (multimédia, média électroniques)
". De même, si l'utilisation d'un lien aboutit à comparer
deux prestations (par exemple, en ayant recours à la technique
du framing ou des liens profonds), il conviendra de respecter
les dispositions contraignantes des articles L.121-8 et suivants
du code de la consommation, relatifs à la publicité comparative.
Un
lien hypertexte pourrait également être constitutif de publicité
mensongère au sens de l'article L.121-1 du même code qui interdit
"toute publicité comportant sous quelque forme que ce soit,
des allégations, indications ou présentations fausses ou de
nature à induire en erreur". La pratique du lien hypertexte
profond peut quant à elle être constitutive de parasitisme
et de concurrence déloyale dès lors qu'elle a pour effet de
détourner ou dénaturer le contenu ou l'image du site cible
et qu'elle ne mentionne pas le site source (Trib. com. Paris,
ord. réf., 26 décembre 2000). Cette dernière critique s'applique
également au framing.
Pour autant,
tout lien hypertexte n'a pas nécessairement un caractère publicitaire,
même si la définition de la publicité est large et peut s'appliquer
à de nombreuses hypothèses. En effet, la directive du 10 septembre
1984 relative à la publicité trompeuse dispose que constitue
une publicité "toute forme de communication faite (...) dans
le but de promouvoir la fourniture de biens et de services
dans le cadre d'une activité commerciale".
Les limites
à l'application du droit de la publicité tiennent notamment
au caractère purement informationnel du message. Ainsi la
jurisprudence a précisé que "n'est pas une publicité l'information
libre publiée par la presse écrite ou audiovisuelle à l'occasion
d'un fait ou d'un événement" (1). Plus récemment, la directive
du 8 juin 2000 sur le commerce électronique préfère utiliser
la notion de "communications commerciales" à la fois pour
désigner la publicité, proprement dite, les offres promotionnelles
(promotions par le prix, jeux et loteries, ventes avec primes
etc.) et le parrainage. Cependant, la directive exclut de
cette définition "les communications relatives aux biens,
aux services ou à l'image de l'entreprise, de l'organisation
ou de la personne, élaborées d'une manière indépendante, en
particulier sans contrepartie financière" (2).Ce critère vise
à distinguer la publicité de l'information critique et comparative,
notamment les bancs d'essais effectués de manière indépendante.
Par ailleurs,
la directive sur le commerce électronique exclut également
de la définition des communications commerciales "les coordonnées
permettant l'accès direct à l'activité de (l')entreprise,
organisation ou personne, notamment un nom de domaine ou une
adresse électronique" (3). Cette disposition a été édictée
afin que toute entreprise puisse librement utiliser sa marque
ou son nom commercial en tant que nom de domaine, sans pour
autant se voir appliquer la réglementation relative au droit
de la publicité. Les précisions ci-dessus devraient donc permettre
à un fabricant de cigarettes d'enregistrer son nom de domaine
en France, sans être en infraction avec la loi Evin.
[Florence
Déry]
(1)
CA Aix, 13 février 1980, D. 1980, 618
(2) Article 2, f de la directive du 8 juin 2000
(3) Ibid
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