Chaque
semaine, gros plan sur la loi et l'Internet
Vote
électronique
et visioconférence en entreprise :
mode d'emploi juridique
- Mardi 2 juillet 2002 -
Le
dernier décret d'application de la loi sur les nouvelles régulations
économiques, dite NRE permet depuis
mai 2002 aux entreprises de mettre en uvre le vote électronique
et la visioconférence lors de leurs assemblées générales.
Mode d'emploi et conseils.
La
loi du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques
a notamment rénové le droit des sociétés en y intégrant l'usage
des nouvelles technologies. A condition de l'avoir prévu dans
ses statuts, l'article L.225-107 du Code de commerce permet
ainsi à l'entreprise d'organiser des assemblées générales
en ligne via tous types de moyens de télécommunication (téléphone,
télécopie, Internet, visioconférence), l'objectif étant de
faciliter la participation aux assemblées générales du plus
grand nombre d'actionnaires.
Déjà sur
le plan technique, la visioconférence, en tant qu'instrument
de communication, était entrée dans une phase de généralisation
et de déploiement. Les entreprises y recourent de plus en
plus pour organiser des réunions de travail à distance et
éviter le coût et la fatigue des déplacements. L'internationalisation
des relations économiques et le développement des nouvelles
technologies bouleversent la participation à la vie sociale
de l'entreprise. Avec cette avancée juridique, reste à espérer
que ce nouveau texte constituera un remède à l'abstention.
Les entreprises
doivent aujourd'hui sans plus tarder, d'une part, connaître
les règles d'utilisation de ces nouveaux outils, et d'autre
part, uvrer, tous départements confondus, pour atteindre
une parfaite sécurité.
Connaître
les règles d'utilisation de ces nouveaux outils
1°.
Aménager les statuts
Une clause statutaire doit prévoir la participation à l'assemblée
par cette voie ou par des moyens de télécommunication permettant
l'identification des actionnaires (Code du commerce art. L.
225-107).
2°.
Communiquer des documents par voie électronique avec l'accord
des actionnaires
Un accord formel et préalable des actionnaires intéressés
est nécessaire pour recourir à la télécommunication électronique
en lieu et place d'un envoi postal pour satisfaire à diverses
formalités. C'est le cas en matière :
- de convocation aux assemblées (art. 124 et 125),
- de demande d'avis de convocation ( art. 129),
- d'inscription de projet de résolution à l'ordre du jour
d'une assemblée (art. 128 et 131),
- d'envoi de documents et de renseignements visés par les
articles 133 et 135 ( art. 138).
En pratique,
les actionnaires, désirant être informés selon ces techniques,
communiqueront leur adresse e-mail. Les formulaires et procurations
communiqués par ces moyens pourront être signés par un procédé
de signature électronique.
Ces assouplissements
sont prévus pour les assemblées d'actionnaires à dividende
prioritaire sans droit de vote ( art. 153-8), des titulaires
de certificats d'investissement ( art. 169-2), des obligataires
( art. 222). Les intermédiaires teneurs de comptes d'actionnaires
auront également la possibilité d'utiliser cette voie pour
transmettre les documents établissant la qualité d'actionnaire
de leurs clients. Attention toutefois, les actionnaires peuvent
toujours faire marche arrière car ce moyen d'information n'est
pas irréversible : les actionnaires ayant donné leur accord
pourront ainsi, à tout moment, demander expressément à la
société, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception,
son remplacement, à l'avenir, par un envoi postal (art. 120-1).
3°.
Retransmettre la séance complète et en continue par visioconférence
Il est désormais possible de participer à distance, via
la visioconférence aux assemblées d'actionnaires, aux conseils
d'administration et aux conseils de surveillance. Laconiquement,
le décret indique que les moyens mis en place en matière de
visioconférence " doivent satisfaire à des caractéristiques
techniques garantissant la participation effective à l'assemblée
dont les délibérations sont retransmises de façon continue
" afin d'empêcher une retransmission partielle ou par séquences
(art. 145-2). Il est essentiel de rendre impossible un montage
de scènes choisies. En clair, l'intégralité des débats doit
pouvoir être suivie.
4°
Noter tout incident au PV
Dans ce même objectif de sécurité juridique, le procès-verbal
doit faire état de la survenance éventuelle d'un incident
technique relatif à la visioconférence ou à la télécommunication
électronique lorsqu'il a perturbé le déroulement de l'assemblée
ou la délibération des conseils (art. 149).
5°.
Disposer d'un site consacré au vote
Le vote doit s'effectuer par le biais d'un moyen exclusivement
dédié à cet usage. La société doit ainsi aménager un site
exclusivement consacré à cette fin.
6°.
Communiquer un code préalablement au vote
Les actionnaires ne seront autorisés à exercer leurs
droits de vote par voie électronique qu'après s'être identifiés
au moyen d'un code fourni préalablement à la séance.
Oeuvrer
pour une parfaite sécurité
Au-delà
de ces règles, de bonnes pratiques doivent s'instaurer sur
le terrain pour que la mise en place de ces technologies s'effectue
sans incident dans l'entreprise. Les directions informatiques,
responsables des modalités techniques, vont être, sur le terrain,
de plus en plus sollicitées par les secrétariats généraux
des sociétés, ayant en charge l'organisation pratique des
assemblées générales. Il est indispensable que ces deux départements
collaborent.
Tout d'abord,
cette collaboration doit permettre d'aboutir à la mise en
place de moyens de sécurité fiables garantissant l'authentification,
l'intégrité, le traçage, la datation ou encore la conservation
électronique et le suivi des votes électroniques sans piratage
ou usurpation de voix. La récente affaire Vivendi Universal
a démontré que c'est encore le bulletin papier et un dépouillement
manuel qui garantissent le mieux la fiabilité des votes.
Ensuite,
l'entreprise doit prendre soin de bien choisir ses prestataires
techniques afin que le site exclusivement consacré au vote
fonctionne malgré le nombre d'actionnaires internautes voulant
y accéder en même temps. Ces flux doivent être anticipés.
En définitive, l'expression des actionnaires suppose la mise
en place de moyens de sécurité performants et adaptés à la
dématérialisation.
[haas@wanadoo.fr]
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