La
boucle locale radio à la conquête de l'Europe
Le
cabinet de conseil international Frost & Sullivan vient
de publier une étude sur le marché bourgeonnant
de la boucle locale radio en Europe. Selon ses prévisions,
celui-ci devrait passer d'un montant total de ventes de 1,83 milliard
de dollars en 2000, à 27,5 milliards de dollars
en 2006.
De nombreux facteurs seraient la cause de ce décollage:
le nombre croissant d'applications multimédia, l'explosion
de l'usage d'Internet, l'expansion du télétravail
et la multiplication des petites et moyennes entreprises.
En terme d'offres, si aujourd'hui l'équipement constitue
18,5 % des ventes totales du marché, le cabinet
de conseil prévoit qu'en 2006, les services représenteront
93,1 %. L'accroissement des débits dans les tuyaux
de télécommunications constitue un pas majeur
vers la démocratisation d'Internet et la richesse des
contenus en ligne. Or, si la construction de réseaux
internationaux à très large bande, parfois basés
sur de la fibre optique, ne semble poser aucun problème
aux grands opérateurs et constructeurs, les petits,
quant à eux, continuent souvent de dépendre
de leurs ainés et de leurs boucles locales. Ces dernières
représentent le réseau de fils enterrés
sous la chaussée, qui relient le dernier commutateur
avec les terminaux des utilisateurs. Le coût de l'installation
d'une telle infrastructure réseaux est évidemment
très élevé en terme de génie civil
et de droits de passage, puisqu'il faut physiquement "casser"
les trottoirs.
L'ouverture à la concurrence du marché des télécommunications
en Europe restreint en ce sens le choix des technologies à
adopter par les opérateurs de moindre taille. Fort
heureusement, ceux-ci disposent aujourd'hui de la boucle locale
radio, qui leur permet de se positionner à haut débit
sur des distances raisonnables sans passer par l'installation
d'un réseau filaire. L'usage grandissant de leurs réseaux
par les entreprises désormais ouvertes vers l'extérieur,
et le volume croissant des données échangées,
réclament la multiplication de ce type de réseaux
qui fonctionnent au niveau local à l'aide d'émetteurs-récepteurs
d'ondes radio.
Frost & Sullivan effectue également un tour d'Europe
des pays plus ou moins avancés dans l'implémentation
de ces technologies. L'année 1999 a pu constater leur
décollage grâce à l'attribution de licences
à des opérateurs locaux, notamment avec succès
en Allemagne et au Portugal. Selon l'étude, l'Allemagne
représente aujourd'hui le premier marché européen
pour la boucle locale radio, suivi par la Grande-Bretagne.
Les deux zones en plus forte progression seraient l'Italie
et la péninsule ibérique.
Quant à la France, non mentionnée dans le rapport
de l'étude, l'ART (Autorité de régulation
des télécommunications) aurait réceptionné
218 dossiers pour 54 licences de boucle locale radio. Malgré
un retard important dû en partie à la mauvaise
volonté de France Télécom quant à
l'ouverture de ses infrastructures à la concurrence,
un projet de loi autorisant le dégroupage de la boucle locale
sera présenté fin avril devant l'assemblée. [François
Morel, JI]
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