Négociations
Compaq et ses distributeurs : le chêne et le roseau...
En
redéfinissant son modèle de commercialisation,
le constructeur Compaq a soulevé de nombreuses
interrogations et inquiétudes auprès de
ses revendeurs. Ces derniers se verraient en effet d'ici
la fin de l'année 2000 privés d'une partie
de leurs marges puique le constructeur a annoncé
officiellement sa volonté de vendre en direct
une partie de ses produits (tous les produits Intel
professionnels, ainsi que les produits de stockage).
Deuxième point sensible : le prix de référence
pratiqué dit "prix internet" qui serait
identique pour tous, revendeurs, grossistes...et client
final. Il correspond à celui d'une "machine
nue" c'est à dire tout droit sortie de l'usine.
"Cette machine ainsi proposée brute de décoffrage
sera complétée par des prestations annexes
fournies par les revendeurs. Prestations qui, jusqu'à
présent étaient offertes..." explique
Olivier de Lavalette, responsable
e-business pour les PME
chez Compaq.
"Nous
pensons que la maturité du client vis à
vis de ces prestations telles que la facturation des
frais de livraison, d'installation ou encore des facilités
financières constituent un débouché
important pour les revendeurs qui en tireront une valeur
ajoutée".
Objectif
? diminuer le nombre de revendeurs logistiques et augmenter
celui des revendeurs commerciaux.
Depuis l'annonce du 07 décembre 1999, les négociations
entreprises entre les différents acteurs laissent
des zones d'ombre sur plusieurs points essentiels. "On
a le sentiment de tourner autour du pot sans répondre
aux vraies questions" déplore Hervé
Petit Laurent, PDG de la SSDI (Société
de service et distribution informatique) Aredia, comptabilisant
près de 200 millions de francs d'achats Compaq.
Qui seront les logisticiens ? Quelles seront les remises
accordées aux distributeurs ? Sur quels produits
exactement portera la décision ? "Il est
clair que nos métiers doivent évoluer
vers des missions de service, nous effectuons d'ailleurs
à l'heure actuelle 30% de notre CA sur ce secteur.
Notamment les niches générant de fortes
marges telles que le CRM, les ERP..."
Il
ajoute "un partenariat doit s'instaurer entre les
2 parties car l'un ne peut vivre sans l'autre : les
constructeurs auront toujours besoin d'installateurs
et de relais terrain pour garantir la satisfaction de
leurs client. Les accords que Dell cherche à
établir, par exemple avec IBM Global Services
témoignent de cette nécessaire alliance."
Adaptation ou résignation? "C'est un peu
le chêne et le roseau" reconnaît Hervé
Petit Laurent. "Le réseau restera partie
intégrante de notre modèle de distribution"
confirme Olivier de Lavalette.
En
outre, des programmes de type "apporteurs d'affaires"
ont été mis en place. Ils sont destinés
à accompagner les revendeurs vers ces nouvelles
missions qui consistent à recruter les clients
qui commandent ensuite auprès de Compaq. Tout
le débat réside dans le commissionnement
de l'effort commercial ainsi fourni par les revendeurs...
"Nous réfléchissons actuellement
au montant de ce taux qui pourrait fort bien être
différencié selon la complexité
de la vente et des compétences nécessaires
à celle-ci" détaille Olivier de Lavalette.
Les réactions sont parfois virulentes quant à
ce nouveau mode de raisonnement ... "N'est pas
Dell qui veut! s'exclame Edouard Grunberg, PDG de la
société de vente et maintenance informatique
Business ASI. Il ajoute "Compaq souffre de problèmes
d'organisation dans sa production et se sert de la marge
du revendeur comme bouc émissaire, ce qui se
retournera contre lui... "Fournir un effort commercial
sans certitude de rémunération adéquate
n'est pas une solution envisageable en ce qui me concerne"
conclut il. [Alexandra
Bissé, JI]
Responsable de rubrique : Alain Steinmann
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