Virus
: la récolte de la St Sylvestre plus pauvre que
prévu
Le
31 décembre, beaucoup attendaient des ravages
au sein de leurs configurations. De nouveaux virus,
pouvait-on entendre, allaient semer l'anarchie en profitant
sournoisement du bug pour s'infiltrer et se répandre.
Mais une fois de plus, et selon une majorité
d'éditeurs d'anti-virus, il semblerait que la
menace ait encore été surestimée.
"Notre position a toujours été réservée
sur ce sujet", déclare Frédéric
Saint-Joigny, directeur général de F-Secure.
"Le week-end a été relativement calme.
Il n'y a pas eu de suractivité, même aujourd'hui
et dimanche. Rien qui soit lié au passage à
l'an 2000, en tout cas. Selon moi, il y a eu une grosse
paranoïa !".
En effet, les hotlines mises en place pour l'occasion
par de grands éditeurs d'antivirus sont souvent
restées muettes durant la fameuse nuit du réveillon
: 4 appels en France chez F-Secure, 30 chez
Trend Micro, 10 chez Symantec et seulement 2 ou 3
chez Sophos. Seul Panda Software, qui dispose d'une
hotline permanente (7j/7, 24h/24, 365 jours/an), a enregistré
124 appels le 31 décembre et 85 le
1er janvier. Mais, comme l'affirme Pascal Pacalet, directeur
commercial OEM et grande distribution chez Panda, "c'étaient
surtout des gens qui demandaient des renseignements
ou qui s'inquiétaient à propos des rumeurs".
Côté virus, la menace s'est faite moins
lourde que prévu, même s'il en a résulté
une quinzaine de nouveaux venus, comme VSB Lucky et
les chevaux de troie Feliz et Kill'98. Or, ce dernier
ne proviendrait pas d'une malice autour du bug, mais
plutôt selon Symantec de la distribution de CD-Roms
pirates de Windows 98. Eric Beaurepaire, directeur
du marketing entreprise chez cet éditeur, dévoile
que "le SARC, le laboratoire de Symantec, a découvert
une petite dizaine de virus mineurs qui ne sont pas
répandus". Assez proche chez Panda Software,
ce chiffre passe à 4 ou 5 chez Sophos
et F-Secure.
Du côté de Trend Micro, qui répertorie
pas moins de 15 nouveaux virus du vendredi au dimanche,
le ton reste alarmiste. D'après Marc Blanchard,
qui dirige le laboratoire resté en alerte 24 heures
sur 24, "nous avons recensé 12 attaques
rien que sur le week-end, 15 le vendredi inclus.
Il s'agissait d'attaques sérieuses, de virus
'in the wild', c'est à dire 'dans la nature',
selon le langage courant chez les développeurs".
Cela porterait à croire, bien que l'éditeur
ne veuille pas s'apesantir sur le sujet, que de grandes
entreprises auraient pu être touchées.
Alors, qui croire ? Sans dépasser l'inquiétude
de raison, la victoire contre l'envahisseur numérique
n'est pas encore totalement garantie. Il faudra en effet
attendre encore un peu. D'une part, l'une des possibilités
consiste en l'émergence de virus qui se déclencheraient
à une date ultérieure au 1er janvier 2000.
D'autre part, selon Eric Beaurepaire de Symantec, "il
faut laisser aux virus le temps de se propager".
[François
Morel, JI]
Responsable de rubrique : Alain Steinmann
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