Quid de l'avenir de 3Com en France ?
La restructuration de 3Com qui abandonne ses activités
sur le marché des équipements LAN/WAN (routeurs
et commutateurs) pour grands comptes et sur celui des modems
analogiques, laisse planer de nombreuses interrogations sur
le devenir de la société en France. Quelle place
peut tenir cet acteur du monde des réseaux sur le marché
français ?
Au niveau mondial, 3Com a annoncé qu'il se focaliserait dorénavant sur les secteurs de la voix sur IP, les services de données sans fil et l'accès à haut débit. L'accent est mis sur le marché des PME. Selon Thierry Hamelin, responsable du programme Etudes Internet chez IDC France, ce dernier axe est le plus judicieux: "Se recentrer sur son métier de base et ne pas courir plusieurs lièvres à la fois, surtout face à un géant tel que Cisco, n'est certaintement pas une mauvaise idée."
Néanmoins, on peut interpréter la cession des
activités de 3Com comme un abandon face à ses
concurrents directs, Cisco en tête mais aussi Nortel
Networks et Lucent Technologies. A l'heure de l'e-business,
le marché pour les PME apparaît comme la portion
congrue en ce qui concerne les équipements réseaux.
Et il n'est pas certain que 3Com se refasse une santé
en ne récoltant que les miettes du gateau. "En France,
lorsqu'on parle de connexions pour les PME, il s'agit encore
pour beaucoup de réseaux locaux en dial-up. C'est un
marché assez concurrentiel sur lequel les marges sont
faibles", explique Thierry Hamelin.
S'il s'avère que les PME deviennent le cheval de bataille
de 3Com en France, l'équipementier devra adopter une
stratégie aggressive qui selon Thierry Hamelin ne peut
être une stratégie de front: "C'est un canal
indirect. Il lui faudra conclure des accords de distribution
avec des providers, décliner des offres attractives,
voire des bundles type accès plus routeurs avec une
politique de prix aggressive."
Si l'on revient sur l'état du marché en 1999,
le pari n'est pas perdu d'avance pour 3Com. L'entreprise détenait
1/3 du marché sur le matériel de connectivité
au sens large (concentrateurs, cartes d'interface réseau,
commutateurs WAN/LAN, routeurs, serveurs d'accès distant),
Cisco pour sa part était alors très en retrait.
C'est précisément sur le segment des routeurs
que 3Com ne tenait pas tête à Cisco. "A l'heure
actuelle, 3Com a défini sa restructuration mais n'a
pas réellement précisé ses axes stratégiques.
Pour sa réussite, tout dépendra, outre des choix
judicieux, les moyens que la société se donnera",
ajoute Thierry Hamelin. La question se pose aussi de savoir
si Cisco ne pourrait pas profiter de la situation de son concurrent
pour l'absorber. Mais du côté du géant,
on "ne souhaite pas commenter les décisions stratégiques
des concurrents"... [Christophe
Dupont, JI]
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