SETI
: le printemps français de l'e-business
"Tous
les Français sur Internet", ainsi pourrait-on
résumer la conférence inaugurale de la SETI
(Semaine européenne des technologies de l'information)
intitulée
"la France face aux défis des nouvelles technologies".
Face aux visiteurs, une dizaine de personnalités de
la Net-économie, de l'informatique et du monde des
médias ont présenté leur vision d'Internet,
des technologies associées et de leurs apports à
la société, aux organisations et aux affaires.
Dès son discours d'introduction, l'ancien
président de France Télévision et actuel
président du CSA Hervé
Bourges est revenu sur les "infopauvres et les inforiches".
"Augmenter la vitesse n'est pas suffisant. Il faudrait
réfléchir au principe d'un accès universel
à Internet", ajoute-t-il. En prenant le parti
de la "multi-régulation" face à une
super autorité de l'Internet, non désirée,
il range ainsi le CSA sur la même longueur d'onde que
le premier ministre. L'intervention de Christian Paul, le
député auteur du rapport sur la mise en place
de la régulation sur Internet commandé par Lionel
Jospin, confirme cette orientation en 2 principes : liberté
et égalité. "Internet pour tous doit être
une utopie mobilisatrice et réaliste en France. Nous
parlons de régulation car il n'y a pas d'espace de
libertés sans règles".
Mais la liberté et l'égalité ne sont
pas les seuls objectifs à garantir. Les problématiques
de la nouvelle économie, parmi lesquelles figurent
notamment la réactivité et la flexibilité,
se retrouvent au niveau des entreprises. Du côté
des médias existants, Anne Sinclair revient sur le
business model de TF1.fr. "En prévision, nous
allons dépenser entre 150 et 250 millions
de francs par an pour 10 à 20 millions de
francs de recettes de pub. Notre objectif n'est donc pas centré
sur les bénéfices, mais sur la nécessité
industrielle de présence de la marque et sur la création
d'emplois." La nouvelle directrice générale
de TF1 Entreprise et de e-TF1 dévoile par ailleurs
l'ouverture prochaine d'une "ronde de planètes"
autour du portail TF1.fr, avec des sites de contenus orientés
vers les femmes, les enfants, les amateurs de jeux-vidéo,
les boursicoteurs, etc.
Derrière les sites des dot.com et des "clicks
and mortars" (entreprises dont le business existait avant
Internet), on retrouve les compétences des SSII et
des éditeurs, les traditionnels acteurs de l'informatique
ayant évolué vers l'e-business. "Nous sommes
la face cachée de l'Iceberg, proclame Eric Hayat, responsable
du Syntec Informatique (le syndicat des SSII) et vice-président
de Steria. Internet
représente aujourd'hui de 15 à 20 %
de notre activité. Nous fournissons les pelles et les
pioches. Les préoccupations des clients se retrouvent
surtout au niveau de l'e-business B-to-B, qui sera multiplié
par 10 au cours des prochaines années, des centres
d'appels et du CRM (gestion de la relation client), et du
SCM (gestion de la chaîne logistique)." Même
son de cloche chez Bull, qui s'apprête à lancer
ses propres solutions de places de marché B-to-B. Mais
Cyrille du Peloux,
directeur général du groupe,
nuance toutefois
cette vision : "Nous sommes actuellement dans la vague
du CRM et de l'e-procurement (gestion des achats de l'entreprise).
Le SCM devrait mettre un peu plus longtemps avant de décoller."
La problématique la plus controversée de la
Net économie se retrouve ainsi au niveau de l'e-business.
Si tout le monde s'accorde sur le fait que les marchés
inter-entreprises semblent voués à une réussite
sans précédent, le grand public, même
si sa frilosité baisse, continue de ne pas acheter
en ligne et dément les prévisions les plus optimistes
avancées depuis 2ans par de nombreux cabinets d'études.
Peut-être un peu moins loquace que d'habitude, le directeur
du développement de la Cité des Sciences, Joël
de Rosnay, soulève la possibilité de "corrections
sévères". Il évoque que selon certains
analystes, le marché du B-to-C devrait se crasher vers
le mois d'octobre. Le B-to-B et les entreprises de logistique
comme Cisco devraient mieux tenir le coup. Mais ce qui intéresse
le plus notre gourou national de l'Internet, c'est "la
révolution que nous allons encore vivre, avec les agents
intelligents, les interfaces vocales, etc. La nécessité
de protéger l'information donne naissance aux infomédiaires.
Très ouvert mais fragile, le système contient
ses propres capacités d'évolution. Ces technologies
vont redonner le rôle de stratège aux usagers."
[François
Morel, JI]
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