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Interview |
Mercredi
9 mai 2001 |
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Jimmy
Anidjar ,
Senior
vice président France et MEA (Middle East
and Africa)
Oracle
[Propos recueillis par Cyril
Dhénin , JDNet]
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"Nous
nous intéressons aux standards quand ils deviennent
des réalités opérationnelles"
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L'acquisition
d'Informix par IBM, l'argumentaire de la suite face à
celui de l'approche "best of breed", Oracle
et les standards, l'ASP, la sortie de la version 9i de
la base de données. Les raisons de s'entretenir
avec Jimmy Anidjar ne manquent pas. |
Quelle a été votre réaction à
l'annonce de l'acquisition d'Informix par IBM?
C'est une bonne nouvelle qui nous rappelle
de bons souvenirs. Je pense notamment au rachat de Ingres
par Computer Associates : nous avions pu alors récupérer
très vite la moitié de la base installée
de Ingres...
Quand
on voit le travail accompli par IBM avec Websphere, on
peut toutefois s'attendre à ce qu'ils engagent
des moyens conséquents autour de DB2. Qu'en pensez-vous
?
Je
crois surtout qu'ils vont se heurter à de grosses
difficultés techniques. Une base de données,
c'est avant tout une application homogène et non
un ensemble de logiciels que l'on fédère
sous un beau discours marketing. Or, examinez bien la
réalité de DB2 et Informix. Dans la pratique,
il existe plusieurs bases DB2, pour AS/400, Windows NT,
AIX, S/390 qui toutes ont un code source spécifique.
Il n'existe donc pas une base de données mais plusieurs.
De même, Informix, ce n'est pas une mais trois bases
de données incompatibles les unes avec les autres.
N'oublions pas qu'un logiciel c'est avant tout un modèle
de données unifié. Je ne vois pas bien comment
IBM peut y parvenir...
Aujourd'hui
éditeurs et utilisateurs semblent s'accorder sur
l'intérêt d'une approche de type "best
of breed" pour concevoir le système d'information.
Même un SAP semble nuancer son discours autour du
"tout intégré". Seul Oracle semble
persister dans cette voie...
Ce
n'est pas la première fois que nous allons à
contre-courant. Je vous rappelle que nous avons défendu
le client-serveur, puis le client léger avant que
l'industrie et les entreprises ne soient convaincues de
leurs mérites. Le débat du moment, en effet,
vise à savoir si un système d'information
doit s'articuler autour d'une plate-forme homogène
ou autour d'un patchwork de solutions. Oracle défend
la première option que je qualifierai pas de "tout
intégré", concept employé par
SAP au début des années 1990. Nous préférons
en fait la notion de "E-Business Suite" à
celle de "tout intégré". Une manière
de souligner que nous n'imposons pas à nos clients
d'acheter d'emblée l'intégralité
de nos produits quand seulement une seule brique les intéresse.
Notre approche est très modulaire.
Peut-être
mais les clients, eux, ne veulent-ils pas garder la liberté
de choisir la meilleure solution pour
chaque domaine applicatif
?
Vous
croyez ? Ecoutez, si un client veut construire son système
d'information en combinant les offres de plusieurs progiciels
de gestion intégré, un serveur d'applications,
un outil de gestion de contenus, un logiciel d'e-CRM,
un autre pour gérer sa chaîne logistique,
c'est très bien. Je lui dis simplement "bonne
chance !". Une telle architecture fonctionnera peut-être
à un instant T, mais que se passera-t-il quand
les logiciels en question vont subir des mises à
jour ? Il faut savoir que les entreprises doivent
tôt ou tard suivre ces mises à jour puisqu'aucun
éditeur n'assure de maintenance sur les versions
"n moins 2" de ses logiciels. Et chaque mise
à jour est susceptible de remettre en cause le
travail d'intégration qui fait tenir cet assemblage.
Bref, si une entreprise veut consacrer 80% de l'effectif
de son service informatique à la maintenance, le
"best of breed" représente sans doute
une bonne voie...
Comment
comptez-vous convaincre les clients ?
Je
comprends pourquoi une direction informatique ou un intégrateur
peut être séduit par une architecture composée
des briques applicatives considérées comme
les meilleures dans leurs domaines respectifs. Mais je
crois aussi qu'une direction générale sera
sensible à l'argumentaire plus fonctionnel de l'approche
que nous proposons avec notre E-Business Suite.
Cette
approche n'aurait-elle pas plus de poids si Oracle jouait
plus franchement la carte des standards ? Vous donnez
souvent l'impression de reconnaître ces standards
du bout des lèvres...
Nous
tenons compte des standards quand ils deviennent des réalités
opérationnelles et non quand ils se résument
à une annonce orchestrée par des "micro-éditeurs".
Nous ne sommes pas anti-standards ; nous prenons simplement
soin de nous intéresser aux standards quand ils
le méritent. Pour preuve, nos logiciels offrent
une implémentation complète du langage XML.
Autre
sujet qui concerne les éditeurs : l'ASP, autrement
dit l'accès en ligne à des applications
hébergées. Croyez-vous qu'il s'agisse
là d'une tendance forte ? et comment Oracle analyse-t-il
le modèle de l'ASP ?
Nous
croyons à une évolution du métier
de l'éditeur : nous vendons aujourd'hui des logiciels
sur des CD-Roms et nous pensons que ces produits seront
très progressivement délivrés en
ligne sous forme d'un service. Nous proposons déjà
gratuitement depuis notre site l'accès à
des fonctions de gestion des ventes, du support et du
marketing. Peu à peu, ces services vont s'étoffer
et deviendront payants.
Comment
comptez-vous les commercialiser ? En vous appuyant sur
un réseau d'intégrateurs-hébergeurs
?
Je
crois que si l'on fait entrer de tels intermédiaires
dans les services ASP, alors le modèle économique
n'est plus valide. Les services ASP fonctionneront seulement
s'ils sont totalement desintermédiés. Autrement
dit, ces services doivent être auto-documentés
et auto-configurables afin de convaincre des entreprises
qui viendront d'elles-mêmes sur le site. Si un commercial
doit aller vendre des services ASP, si un intégrateur
doit intervenir pour connecter l'entreprise aux services
en question, je ne vois vraiment pas comment le modèle
ASP peut être viable.
La
sortie officielle de la version 9i de votre base de données
est prévue pour le 14 juin. Comment résumer
en quelques mots ses principaux apports ?
Toutes
les applications critiques ne pouvaient pas encore fonctionner
dans des environnements ouverts. Avec 9i, cette limitation
tombe. Notre Real Application Cluster (qui prend la relève
de Parallel Server, ndlr) assure une montée en
puissance linéaire au fur et à mesure de
l'ajout de puissance machines. Et cela, sans toucher à
la structure des données et sans interruption de
service ! Ce n'est pas la seule nouveauté de 9i,
mais c'est sans doute la principale.
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