Sous le règne de
l'ERP, on nous a appris qu'il ne fallait pas faire de
développements spécifiques. L'ERP avait "pensé pour
nous", il avait constitué, pour notre bien, une "bibliothèque
de bonnes pratiques". En conséquence, faire du spécifique,
c'était être "déviant", donc "être dans le mal". Cela
n'empêchait pas d'en faire, mais avec un certain sentiment
de "péché" ! Beaucoup abordent aujourd'hui l'eProcurement
avec le même type de catéchisme. Est-ce approprié ?
Dans notre expérience, non, et pour plusieurs raisons
!
Tout d'abord, l'e-Procurement reste une offre récente.
Les premiers éditeurs d'e-Procurement, en effet, n'apparaissent
qu'en 1996. Or, il faut du temps pour mettre sur le
marché une offre stabilisée et les éditeurs ont naturellement
tendance à privilégier le "time to market" au détriment
de la complétude et/ou de l'ergonomie de leur offre.
Ainsi, dans la plupart des progiciels actuels d'e-Procurement,
l'imputation comptable est de niveau ligne de DA et
non de niveau en-tête de DA. Il faudra donc renseigner
l'imputation comptable pour chaque ligne de DA, même
si c'est la même pour toute la DA. Ceci dit, un rapide
développement spécifique permet de résoudre le problème
en propageant à chaque ligne la bonne imputation. Est-ce
scandaleux ? Sûrement pas !
Souvenons-nous que, lorsque l'ERP est arrivé dans les
années 90, il faisait suite à plusieurs décennies de
progiciels comptables et autres MRP I et MRP II. Combien
d'années a-t-il fallu pour que les progiciels comptables
traitent correctement les lettres de change relevées
et les effets ? Combien d'années a-t-il fallu également
aux progiciels MRP pour proposer des attributs, comme,
par exemple, la couleur d'un bain, afin de faciliter
l'ordonnancement court terme des ordres de fabrication
?
Ensuite, les processus automatisés par l'ERP ont été
normalisés, évangélisés et enseignés pendant des années
par des organismes comptables, des écoles de gestion
ou des associations comme l'APICS. Il n'en est pas de
même pour l'e-Procurement. L'e-Procurement vient procédurer
et automatiser des processus coutumiers à base de parapheurs.
Il n'existe pas, encore, d' "Expert eProcurement" ou
de "Certifié en e-Procurement". Il faudra attendre quelques
années avant qu'un corpus de "bonnes pratiques" soit
reconnu par le marché et mis à disposition, un peu plus
tard, dans les progiciels d'eProcurement.
Enfin, l'e-Procurement n'est pas une île dans le système
d'information de l'entreprise. Il doit être intégré,
non seulement, avec un ou plusieurs référentiels, mais
aussi avec un ou plusieurs ERP et encore, souvent, avec
un ou plusieurs systèmes d'achats auxiliaires comme
une gestion de projet, une gestion de maintenance, une
gestion d'infrastructure. Quels que soient les connecteurs
et autres EAI magiques, il faudra recourir aux développements
spécifiques pour tout faire fonctionner ensemble.
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