Les
entreprises en sont convaincues : avec les projets EAI
(Enterprise Application Integration), elles tiennent
enfin le système d'information par le bon bout.
Et pour cause : le projet EAI se situe au carrefour
de la stratégie informatique et de la "
stratégie-tout-court ". Sa vocation est
de répondre à une question fondamentale
: comment donner à l'entreprise la réactivité,
la fluidité et la granularité dont elle
a besoin dans la reconfiguration perpétuelle
de ces processus ? Pas étonnant donc que les
projets EAI se multiplient. Pas étonnant mais
un peu inquiétant, car ce " boom de l'EAI
" arrive sans doute trop soudainement. Explications.
Pour
l'heure, dans la plupart des cas, les entreprises identifient
un besoin de rationalisation de leurs échanges
inter-applications,
évaluent ce qu'elles peuvent gagner à
les centraliser autour d'une plate-forme d'EAI et lancent
assez vite un pilote. Techniquement, c'est indéniable,
ces pilotes se soldent bien par la mise en uvre
d'une plate-forme d'EAI qui joue en quelque sorte les
îlotiers dans les échanges inter-applications.
Le gain stratégique, lui, est-il au rendez-vous
? Rien n'est moins sûr
Un
projet EAI en effet ne se résume pas à
une centralisation technique des interfaces inter-applicatives.
L'ambition est bien plus grande : il s'agit plutôt
de parvenir à mettre en uvre non plus des
échanges mais une réelle collaboration,
dynamique, intelligente, entre les applications. D'abandonner
une vision du système d'information centrée
sur la donnée pour une vision qui donne toute
sa place à la notion de flux. Un vrai saut qualitatif
donc. Et un modèle de collaboration qui ne se
dessine pas en quelques mois mais en quelques années.
C'est
ici qu'entrent en scène la cartographie et l'urbanisation.
Des chantiers dont la nécessité est connue
mais dont l'ampleur est sous-estimée. Rappelons
simplement que la cartographie vise à rendre
accessible à l'esprit la structure d'un système
d'information tandis que l'urbanisation ambitionne pour
sa part de dégager les règles qui permettront
de gérer les changements tout en sauvegardant
la cohérence de l'ensemble. Un travail de titan
mais un travail indispensable pour nourrir un projet
d'EAI et lui donner une ampleur stratégique.
Et
c'est bien là que le bât blesse : le "
boom de l'EAI " n'a pas vraiment été
précédé d'un autre boom, celui
de la cartographie et de l'urbanisation. Voilà
qui pourrait peser sur le ROI des projets EAI et provoquer
un désenchantement certain. Sauf pour les entreprises
(et elles existent) qui, depuis plusieurs années,
ont engagé des travaux de cartographie et d'urbanisation.
Des entreprises qui, d'une certaine façon, pratiquaient
déjà l'EAI sans le savoir.
|