Né
pour en finir avec le développement (trop) prolifique
des intranets, le portail d'entreprise semble trop souvent
flirter lui aussi avec le chaos. A l'origine de ce paradoxe,
une approche de la notion de " portail d'entreprise
" empreinte d'une grande béatitude. Et pour
cause : le message (marketing) ambiant du portail d'entreprise
tend fortement à présenter le portail
d'entreprise comme un couteau-suisse. Gestion de contenu,
workflow, collaboration, en différé et
en temps réel, accès aux applications
existantes, le tout accessible depuis un unique login
sécurisé (le fameux SSO " Single
Sign On ")
Bref, les fonctions du portail,
c'est un peu l'inventaire à la Prévert
de l'informatique !
Ce
trop-plein d'ambitions conduit les utilisateurs dans
les phases de cadrage d'un projet de portail à
une approche très exclusive du sujet. "
Ou le portail fédère tout l'existant (le
contenu, les outils collaboratifs, les applications)
ou il perd sa raison d'être ", entend-t-on
en substance. C'est oublier un peu vite que l'envers
d'un projet de fédération comme l'est
le portail d'entreprise, c'est l'intégration.
En d'autres termes, c'est le niveau d'intégration
d'un système d'information qui permet en partie
de délimiter les frontières d'un projet
de fédération.
Cet
exercice demande donc de poser un grand nombre de questions
préalables concernant par exemple les informations
stockées dans l'annuaire d'entreprise (si celui-ci
existe
), le niveau d'éclatement du contenu
dans l'entreprise, la typologie des mots de passe, les
technologies (client-serveur, web, etc.) des applications
à fédérer, etc. But du jeu : bien
comprendre ce qui peut effectivement être réalisé
dans le périmètre du projet du portail
et ce qui demande d'aller au-delà d'un tel projet.
Car
le principal risque dans un projet de portail d'entreprise
est bien là : sortir des limites d'un projet
de fédération pour le pervertir en projet
d'intégration. Un malentendu qui peut avoir des
conséquences fatales. Un projet de portail d'entreprise
n'est en effet ni un projet d'annuaire, ni un projet
qui peut s'apparenter à de l'EAI (Enterprise
Application Integration). Ignorer ces frontières
conduit rapidement à dissoudre le projet portail
dans des sous-projets d'intégration qui sont
en fait des projets à part entière ; identifier
et formaliser ces frontières aide en revanche
à cadrer le projet, à le délimiter
au regard de l'existant.
Dernière
précaution pour échapper au risque du trop-plein
d'ambitions du portail : ne pas omettre d'intégrer
la culture collaborative de l'entreprise dans cette analyse
de l'existant. Avant de proposer aux utilisateurs des
outils sophistiqués (de workflow par exemple),
il pourrait s'avérer utile de s'intéresser
à leur utilisation effective des outils existants.
Une donnée qui, là encore, aidera à
modeler le portail d'entreprise. Et à introduire
un peu de relativité dans des projets abordés
de manière trop absolue.
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