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DECRYPTAGE
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Du
portail aux applications ? par Alain Lefebvre, vice-président du groupe SQLI (www.sqli.com)
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Alors
que l'actualité de notre industrie résonne encore de la
bataille des formats audio (Microsoft contre MP3, entre
autres) ou du changement de dirigeant à la tête de Compaq,
j'ai choisi de vous alerter sur une tendance moins spectaculaire
que les convulsions présentées ci-avant mais bien plus structurante
pour notre activité... Il s'agit de l'évolution obligée des éditeurs de logiciels
en direction du Web ! Tout commence avec l'effervescence
autour de la notion de portail. Les sites des grands annuaires
et des moteurs de recherche (de Yahoo à Alta Vista) ne se
sont pas contentés de dresser une carte du Web pour leurs
utilisateurs mais ont bien vite commencé à agréger les contenus
: informations d'actualité, météo, etc. Cette extension
horizontale vers les contenus avait pour but de retenir
les visiteurs le plus possible afin que les sites d'index
ne soient plus seulement de simples points de passages (plus
d'audience et plus longtemps). Ces grands sites ne se sont
pas contentés de rassembler différents types de contenus,
ils sont vite passés aux stades des services... D'abord
avec la messagerie (Microsoft a racheté HotMail pour l'intégrer
dans son MSN) puis plus récemment avec les agendas. Ainsi, AOL vient de racheter When.com
pour ne pas être en retard d'une tendance. Bientôt, tous
les portails vous proposeront de tenir votre agenda via
le Web, la gestion du temps étant le complément naturel
de la gestion des messages. L'étape suivante apparaît clairement
être les applications, déjà, la nouvelle cible identifiée
par ces grands acteurs du Net serait la vente aux enchères
(premier pas vers la gestion des échanges entre particuliers
et/ou entreprises). Les éditeurs de logiciels ne pouvaient rester insensibles
à une telle progression et d'ailleurs, les plus clairvoyants
d'entre eux sont déjà dans la course : Intuit (l'éditeur
de Quicken, l'outil leader de gestion des finances personnelle)
propose de nombreux services sur son site Web et il en tire
une part croissante de ses revenus. Oracle a commencé à
donner accès à sa gamme d'applications via le Web et prévoit
de généraliser cette démarche. Mais le véritable coup d'envoi de ce tournant, c'est SAP
qui vient de le donner. L'éditeur allemand prévoit de mettre
en ligne un service sur le Web (qui pourrait bien utiliser
le nom de domaine mysap.com
!) destiné aux professionnels. A terme, il est prévu qu'une
version adaptée des applications de l'éditeur allemand sera
accessible directement à partir de son site Web. Ce mouvement est à rapprocher d'autres, comme l'évolution
de NetCenter (le portail de Netscape) qui tend de plus en
plus à viser les PME en leur offrant les services d'un Intranet
" déporté ". Ce tournant en cours conduit aux questions suivantes :
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Tous
les éditeurs sont-ils concernés ? Non. Il concerne d'abord
ceux qui proposent des logiciels dont la " Webification
" est facile voire même nécessaire (pour alléger le poids
du déploiement par exemple). Tout ce qui est bureautique
continuera encore longtemps à être exploité en " local
", par contre, on va assister à un transfert progressif
vers l'extérieur de toutes les applications génériques
(les commodités, cela a commencé avec la messagerie) qui
représentent le lot commun de la plupart des entreprises
(paye, gestion de stock, planning, etc.).
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Le
mode de commercialisation des logiciels est-il remis en
cause ? Oui. Sur le Net la concurrence est plus rude et
la compétition plus ouverte mais surtout, la gratuité
fait office de règle de base. De nouveaux modèles de business
sont donc à trouver comme le sponsoring (on vend une audience
ciblée à des annonceurs spécialisés) ou la vente parallèle
(on offre le service applicatif mais on en profite pour
vendre les " fournitures "...). Ici les leaders qui définissent
ces nouvelles règles sont AOL et Amazon, regardons-donc
ce qu'ils pratiquent aujourd'hui...
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A
quel horizon cette tendance peut-elle se traduire en mouvement
de fond et en conséquences concrètes ? Dés la fin de cette
année, plusieurs de ces tentatives devraient commencer
à donner des résultats (positifs et négatifs selon les
cas). Le passage de l'an 2000 pourrait être un accélérateur
de tendance dans la mesure où certaines entreprises n'auront
d'autres choix que d'externaliser massivement leurs applications
pour pouvoir continuer à fonctionner et il n'y a rien
de plus rapidement disponible qu'un applicatif accessible
via le Web...
Ce qui
est certain c'est que l'Internet n'en finit pas de bouleverser
le business de notre industrie ! Le renvoi de Pfieffer (CEO
de Compaq) viendrait justement de l'insuffisance de sa prise
en compte du Net dans la stratégie de Compaq et même Microsoft
qui avait fait dogme de ne jamais vendre en direct vient
d'ouvrir un site marchand où l'on peut en direct acheter
ses logiciels (shop.microsoft.com)...
[Alain
Lefebvre, vice-président du groupe SQLI]
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