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L'AVIS DE L'EXPERT

L'informatique serait-elle devenue ingérable?

par Jamal Labed
Directeur Général de STAFF&LINE



L'informatique d'aujourd'hui - c'est-à-dire l'informatique répartie - serait-elle devenue ingérable ? C'est bien l'impression qui se dégage en discutant avec bon nombre de responsables informatique de grandes sociétés. Dès les premières questions, on sent bien que l'approximation rejoint l'ignorance: " Combien de machines avez-vous dans votre parc informatique ? " " Votre société est-elle en règle en matière de licences logicielles ? " " Quel est l'impact économique de l'An 2000 sur votre parc? " " Quel est le coût d'un poste dans votre entreprise? ". Le DSI d'un des plus grands comptes français n'affirmait-il pas récemment dans la presse "l'An 2000 est une espèce de magma bizarroïde. Personne ne sait précisément ce qui va se passer. " Pourtant, n'est-ce pas justement le travail du DSI de savoir ce qui se passe et d'anticiper les évolutions, surtout lorsqu'en l'espèce elles sont hautement prévisibles?
Nous sommes là au cœur du problème : l'informatique n'est pas devenue ingérable, elle n'est tout simplement pas gérée ! Alors que les directions informatiques croulent sous les outils techniques d'administration, elles ne disposent pas, pour la plupart d'entre elles, de systèmes de gestion internes dignes de ce nom. Des entreprises, dont le parc informatique compte plusieurs milliers de postes de travail et manipulant des budgets considérables. rechignent aujourd'hui à dégager les ressources suffisantes pour mettre en place les systèmes de gestion pourtant indispensables. Imagine t-on une entreprise, même une PME. dépourvue de système comptable ou de gestion commerciale?
Le phénomène se révèle d'autant plus inquiétant que l'exigence de gestion grandit. Les grands chantiers en cours : An 2000, mise en œuvre des ERP, commerce électronique... nécessitent de sérieux outils de pilotage. Par ailleurs, devant l'inflation des budgets informatiques, les directions générales demandent une plus grande visibilité sur les coûts -d'où la problématique du TCO - et du retour sur investissement.
Complexité de gestion de l'informatique répartie (l'informatique centrale, propriétaire, avec ses grappes de terminaux et un nombre réduit de fournisseurs ne posait pas de problème particulier), exigence accrue d'organisation, de maîtrise des coûts et de gestion des ressources la fonction de directeur informatique est à l'aube d'une révolution.
Technicien hier, le directeur informatique doit aujourd'hui devenir un véritable gestionnaire. Il est. en quelque sorte, le patron d'une société de services informatiques interne. Au-delà de ses missions classiques, on lui demande ainsi de mettre en place des systèmes de gestion performants afin de maîtriser la complexité et les coûts des systèmes d'information actuels. Ce n'est qu'à ce prix qu'il pourra gagner la considération à laquelle il aspire Si souvent. Rappelons que le DSI ne siège qu'exceptionnellement au comité de direction.
Néanmoins, un constat s'impose : le DSI est souvent mal préparé à ces nouvelles missions. car formé et recruté pour des missions essentiellement à caractère technique.
La mise en place d'une gestion efficace de son informatique commence par la connaissance et le suivi détaillé de l'infrastructure informatique. La seconde étape passe par la mise en place d'une solution d'assistance aux utilisateurs. Une fois franchies ces deux étapes, il est possible de s'intéresser à la gestion économique : circuit d'approvisionnement, contrats, refacturation interne, budgets, réconciliation avec les immobilisations comptables, simulations techniques et économiques...
Ces problématiques sont indissociables. Comment en effet assister efficacement un utilisateur sans connaître intimement son environnement technique et organisationnel ? Comment anticiper les problèmes qui peuvent dégrader la productivité des utilisateurs sans mettre en place une gestion efficace du parc informatique? La maîtrise d'un système de gestion complet implique un contrôle parfait de l'inventaire, de la gestion et du support du parc informatique.
Aujourd'hui la question n'est plus seulement d'installer et de maintenir des postes individuels adaptés au travail et aux fonctions de chacun, mais de constituer et de maîtriser des systèmes d'information performants, conformes à la stratégie de développement de l'entreprise et, avant tout, suffisamment souples pour être capables d'évoluer avec elle.
C'est pourquoi le Directeur Informatique doit obligatoirement devenir un Gestionnaire à part entière.



Responsable de rubrique : Alain Steinmann
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