Chaque
semaine, le JI détaille les étapes de la construction
et présente l'évolution de sites Web remarquables.
Pour participer à cette rubrique, contactez François
Morel.
L'entreprise: Datatrader
a été fondée en août 1999, quatre
mois avant l'ouverture de son premier site OhMyDeal.com suivie
du deuxième, Oh'Points, en mars 2000. En avril, la
société devient filiale à 100 %
de Consodata dont elle prend la charge des activités
Internet.
Oh'MyDeal
est un site d'intermédiation entre des offres de partenaires
proposées à des conditions intéressantes,
et des internautes membres ayant décliné leurs
intentions d'achat de façon précise à
travers de multiples questionnaires. D'environ 450 promotions
tournantes par jour, le site devrait passer à plus
de 1.000 offres quotidiennes à la rentrée
selon ses créateurs. Avec près de 2.500 visiteurs
uniques par jour, il a enregistré depuis un mois une
audience de 600.000 pages vues.
Le
responsable du projet: En
tant que directeur technique, Vincent
Brouchet a dirigé l'équipe de trois
informaticiens qui a réalisé le site, tout en
participant lui-même aux développements. Il s'est
chargé de tous les aspects liés à l'architecture,
à la base de données et à la programmation
d'applications spécifiques en rapport avec le front-office
et le back-office.
Quels
ont été les objectifs du site au départ
?
Vincent
Brouchet : "Nous voulions être
un point de passage privilégié
pour le consommateur sur Internet. Nous ne
sommes pas un site marchand, mais nous demandons
simplement à l'internaute ce qu'il
est et ce qu'il désire. Le principe
est surtout de détecter les volontés
d'achat et de pousser en avant les bonnes
offres en étant anticipatifs et non
passifs." |
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Quels
ont été les moyens investis, financiers
et humains ?
"Le développement
du site a démarré en octobre
et a été accompli par trois
personnes, soit l'équivalent d'un
seul informaticien pendant 27 mois.
Nous avons dépensé près
de 3 millions de francs en licences
pour les logiciels."
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Quand
pensez-vous être rentables ?
"Notre objectif
est d'atteindre l'équilibre à
la fin de l'année 2001."
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Sur
quels outils s'appuie Oh'MyDeal ?
"Le
site tourne sur une plate-forme Windows NT avec
le serveur web IIS sur des ordinateurs Compaq. Mais
Windows NT n'est pas terrible. Notre serveur de
données est Solaris avec la base Oracle 8.05.
Et notre serveur de pages web est Scort IC, un outil
initialement dédié aux intranets qui
assure l'interconnexion entre le web et les systèmes
propriétaires." |
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Comment
procédez-vous pour personnaliser les offres
?
"Aucune
information concernant le client ne sort de
chez nous. Lorsqu'une offre a été
choisie, nous devenons opérateurs.
Toutes les informations sont disponibles pour
l'analyse, des réponses aux questionnaires
aux actes d'achats précédents.
Mais nous ne procédons pas encore à
l'analyse des fichiers logs pour tracer le
comportement de l'internaute sur le site.
Avec les outils décisionnels d'Oracle,
nous attaquons directement la base de production.
L'analyse, quant à elle, s'effectue
pour partie en mode reporting et dans d'autres
cas par la constitution de modèles.
Il s'agit de prévoir en partant du
même principe que les réseaux
neuronaux. A partir d'un point d'entrée
et d'un point de sortie, nous déterminons
la fonction qui va de l'un à l'autre.
La partie suivante n'est pas de mon ressort
mais de celui des statisticiens qui effectuent
les analyses classiques et factorielles, groupe
par groupe ou dans le détail." |
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Et
concernant les questionnaires ?
"Les
questionnaires en ligne ne sont pas toujours
les mêmes. Le site est constitué
de 18 univers et 44 sous-univers,
ou boutiques différentes. Il y a des
questionnaires pour consulter les offres et
commander, et d'autres pour chaque univers.
Nos statisticiens les préparent en
permanence à l'aide d'un générateur
automatique que nous avons développé
nous-mêmes en C. Celui-ci se sert d'un
langage de description des questions couplé
à un moteur de règles. Pour
illustrer, je dirais qu'à tel questionnaire
correspond x titres puis n questions,
etc. et tel contrôle doit être
exécuté à ce niveau.
A partir du paramétrage, l'outil génère
des pages HTML et des transactions. Oracle
se charge ensuite de la création des
tables et de leur mise à jour. Il suffit
aux statisticiens de 3 secondes pour
générer de façon automatique
la mise en page du questionnaire." |
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Qu'est-ce
qui se charge de l'affichage dynamique des pages
personnalisées ?
"Tout
est composé à la volée
par le moteur de Scort IC. L'internaute
effectue des choix et des arbitrages qui influent
sur la composition des pages suivantes. Il
ne s'agit pas vraiment de personnalisation
mais de quelques règles que nous avons
rentrées en fonction des informations
dont nous disposons sur les internautes. Nous
nous intéressons plus à ses
déclarations qu'à son comportement
sur le site, parfois erratique. Le déclaratif
a une vraie valeur pour nous."
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Comment
êtes-vous reliés au back-office ?
"Nos
applications back-office concernent la gestion
des membres, le suivi des commandes et la
mise en place des offres à travers
les liens avec nos partenaires. Tout a été
développé avec Scort IC, qui
présente le même type de fonctionnement
qu'ASP. Son moteur de scripting propriétaire
est vaguement orienté objet. Contrairement
à Java, il s'agit d'un langage très
facile à apprendre, à développer
et à maintenir. A vrai dire, il ressemble
un peu à un mélange de Pascal
et C++ avec un niveau d'abstraction supérieur.
Par exemple, il ne fait pas de distinction
entre chaînes numériques et alphanumériques,
ce qui évite de recourir à des
fonctions de transcription d'un type à
l'autre. Et contrairement à l'ASP de
Microsoft, il s'agit d'un environnement très
stable." |
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Avez-vous
rencontré des difficultés techniques
?
"La
première a été résolue
grâce à Oracle, qui nous a apporté
la certitude de l'intégrité
des transactions grâce à des
procédures stockées dans la
base. Celles-ci vérifient que la transaction
est bien remplie, que les données ont
été mises à jour, et
attribue des points de fidélité
qui sont géré par la base OhPoints.
Il faut s'assurer que les points ont été
donnés une seule fois et enregistrés,
et tout doit être bon ou l'on ne fait
rien du tout." |
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Et
des problèmes particuliers concernant la
montée en charge ?
"Oui,
au niveau des serveurs NT qui ne tiennent
pas la charge. Pour l'instant, nous nous en
tenons à la multiplication du matériel,
avec un parc de 5 serveurs installés
chez Colt Telecom. Nous avons un cluster sur
notre plate-forme de données Solaris
mais c'est plus pour des raisons de sécurité.
Colt Telecom assure la répartition
des charges. Quand on parle de failover (échange
de processeur à chaud), on arrive aux
limites d'un outil comme NT. Or, si NT commence
à saturer, c'est Scort IC qui tombe
en premier car il est le plus gourmand en
mémoire, mais le serveur HTTP continue
de fonctionner. Chaque fois que nous avons
eu des soucis, nous avons rétabli en
moins de 30 minutes." |
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Comment
gérez-vous l'ergonomie ?
"Nous travaillons avec plusieurs prestataires
car nos deux premières versions n'étaient
pas très satisfaisantes de ce côté-là.
Suite à cela, nous avons organisé
avec Young & Rubicam des focus groups
composés d'internautes membres ou non
membres afin d'obtenir et d'analyser les réactions
et critiques émises. Young & Rubicam
s'occupe également d'une partie du
rédactionnel. Et nous avons fait appel
à la société de graphistes
CDG pour le design." |
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Quelles
sont les évolutions prévues pour le
site ?
"Au niveau du front-office, nous venons
de sortir la version 3 et il ne faut
pas attendre de grosses modifications avant
un certain temps. Nous mettrons bientôt
en place un système de dialogue en
ligne qui jouera le rôle de support
client avec de vrais opérateurs. Le
contenu va énormément s'étoffer
avec de nombreux questionnaires et offres
supplémentaires." |
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Quelles
leçons avez-vous tirées de votre expérience,
et quels conseils donneriez-vous à ceux qui
se lancent ?
"La
première leçon est que l'on
peut se faire des idées sur le comportement
d'un internaute en ligne, mais il y a souvent
un écart énorme avec la réalité.
Nous avons été très étonnés
lors des focus groups de voir ce que des personnes
faisaient sur l'écran, comme des papillonnages
que nous n'imaginions pas. Souvent, les gens
ne lisent pas ce qu'il y a sur l'écran.
Ils cliquent là où ils pensent
qu'ils peuvent cliquer sans avoir à
lire. Au
départ, j'avais l'idée d'un
outil un peu froid, mais nous sommes amenés
à davantage humaniser la relation." |
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Liens
utiles
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