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Interviews |
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Olivier Beaudet
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pdg
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Artful
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"Pour
les sites complexes, il y avait un manque dans l'offre
de services" |
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Pas vraiment hébergeur, ni vraiment SSII, Artful
appartient à ce nouveau type de prestataires, les
MSP : Managed Service Provider. A ce titre, Artful assure
l'infogérance d'infrastructures Web complexes.
Un positionnement qui date de l'été 2000
et lui assure une place à part dans le paysage
des e-prestataires. Artful vient de recevoir le prix de
la Start-up à l'occasion des Trophées
de la Nouvelle Economie de Rennes. Entretien avec
Olivier Beaudet, co-fondateur
et pdg.
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Propos recueillis par
Cyril Dhenin le 27 novembre
2001
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Artful
a été créée en 1997. Avez-vous
eu dès le départ ce positionnement de MSP
?
Olivier Beaudet:
Pas vraiment. En
1997, Sébastien Burel (directeur général
et co-fondateur, ndlr) et moi avions l'idée avant
tout de créer une société dédiée
aux sites Web complexes. A l'image d'ailleurs de notre
première grande référence, la Comédie
Française, pour laquelle nous avons développé
un système de réservations de places en
ligne. Bref, l'idée à l'époque était
de faire la différence avec les agences web en
nous concentrant sur les architectures complexes.
Comment
avez-vous glissé vers l'infogérance de ces
architectures ?
Nous avions l'habitude de
nous occuper de l'hébergement de nos clients. Tâche
dont nous nous acquitions un peu comme tout le monde,
c'est-à-dire en plaçant des serveurs dans
des datacenters. Au fil de ces expériences, nous
avons constaté qu'il était très difficile
de trouver des solutions adéquates pour des architectures
complexes et critiques. Ce fut notamment manifeste quand
nous avons travaillé sur le site de jeux Winamax.
Personne n'était vraiment outillé sur le
marché pour administrer totalement et avec de forts
engagements des architectures web multi-niveaux. En résumé,
nous avons observé un trou dans l'offre de services
entre la conception de ces architecture et leur hébergement
brut.
A
partir de quand avez-vous décidé d'en faire
un axe de développement ?
A
partir de l'été 2000, nous avons décidé
d'opérer un virage stratégique vers l'infogérance
des architectures Web complexes. Nous avons pris cette
décision après avoir examiné comment
nous pouvions industrialiser l'exploitation des sites
complexes. En fait, nous avons constaté que la
majeure partie des pannes proviennent d'erreur humaines
qui surviennent notamment dans les phases de mises à
jour techniques. Nous avons donc développé
un automate logiciel qui prend en charge ces travaux d'administration.
Un robot que nous ajustons et testons en permanence.
Pour
industrialiser ainsi l'exploitation, il vous faut forcément
limiter la liste des briques applicatives que vous êtes
capables de maintenir...
C'est
vrai et nous avons fait nos choix. Pour les OS: Solaris,
Linux et Windows NT/2000. Pour les serveurs web : Zeus,
Apache, puis iPlanet et IIS. Pour les serveurs applicatifs:
les technologies de script (PHP, ASP, Cold Fusion) et
les serveurs J2EE comme Tomcat ou encore Web Logic.
Dans
combien de datacenters êtes-vous présents
? Aujourd'hui,
nous sommes présents dans quatre centres. Dans
deux d'entre eux, nous n'avons que des serveurs dédiés,
et dans les deux autres des plates-formes que nous pouvons
mutualiser. En fonction des projets, nous pensons que
certains services, pour les frontaux web ou la sécurité
par exemple, peuvent être mutualisés.
Concrètement,
à quel moment de la conception de l'architecture
intervenez-vous ? Comment faites-vous si l'une des briques
définies n'entre pas dans votre champ d'exploitation
?
Idéalement,
nous préférons être consultés
quand un recentrage est encore possible, quand nous pouvons
encore conseiller une brique plutôt qu'une autre
parce que l'exploitation sera plus facile ou plus sûre.
Mais quand l'architecture nous semble trop éloignée
de ce que nous maîtrisons, il nous arrive de refuser
le projet.
Quels
sont vos principaux concurrents ?
C'est
difficile à dire dans la mesure où la formulation
des projets est telle que, souvent, beaucoup d'acteurs
différents y répondent. Disons toutefois
qu'Integra et Atos sont des concurrents proches.
Vous
êtes 30 aujourd'hui - essentiellement des ingénieurs.
Comment financez-vous votre croissance ?
Fin
2000, nous avons levé quatre millions d'euros pour
un plan de développement de deux ans sur lequel
nous sommes en avance. Pour l'heure, nous n'avons donc
pas besoin d'une autre levée. Nous ferons le point
dans six mois, afin d'examiner si oui ou non nous avons
besoin d'un coup d'accélérateur.
Quel
est l'état de votre portefeuille clients et quels
résultats prévoyez-vous ?
Nous
comptons 50 clients pour environ 250 sites gérés.
Et pour 2001, nous pensons générer un chiffre
d'affaires d'environ 1,7 million d'euros.
Initialement, nous avions prévu 2 millions d'euros:
la différence vient du fait que nous n'intégrons plus
en standard la location de serveurs dans notre offre.
Nous préconisons à nos clients de contracter directement
auprès des constructeurs ou auprès de crédit-bailleurs
pour financer sur 24 ou 36 mois leurs serveurs dédiés.
Cela n'a donc aucune incidence sur la rentabilité de nos
services
Ressentez-vous
un fort infléchissement du marché ?
Il
est clair que les cycles de vente s'allongent et que les
gros projets sont aujourd'hui initiés par des entreprises
traditionnelles et non par des "pure players"
du Web. Pour le moment, nous n'en souffrons pas vraiment.
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Avant de fonder Artful en 1997, Olivier Beaudet et
Sébastien Burel, tous deux de formation Epita,
ont travaillé pour Havas Edition Electronique (édition
de CD-Rom grand public) puis pour Havas Online.
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