Interviews |
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André Andrieux
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PDG
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EMC
France
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"Nous
ne sommes pas candidats à un quelconque rachat, de la
part d'IBM ou de qui que ce soit d'autre" |
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A l'heure du bilan 2001, celui du leader du stockage n'est
guère brillant. Chiffre d'affaires en baisse de 20%, suppression
de plus de 5000 postes au plan international, rumeur de
rachat par IBM... Les raisons de faire le point avec EMC
ne manquent pas à l'occasion de la publication des résultats
annuels de la société. |
Propos recueillis par
Marc Lemesle le 25 janvier
2002
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JDNet
Solutions : Il y a un an, vous annonciez une croissance
de 35% pour 2001 (avec un CA prévisionnel de 12
milliards de dollars), et vous annoncez aujourd'hui une
perte de 20% de CA entre 2000 et 2001, avec un CA de 7,09
milliards. Comment expliquez-vous ce revers ?
André Andrieux.
Il
y a deux type d'explications. D'un point de vue macro-économique
d'abord, je vous rappelle qu'il y a encore un an, les
analystes prévoyaient une croissance globale continue
pour les cinq ans à venir. Lorsque nous avons senti
qu'il n'en serait rien, nous avons - dès février
2001- annoncé que nous révisions nos prévisions
de croissance à la baisse. Entre-temps les événements
du 11 septembre dernier ont eu lieu, qui ont achevé
de mettre un frein aux perspectives de reprise rapide
de l'économie. A cela, il faut ajouter des raisons
sectorielles. Les opérateurs d'abord, ont réduit
drastiquement leurs investissements d'infrastructure de
stockage. Suivis par les dotcoms, que nous avions largement
équipées au moment de l'euphorie de la bulle
Internet
On a beaucoup parlé d'un
effritement de vos parts de marché en 2001, au
bénéfice notamment d'IBM. Etes-vous d'accord
sur ce constat ?
Je vous donnerai quelques chiffres, issus d'IDC. Hors
marché du DAS, sur lequel nous n'avons que 6% de
parts de marché aujourd'hui, nous avons sur le
marché du stockage en réseau (NAS et SAN),
plus de parts de marché que nos deux rivaux immédiats
cumulés. Nous en sommes à 39%, alors que
les parts de marché d'IBM ne représentent
que 15% et celles de Compaq 14%. Pris séparément,
sur le marché du NAS, nous sommes n°1 avec
42% contre 33% pour NetApps, dont c'est pourtant la chasse-gardée.
Idem pour le SAN : EMC possède 38 % de parts de
marché, devant Compaq et IBM (18%). Et ce dernier
revient de loin, qui était à 10% de parts
de marché en 2000. Il faut par ailleurs noter que
c'est tout le marché du stockage qui est entré
en crise cette année, avec une diminution globale
de 18%. Je considère donc que nous n'avons pas
perdu de parts de marché cette année.
20%
de baisse de votre CA, c'est quand même deux points
au-dessus de la baisse du secteur, non ?
Oui. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Lorsque
l'on extrait de nos résultats l'activité
serveur de Data General (rachetée en août
1999 par EMC, ndlr), ce que nous faisons depuis toujours,
nous n'enregistrons pas 20% de baisse, mais seulement
17,7%.
Quelle
est l'évolution de votre CA entre 2000 et 2001
sur les différents segments du marché que
vous occupez ?
Le marché du DAS (Direct Attached Storage) est
en baisse. Mais concernant le NIS (Network Information
Storage, SAN et NAS), nous avons progressé de 26%.
Nos ventes de software ont également augmenté
de plus 9%, à 1,56 millions de dollars en 2001.
Les services - maintenance et audit d'architecture - ont
cru de 59% de leur côté, pour atteindre 972
millions de dollars fin 2001.
Vous
avez annoncé l'année dernière un
plan de restructuration important, incluant 4360 suppressions
d'emplois sur un total de 24 500, auxquels il est prévu
d'ajouter 1140 suppressions supplémentaires cette
année. Plus de 31% des effectifs en France (180
personnes sur 570) vont être touchés par
cette mesure. Comment allez-vous gérer la réorganisation?
Nous allons
recentrer nos efforts, et notamment ceux de la force commerciale,
sur un nombre limité de grands groupes. En France,
nous nous sommes fixé une liste de 50 grands comptes
que nous adresserons directement. Pour les entreprises
moins importantes ayant besoin de systèmes prêts
à l'emploi, ce sont nos partenaires intégrateurs
(Bull, Dell, Fujitsu, Unisys, NCR, etc.) qui nous relaierons.
Il n'est en effet pas question que nous nous retirions
de ce marché.
Où
en êtes-vous de vos négociations avec le
Comité d'Entreprise d'EMC pour le plan social en
France ?
Nous avons signé un accord sur la continuation
de la mise en place du plan social. Nous entamons le troisième
volet des négociations dont les résultats
seront rendus publics à la mi-février. Ce
que je peux vous dire actuellement, c'est que 178 postes
seront supprimés à terme.
Selon
certaines sources, la provision pour charge exceptionnelle
serait de 18,75 millions d'euros pour les suppressions
d'emploi en France. Vous confirmez ce montant ?
Il s'agit là d'informations non-officielles sur
lesquelles je n'ai pas de commentaires à faire
pour le moment.
Quels
seront les axes de développement d'EMC dans les
années qui viennent ?
Nous misons sur les
segments à notre sens les plus porteurs. Le premier
axe sera celui du stockage en réseau, qui représentera
les 2/3 du marché en 2005. Le second vecteur, est
la vente de software, qui réprésente 22%
de nos ventes cette année et qui devrait atteindre
30% environ d'ici à 3 ans. Nous comptons beaucoup
sur Auto IS pour cela.
Vous
avez beaucoup communiqué sur votre volonté
d'ouverture justement, mais concrêtement on ne voit
pas venir grand chose depuis l'annonce d'échange
d'API avec Compaq en novembre dernier...
Il faut
savoir se montrer patient. Cet accord est encore très
récent. Nous avons un roadmap bien rempli pour
2002, qui, vous le verrez, entérinera notre politique
d'ouverture prochainement.
Des
rumeurs de rachat par IBM ont couru il y a 10 jours. C'est
la seconde fois en quelques mois. Sont-elles fondées
?
Selon les
informations que nous avons en interne, il s'agit là
de pures spéculations. Je peux vous dire que nous
ne sommes pas candidats à un quelconque rachat,
de la part d'IBM ou de qui que ce soit d'autre. L'état
de notre trésorerie est sein, avec 5,1 milliards
de dollars, et malgré le coup dur qui touche certains
collaborateurs, nous envisageons l'avenir sereinement.
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Arrivé
en 1998 chez EMC, André Andrieux est Président
Directeur Général d'EMC France depuis
mai 2000. Avant d'occuper ce poste, il a été
pendant quatre ans directeur général Europe
du Sud chez Data General, fonction qu'il a occupé
2 ans à son entrée chez EMC. Entre 1992
et 1994, il a été successivement vice
président Europe du Sud chez Sybase et vice président
Europe chez Kendall Square Research.
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