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Interviews

Gérard Delor
Vice-président Europe
Symetrx

"Avec le peer-to-peer, nous couvrons toute la chaîne logistique"
          

Editeur franco-américain, Symetrx a été fondé en 2000 par des anciens de SynQuest, en particulier Laurent Martineau spécialiste du SCM (gestion de la chaîne logistique) et de l'EAI (intégration inter-applicative). A la différence de nombreux acteurs, il arbore un positionnement d'un genre un peu nouveau sur le segment de la collaboration b-to-b au sein de la chaîne logistique. A la manière de Groove, son produit phare eTango lancé tout récemment (fin avril 2002) s'appuie sur une architecture de réseau peer-to-peer - de même nature que Napster - pour faciliter les interactions entre clients, fournisseurs et autres partenaires de tout bord.

Jusqu'à présent, la société a pu recueillir quelque quatre à cinq millions d'euros en deux levées de fonds successives, qui lui ont permis de mener ses développements à terme. Pour examiner les enjeux derrière les choix technologiques de Symetrx et comprendre les bénéfices que peut apporter son progiciel en terme de collaboration, nous avons interrogé son nouveau vice-président pour l'Europe. Lui aussi ancien de SynQuest, Gérard Delor explique comment, entre autres, l'entreprise peut s'appuyer sur une architecture décentralisée afin de faciliter l'intégration de ses partenaires à son réseau logistique dématérialisé.


Propos recueillis par François Morel le 19 avril 2002 .

JDNet Solutions : à quel type de besoin répondez-vous ?
Gérard Delor : Nous avons créé Symetrx à partir d'un constat: les chaînes logistiques sont de plus en plus morcelées. D'un point de vue économique, ce morcellement est bénéfique car les entreprises qui oeuvrent dans ce contexte sont fortement spécialisées. Elles bénéficient donc d'économies d'échelle et d'une performance accrue en terme de contenu. Mais si le client final achète un produit abouti avec une prestation complète, l'entreprise qui est la plus proche de ce client se doit d'intégrer plusieurs modules. Elle doit donc de plus en plus faire appel à ses partenaires pour construire une solution globale afin d'avoir une bonne visibilité de sa chaîne logistique. Et plus elle se rapproche du consommateur, plus ce besoin est important. En peu de mots, Symetrx a été fondé tout simplement du fait que, dans la situation actuelle, la plupart des entreprises ont des outils qui ne sont pas conçus pour collaborer à l'extérieur de leurs murs.

Ne pensez-vous pas que ce ne sont pas forcément les outils qui font défaut ?
Au niveau du discours, l'on constate effectivement qu'un certain nombre d'acteurs disent pouvoir faciliter la collaboration avec l'extérieur.
Mais proposent-ils dans leur produit des capacités de structurer le langage commun par segments verticaux ? Au delà de la technologie, je parle bien du langage commun au sens du simple véhicule. Je ne pense pas que ces acteurs relient aussi bien que nous le sell side et le buy side (les applications côté vendeurs et côté acheteurs, ndlr) en intégrant les contraintes de la production. Généralement, les solutions proposées par les éditeurs s'adressent soit aux vendeurs, soit aux acheteurs mais pas les deux sauf de rares cas comme I2 qui est plus au milieu. Au bout du compte, il faut procéder à l'adjonction de plusieurs produits et de plusieurs technologies pour parvenir au résultat complet. Or, c'est la proposition de notre solution eTango qui offre une structure de données unique au dessus d'un modèle unique.

Il s'agit donc d'une question d'intégration. Mais laquelle ? Pourriez-vous être plus précis pour nos lecteurs ?
Je pense qu'il est fondamental d'intégrer les éléments de production. Ce qui gêne l'entreprise en réseau n'est pas tant d'intégrer le sell side et le buy side, ce qu'elle parvient assez bien à accomplir. C'est plutôt l'intégration avec le back-office qui pose le plus de difficultés. Car en général, les entreprises ont un progiciel de gestion intégré qui n'a pas été conçu pour cela.

Prenons une application typique de notre solution : le co-branding et le co-marketing dans la grande distribution. A ma connaissance, il n'existe pas d'autre logiciel qui puisse aider l'entreprise à construire des produits co-packagés avec des fournisseurs disjoints, en assurer la distribution sur le réseau, et permettre un suivi logistique coordonné du produit en co-branding ou co-packing. Dans le secteur de l'industrie, cela demande une certaine coordination entre les différents sous-traitants.

Le produit est constitué d'un ensemble de services qui sont soit tournés vers le client, soit vers le fournisseur, soit vers la modélisation du savoir interne à l'entreprise. Il faut pour cela faire intervenir des règles qui peuvent être des règles de production, des règles de vente et des règles d'achat. Les services sont configurables dans des processus grâce à un outil BPM (Business process management). L'ensemble est complété par un moteur d'optimisation comme ceux que l'on retrouve dans le cadre du sourcing. Mettons qu'une demande soit configurée par un fournisseur. La requête sera diffusée sur le réseau de partenaires. Notre système est capable d'analyser la qualité des réponses, de les comparer entre elles et de les classer pour les présenter à celui qui a initié la requête, soit globalement, soit selon l'une des trois composantes que sont les délais, les coûts et le contenu qualitatif du produit.

Entendu. Au delà de ces arguments qui sont tout de même assez répandus, quel est l'élément différenciateur de votre offre ?
Il est très clair que lorsque l'on écoute le discours de certains acteurs, il est assez similaire au nôtre. Mais derrière, l'intégration n'est pas la même. En ce qui concerne I2, il est indéniable que leur positionnement sur le marché de la gestion de la chaîne logistique ne peut pas être remis en question. Ils ont ensuite évolué vers les technologies Internet et intégré différents éléments de leur offre. Mais nous présentons une grosse différence par rapport à eux, puisque notre solution fonctionne en peer-to-peer. L'intitulé de notre produit correspondant dans la suite eTango est Peer-to-Peer Business Exchange.

Justement, quels bénéfices l'entreprise peut-elle retirer du peer-to-peer en matière de collaboration avec ses partenaires ?
L'apport est très important. En pratique aujourd'hui dans les systèmes d'information de ce type, les plates-formes s'appuient sur des hubs (concentrateurs) centralisés sur lesquels il faut procéder à un travail de réplication de l'information de l'entreprise. Avec eTango, chaque entreprise appartient à un réseau. Pour en revenir au langage commun du sens, nous donnons la possibilité à l'utilisateur d'établir des liens non rigides et des liens d'opportunité quand il formule ses requêtes. En fait, nous avons voulu reproduire le fonctionnement cellulaire de la nature, qui n'a rien trouvé de mieux que des cellules communiquant entre elles pour tenir compte de la complexité. Le grand avantage est de faire progresser tout doucement le réseau de partenaires.

Prenons l'exemple d'un constructeur automobile comme Renault. Dans un premier temps, celui-ci modélise les cellules de ses fournisseurs ou de ses sous-traitants les plus importants. Si l'un de ces fournisseurs le désire, il prend possession de la brique eTango tout en restant partenaire de Renault. De la sorte, le système permet à chaque entreprise de construire son réseau d'affaires et de le rendre accessible par les autres. C'est pour cela que nous avons développé une architecture peer-to-peer. Il est difficile d'imaginer que tout le monde puisse se raccrocher à un système central. Et pour que l'entreprise puisse profiter d'un processus de communication avec tous ses partenaires, nous avons développé notre propre couche de communication, car les standards sont en train d'émerger.

Comment résolvez-vous la question du déploiement de la solution ?
Au départ, il y a un grand compte comme Auchan qui dit "je veux développer ma plate-forme de relation avec mes fournisseurs, et je vais donc commencer par un ou deux qui sont les plus significatifs". Ceux-ci peuvent prendre la cellule eTango et continuer à développer le réseau vers leurs propres partenaires. Et de proche en proche, nous couvrons ainsi toute la chaîne logistique.

Le grand compte en question ne va-t-il pas craindre de perdre le contrôle de sa chaîne logistique ? Et comment percevez-vous les revenus des licences de la part des fournisseurs qui rejoignent le réseau ?
L'acceptation de la part du grand compte ne pose aucun problème car il a tout intérêt à le faire. Le premier paie une licence et le surcoût est minimal par partenaire connecté. Mais quand un partenaire décide de développer son propre réseau, il doit racheter les droits à Symetrx. Et il règle avec Auchan ou Renault les plans en rapport avec leur business. A priori, le donneur d'ordres ne peut pas empêcher ses partenaires d'avoir le système qui leur permet de se développer au mieux. Du reste, il a tout intérêt à ce que le fournisseur de premier rang soit intégré avec le fournisseur de deuxième rang et que ce dernier le soit avec le troisième rang.

Ce que je crois aussi, c'est qu'aujourd'hui ce sont précisément les systèmes centralisés qui effraient les partenaires. Ceux-ci sont obligés de se connecter dessus et ont une appréhension, justifiée ou non, concernant la perte de leurs données. Et s'ils participent aux transactions sur plusieurs places de marché privées et publiques, il sont obligés à chaque fois de fournir un effort d'intégration.

Quel modèle de réseau peer-to-peer mettez-vous en place ? Un modèle pur entre postes pairs, ou un modèle mixte avec un serveur de synchronisation ?
Nous avons une approche assez similaire à celle de Groove. Ce sont des serveurs qui discutent en peer-to-peer, et c'est donc de serveur à serveur que se passent les requêtes. A l'intérieur du serveur se trouve des cellules, chacune modélisant un partenaire. Il est effectivement important de préciser ce point car plusieurs possibilités existent derrière le peer-to-peer.

Pour en revenir au déploiement, un grand donneur d'ordres peut décider de déployer lui-même la solution en mode ASP, en décidant de positionner toutes les cellules chez un fournisseur ASP indépendant. Mais la structure du peer-to-peer donne aussi la possibilité au partenaire de construire sont réseau quand il le décide. Une fois cette décision prise de s'approprier la brique, le partenaire en question détache la cellule et l'implante sur une autre machine. Et comme cela, il peut étendre le processus de collaboration de proche en proche à l'intérieur de la chaîne logistique, sans contraintes fortes sauf le langage commun à la branche auquel il appartient.

Des "langages communs", ou spécifications XML verticales, combien en supportez-vous ?
De ce point de vue, nous développons graduellement car dans bien des cas les normes ne sont pas stabilisées en profondeur. Par exemple, RosettaNet est descendu à un niveau très bas, mais aujourd'hui tout le monde dit que la norme de base est ebXML, avec au dessus les spécifications verticales. Notre approche est de développer des passerelles. eTango s'appuie sur un vecteur de catalogue intelligent, et sur un processus de propagation et de concaténation des réponses aux requêtes. Cette mécanique de double flux permet de développer des processus qui vont au delà des RosettaNet et ebXML avec les standards verticaux. C'est pourquoi nous développons des passerelles, et c'est ce que font beaucoup d'autres éditeurs comme nous.

Quel niveau de sécurité proposez-vous ?
Bien évidemment, nous nous devons de prendre en compte les problématiques de sécurité, telles l'authentification forte. Chaque cellule modélise un partenaire, et chaque partenaire est maître de son environnement. De fait, il installe ce qu'il doit installer pour sa sécurité, et c'est une ouverture que chacun contrôle à son niveau. Il dispose d'applications configurées à la demande et propage des requêtes chez son fournisseur, puis chez le fournisseur de son fournisseur. Pour mieux comprendre de quoi il s'agit, nous fournissons l'accès vers un exemple en ligne de configuration d'un PC (espace démonstration sur le site de l'éditeur, ndlr).

A présent, quelles évolutions techniques préconisez-vous pour eTango ?
Notre première ambition est de simplifier la problématique d'intégration. Vis-à-vis des ERP, nous savons qu'il faut encore rajouter des éléments pour rendre l'entreprise agile. Et nous savons aussi que la demande réelle envers le type de produits que nous proposons va surtout commencer à se faire jour en 2003 ou 2004. C'est pourquoi nous voulons d'abord travailler sur des projets pilotes, et ensuite profiter de l'engouement réel du marché. L'accroîssement de la richesse fonctionnelle et des capacités d'intégration sera notre plus forte orientation d'ici là. Nous voulons évoluer dans ce sens, progressivement et continuellement.


Avant de rejoindre Symetrx début 2002 au poste de vice-président Europe, Gérard Delor, 46 ans, a consacré une part importante de ses vingt années de carrière au secteur de la gestion de la chaîne logistique. Ces quatre dernières années, il était directeur général Europe du Sud chez l'éditeur spécialisé SynQuest. Auparavant, il a également travaillé chez l'éditeur de progiciels de gestion intégrés Marcam (affilié à Wonderware, devenu filiale d'Invensys Plc tout comme Baan). Diplômé de l'ESC Lyon, il a débuté sa carrière chez Hewlett-Packard dont il devient directeur de la planification du site situé à l'Isle d'Abeau, avant de se retirer en 1989 pour devenir consultant chez Cap Gemini.

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