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Interviews

Jacques Moulinec
Directeur des opérations Europe
Orsyp

"Un projet informatique ne s'arrête pas pour des raisons d'exploitabilité" (Partie 1)
          

Fondé en 1986 par son actuel P-D.G. Jean-Jacques Parinet, Orsyp se définit à la fois comme cabinet de conseil, SSII et éditeur de logiciels. A la convergence de ses activités, la production informatique demeure la plus partagée, mais aussi la moins médiatisée et la plus obscure des activités des grandes DSI. Avec sa gamme d'outils DollarUniverse, Orsyp répond en tant qu'éditeur aux besoins d'ordonnancement d'environ 800 grands comptes à travers le monde, dont presque la moitié en France. Parmi ses clients en la matière, des références comme France Télécom et PSA PeugeotCitroën.

En attendant, à quels besoins répond l'ordonnancement ? Et au delà des aspects technologiques, comment l'entreprise doit-elle envisager la gestion de sa production informatique dans une dynamique de conduite du changement ? C'est donc vers l'activité conseil d'Orsyp que nous nous tournons en vue d'obtenir des réponses à nos interrogations. Entretien avec Jacques Moulinec, son directeur général pour la France et l'Europe.

Lire la seconde partie de l'interview

Propos recueillis par François Morel le 31 mai 2002 .

JDNet Solutions : comment définir l'ordonnancement qui se situe au centre des problématiques d'entreprise auxquelles vous répondez ?
Jacques Moulinec : L'ordonnancement consiste à structurer et industrialiser toutes les parties "batch" d'une exploitation.
Dans une DSI, il faut bien distinguer le département des "études" qui crée et développe les applications demandées par la maîtrise d'ouvrage, de la production informatique qui a plusieurs buts. Ses principaux objectifs se définissent par le fait d'insérer des applications sur les systèmes d'information existants sans perte de qualité, et de faire fonctionner ces systèmes au quotidien avec la qualité attendue. Donc l'ordonnancement, c'est la bonne synchronisation au quotidien de tous les programmes "batch" (les tâches répétitives automatisées, ndlr) de votre informatique.

Prenons par exemple un système d'information d'une entreprise de la grande distribution. Au quotidien, des personnes vendent des articles en magasin, et le soir il faut procéder à la clôture des caisses, ce qui représente un premier traitement "batch". Ensuite, une fois que les données sont envoyées au siège, elles subissent un certain nombre de traitements liés par exemple à la consolidation des stocks, la mise à jour des prix, etc. Et notre produit DollarUniverse est là pour assumer l'ensemble de la synchronisation de ces tâches fonctionnelles.

Au global, un ordonnanceur - ou scheduler - est nécessaire dans toute informatique de taille importante. Que ce soit au niveau des traitements de nuit, ou de la synchronisation avec des sauvegardes, il faut pouvoir gérer les "batch". Le scheduler est responsable du bon déclenchement de la réplication avec toutes les fonctions. Voilà pour notre activité d'éditeur de logiciels. A côté, notre deuxième ligne de produits est le conseil auprès de la production informatique, dans le cadre duquel nous menons des missions d'expertise.

Justement, quel est le rôle du conseil auprès de la production informatique ?
Jean-Jacques Parinet vient du conseil et a démarré cette activité en même temps que la société. Par la suite, cette ligne de produits a continué à vivre. Nous l'avons développée il y a trois ans car l'organisation dans les productions informatiques s'est accrue de manière très conséquente.

La production informatique ressemble un peu à une production industrielle, mais suivant un principe adapté au traitement de l'information. Il existe cependant une différence importante entre les deux, qui représente aussi une forte contrainte liée à la nature même de l'information. Dans notre domaine, les outils de production - c'est-à-dire les serveurs - ont une durée de vie très courte. Au niveau des équipements de production dans l'industrie, la durée de vie est généralement de 10 ou 15 ans, alors qu'elle est de 2 ou 3 ans dans le monde informatique avec des contraintes internes très fortes. Pour reprendre l'exemple du monde industriel, il existe des entités et des méthodes qui garantissent que le design d'une automobile est bien compatible avec une production sur les chaînes de montage, à coût acceptable. De la même façon en production informatique, l'une des phases stratégiques est l'industrialisation des applications, et la garantie qu'elles seront bien exploitables in fine.

Par conséquent, l'entité de conseil d'Orsyp a vocation d'organiser la production informatique en fonction des besoins clients, pour une bonne exploitabilité du système d'informations.

Pourquoi dites-vous que l'organisation dans les productions informatiques s'est accrue ces dernières années ?
Historiquement, les systèmes d'informations étaient plutôt en back-office des métiers de l'entreprise, et la qualité de la production informatique était ressentie par les utilisateurs internes. Aujourd'hui, avec les mutations d'Internet et le développement des applications bancaires et du commerce électronique, le client est en frontal avec le système d'informations de l'entreprise. C'est l'une des évolutions majeures depuis deux ou trois ans. L'enjeu est aujourd'hui d'être stable et robuste vis-à-vis du client de l'entreprise, et c'est un enjeu de pur business. La production informatique est passée d'un poste de charge à un avantage compétitif, à condition qu'elle soit performante. Si le site Web s'arrête, les internautes vont sur un autre site. Donc la situation actuelle reflète à la fois une stabilité et une forte évolution.

D'autre part, il y a aussi eu une course à l'innovation sur les premiers sites et notamment les applications bancaires. Les enjeux des productions informatiques ont alors été de faire savoir évoluer un site à un rythme hebdomadaire, d'y insérer régulièrement de nouveaux applicatifs et de nouvelles fonctions, sans pour autant perturber la qualité perçue par l'internaute. Tout cela est possible, mais seulement avec une bonne gestion du processus de versioning (gestion des versions) et de la configuration du système d'informations.

Un autre exemple intéressant est celui de l'évolution des productions informatiques chez les telcos (opérateurs de télécommunications). Les opérateurs mobiles exploitent une application de gestion de la facturation qui se déclenche dès que l'usager commence à téléphoner. Il faut pour cela maintenir une connexion avec le système d'informations qui trace le temps. Cette application a droit à zéro défauts, sinon c'est le réseau mobile de l'opérateur qui s'arrête, avec des pertes énormes. Or, quand vous regardez la courbe des ventes de mobiles en France, il fallait être capable, quand on était opérateur, de multiplier par deux en quelques mois la capacité de volume de son système d'informations. Les DSI devaient donc faire "fois 2" sans aucune perte de qualité. La production informatique a aujourd'hui des contraintes énormes que sont la stabilité et la robustesse de son système d'informations, une forte qualité de service, et une réactivité intense.

Quelles sont les principales idées reçues auxquelles vous devez faire face à propos du domaine dans lequel vous intervenez ?
Pour des raisons historiques, je dirais que c'est d'abord le discours selon lequel la robustesse serait le socle majeur de la culture d'une production informatique. Aujourd'hui, la flexibilité de l'organisation et l'adaptabilité deviennent des enjeux aussi majeurs du fait de l'agilité demandée aux entreprises. Ensuite, les productions informatiques ont longtemps été vues comme des postes de charges et de coûts. Mais aujourd'hui, cette idée reçue est en train de voler en éclat.

Selon vous, la qualité de service parfaite est-elle une utopie ?
Effectivement aujourd'hui, en plus des aspects que je viens de vous mentionner, l'on commence à constater en terme d'idées reçues une tolérance nulle aux pannes et un zéro arrêt de la production informatique. En même temps, cette considération est de plus en plus permise, et ce pour deux raisons. D'une part, les constructeurs et les éditeurs ont fortement progressé dans ce sens. Mais le zéro défaut à l'obtention de service n'est possible que si les départements de production informatique ont une organisation adaptée. Par rapport à cela, la réponse ne vient pas uniquement de la technique, ni des méthodes et des process, ni uniquement des hommes. Ce sont les trois qui doivent fonctionner ensemble. Les outils ne suffisent pas pour assumer tout le travail afin de fournir le meilleur service. Ils sont indispensables, mais l'organisation interne et la normalisation applicative le sont également.

Quels dysfonctionnements rencontrez-vous le plus souvent au cours de vos missions de conseil ?
La première source d'erreur touche à la communication entre les départements d'études et la DSI. La compréhension peut parfois être difficile, car un département d'études doit répondre à des demandes de réalisations fonctionnelles exprimées par la maîtrise d'ouvrage. Vis-à-vis de la production informatique, l'enjeu est de garantir que l'ensemble sera stable une fois en production. C'est un peu une image d'Epinal illustrant l'organisation informatique. L'un des points cruciaux pour améliorer cette communication est d'avoir au sein des productions informatiques des chefs de projet qui sachent partager les préoccupations des groupes d'études. Et qui sachent aussi remonter en amont sur les préoccupations des utilisateurs en matière de niveau de service, afin d'être capable de les transmettre aux productions informatiques. Nous mettons de plus en plus en place ce schéma dans les entreprises.

Arrive-t-il que les deux entités s'ignorent mutuellement ?
Sans aller jusque-là, il existe dans certaines directions informatiques un balancier très fort orienté vers les études, avec parfois des chefs de projets et des développeurs qui vont jusqu'à exploiter un applicatif au quotidien. Le matin en arrivant, ils regardent si les "batch" se sont bien passés, si les traitements ont été effectués, si tout va bien au niveau de la base de données, etc. Ce n'est pas du métier de développeur, et pendant ce temps-là ils ne développent pas. Cela a donc tendance à diminuer la productivité des groupes d'études. Il nous est arrivé de trouver des organisations de ce type. Le remède mis en oeuvre a été la création de cellules d'industrialisation et la mise en place de groupes d'études focalisés sur les développements.

Maintenant, j'ai aussi vu des situations concrètes où le fait de ne pas avoir pris en compte les conditions d'exploitation avait pour conséquence le fait que le constat d'échec n'était pas réalisé sur le pilote. Parfois au niveau du pilote, l'on pouvait voir que la montée en charge ne serait pas possible au final, mais rien n'a été fait. Des éléments peuvent être négligés, et le risque que l'architecture ne soit pas la bonne apparaît généralement dès le pilote. J'ai eu l'occasion de constater ce problème dans le domaine bancaire. Il a fallu tout un travail très coûteux de réingénierie de la solution, et d'autant plus coûteux qu'il a fallu l'accomplir en aval et en urgence pour sauver un investissement déjà réalisé. Certains pourront répondre à cela qu'il existe une autre solution : augmenter l'investissement sur la taille des serveurs. Mais ce n'est qu'un pis-aller. Tout comme les volumétries doivent être anticipées, le fait que l'ensemble puisse être supervisé à moindre coût fait partie de ce qui doit être prévu d'avance.

Lire la seconde partie de l'interview


Jacques Moulinec, 34 ans, a rejoint Orsyp en 1994 pour y assumer des fonctions liées à la recherche & développement et à la gestion des activités de services informatiques. Quatre ans plus tard, il conduit la création d'Orsyp Consulting, division de conseil du groupe dont il prend en 2001 la responsabilité des opérations France, Italie et Allemagne. Sorti ingénieur diplômé de l'Ecole Centrale en 1992, il est également titulaire d'un CPA.

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