Quel
effet cela fait-il d'être placé au coeur
de la production ?
Pierre-Yves Rouault.
C'est à la fois plus exaltant et plus difficile :
les problématiques d'Intranet ou de parc informatique
passent au second plan, au profit de la gestion des
développements et la gestion du site. L'informatique
participe directement du coeur du métier de l'enteprise :
toutes les grandes décisions de ViaMichelin sont
prises avec le responsable informatique, le responsable
du commerce et celui du contenu. Chacun écoute
attentivement ce que l'autre a à dire, tout le
monde est familiarisé avec les problématiques
du développement et de l'hébergement.
En raison de la place centrale que tient l'informatique,
je suis partie prenante de la stratégie de l'entreprise.
Quelles
sont vos principales responsabilités ?
D'une part, gérer le site Internet de ViaMichelin.
Il faut garder un niveau de disponibilité optimal
et accompagner les montées en charge. Une problématique
délicate, surtout si l'on se fixe des objectifs
ambitieux. Nous avons opté pour une séparation
entre l'hébergement - qui est sous-traité -
et l'exploitation - que nous assurons. Nous faisons
également en sorte d'optimiser les serveurs et
leurs algorithmes de calcul propriétaires, afin
de pouvoir monter en charge sans rajouter du matériel.
Et nous tenons nos objectifs : ViaMichelin est
en effet placé parmi les 10 premiers (sur 40)
du classement Keynote en terme de disponibilité,
et ce depuis 25 semaines maintenant.
Mais
encore ?
A côté de celà,
je dois faire en sorte que les nouveaux développements
de ViaMichelin soient livrés en temps et en heure -
comme ca a été le cas pour le portage
de notre système de cartographie sur I-mode,
ce qui nous a permis d'être les premiers sur ce
support. Et puis il y a les inpondérables :
les jours se suivent
et ne se ressemblent pas. Il y a toujours un problème
à résoudre.
Comment
concevez-vous le management ?
Mes méthodes sont un peu celles du groupe dans
son ensemble : nous sommes très stricts
sur les résultats, mais plutôt souples
sur les moyens. S'il faut une rallonge budgétaire
pour finaliser un projet en temps et en heure, je l'accorde.
Car au final, le temps est un facteur clé pour
éviter les gros dépassements de budget.
Comment
pilotez-vous vos équipes ?
Je délègue beaucoup, mais je fais des
points réguliers pour vérifier que tout
se passe bien. Je demande à mes équipes
de savoir anticiper les problèmes, de savoir
trouver la solution qui convient, au bon moment. En
un mot, j'apprécie l'autonomie. J'aime également
qu'on aille à l'essentiel : un projet réussi,
c'est 99 % de bon sens. Il ne faut pas tergiverser :
la simplicité permet d'éviter de se retrouver
avec une usine à gaz. Il faut aussi prendre du
recul, regarder le problème d'en haut plutôt
que de se plonger dans de petites optimisations parcellaires.
Une fois le projet réalisé, on peut passer
à l'optimisation. Mais pas avant. Tout celà
n'exclut pas une certaine dose d'audace et d'ingéniosité,
bien entendu.
Quid
de l'externalisation ?
Je fais partie de ceux qui
pensent qu'on peut outsourcer et rester compétent.
Le tout est de savoir ce que l'on va externaliser. Chez
ViaMichelin, nous avons fait le choix de garder le plus
stratégique en interne, et de laisser le reste
à des sous-traitants dont les équipes
viennent travailler dans nos murs. Ils possèdent
des compétences que l'on trouve facilement sur
le marché, et que nous aurions également
pu embaucher. Mais j'ai préféré
outsourcer pour garder un maximum de flexibilité,
et recomposer mes équipes facilement en cas de
changement. Pour l'hébergement, le problème
est un peu différent : les équipes
du prestataire doivent être sensibilisées
aux problématiques stratégiques de ViaMichelin -
comme le fonctionnement de nos algorithmes de calcul
par exemple. Quant à nos équipes, elles
doivent être sensibilisées aux problèmes
techniques classiques de l'administration des gros serveurs
Web. Toutes les grandes décisions sont donc prises
de concert, avec les ingénieurs de l'hébergeur
et les nôtres.
Etes-vous
trop absorbé par la chasse aux coûts ?
Pas vraiment. Je n'ai pas la
tête plongée dans les bilans chaque jour.
Je n'ai pas non plus une approche en valeur absolue
comme un DSI traditionnel, mais plutôt en coût
de revient. Je cherche des solutions pour abaisser
le coût de la page vue, et chaque service est
optimisé au maximum. Si un produit n'est pas
rentable, la décision de l'arrêter est
prise au comité de direction.
Qui
gère le changement dans l'informatique de ViaMichelin ?
Pour ce qui est de l'optimisation,
je réunis mes équipes tous les six mois
pour une séance de brain storming. Chacun vient
avec ses idées, et on détermine en groupe
sa faisabilité, en nous appuyant sur l'avis de
chaque spécialiste. Je ne dis pas que quelques
idées ne viennent pas de moi, mais c'est un travail
d'équipe.
A
qui faites vous confiance pour vous informer ?
Je fais confiance à trois sources :
des cabinets de consultants que je ne souhaite pas citer,
et qui nous apportent une aide d'ordre méthodologique.
La presse, qui est le meilleur endroit pour trouver
des informations sur le marché. Et puis bien
sûr les compétences internes du groupe
Michelin. Le groupe est une très grande entreprise
dans laquelle on peut trouver des spécialistes
dans tous les domaines. Cette source a été
extrêmement précieuse au début de
notre aventure.
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