La spécialité du SCM, c'est
le flux tendu. Plus précisément l'optimisation de deux
processus : la production, et le fonctionnement de la chaîne
logistique. Dans l'idéal, un SCM récupère tous
les indicateurs de production disséminés dans l'entreprise,
et il passe automatiquement des ordres et des commandes pertinents.
Ce qui permet d'économiser du personnel, de réduire
les stocks au minimum et de pousser la chaîne de production
à une productivité optimale. Mais comme nous allons
le voir, les choses se révèlent plus complexes sur le
terrain.
A qui s'adressent
les SCM ?
Le SCM n'est vraiment à
l'aise que dans les grandes entreprises équipées de
chaînes
logistiques complexes - en particulier la grande distribution
et l'industrie automobile. On ne se lancera dans l'aventure du SCM
que si on en a les moyens, et surtout l'utilité.
Un SCM automatise
quoi précisément ?
Le coeur du système, c'est la gestion des stocks (Available
To Promise) et la gestion des processus de production (Capable To
Promise). Pour y parvenir, un SCM s'appuie sur deux applications
bien distinctes : les outils de prévision - à
court, moyen ou long terme - et les outils d'exécution -
de passation de commande par exemple. Plus récemment, deux
nouveaux modules sont apparus. Le premier prend en charge la gestion
des incidents (SCE) et permet
de trouver des solutions lorsqu'un maillon de la chaîne casse.
Le deuxième contrôle l'ajustement des prix (YE)
et permet de faire fluctuer les tarifs en fonction des difficultés
rencontrées lors de la production. Ces modules peuvent être
implémentés séparément en fonction des
besoins de l'enteprise - ou encore des particularités
limitatives d'un système informatique donné.
Comment fonctionnent
les outils de prévision ?
Ils s'appuient sur des données diverses pour établir
des prévisions à court et moyen terme.
A court terme, on peut parler de prévisions opérationnelles :
le logiciel organise la production et les stocks sur une échelle
temporelle de quelques jours, afin de parvenir à un processus
optimal. Le logiciel établit par exemple la quantité
d'essence qui sera consommée, le trajet des véhicules,
la rotation des produits dans l'entrepôt, etc ... C'est
l'usage le plus courant du SCM. A moyen terme, le rôle du
système change du tout au tout : il s'agit de faire
des prévisions tactiques et d'en tirer les conséquences.
Par exemple, il est possible de croiser des informations sur le
profil des consommateurs avec des indicateurs de croissance du marché
pour prévoir le nombre de produits finis à commander
d'ici six mois.
Quelles parties
de l'infrastructure doivent-être connectées à
un SCM ?
Dans
l'idéal, on connecte au SCM toutes les applications liées
de près ou de loin à la production, à la passation
de commandes, à la gestion des relations client et au marketing.
Et donc les outils d'ERP, de CRM, de logistique qu'ils soient propriétaires
ou standardisés. Toutes les sources d'information doivent
être combinées afin d'établir les meilleures
prévisions possibles, ce qui est le préalable à
la prise de décision.
Puis vient le temps de l'exécution.
Quelle est la place
de l'homme dans un SCM ?
L'idéal serait que le SCM soit parfaitement autonome, et
que l'homme en soit complètement évincé. Mais
on y parviendra pas avant que les SCM soient 100 % fiables.
Force est de constater que ce n'est pas toujours le cas, même
pour les applications les plus simples et les plus courantes :
c'est encore souvent un homme qui prend la décision finale.
Le système est dans tous les cas surveillé de près
par un superviseur.
Un SCM peut-il
déborder de l'entreprise ? Est-il possible d'automatiser
ses rapports avec les fournisseurs ?
C'est la grande promesse du SCM : automatiser la chaîne
logistique en interne et la synchroniser avec celle de ses fournisseurs -
et de ses clients. Sans celà, le système est bridé
dans son utilité par les flux de marchandises en entrée
et en sortie. Il est regrettable de devoir passer des commandes
par fax à ses fournisseurs lorsque la chaîne logistique
est automatisée en interne. Cependant, le SCM ne fait pas
encore de miracles : l'interopérabilité entre
un SCM et celui de ses partenaires est encore trop souvent un véritable
chemin de croix. Les choix technologiques varient d'une entreprise
à l'autre, et il est nécessaire de développer
des connecteurs avec chaque partenaire pour que la chaîne
soit fluide. Ne parlons même pas des entreprises partenaires
qui travaillent sans SCM ... Résultat ? Selon l'étude
conjointe d'Ilog et d'Apics, 2/3 des répondants ont rencontré
des difficultés en tentant une pareille synchronisation.
Vivement l'intéropérabilité...
Qu'est-ce qui peut
retenir une enteprise de s'y mettre ?
On peut mentionner deux grands freins, avec en premier lieu la complexité
du travail d'implémentation. La mise en place d'une infrastructure
d'EAI dans une entreprise n'est jamais simple. C'est encore plus
vrai dans les entreprises qui ont un système d'information
hétérogène : il faut alors s'attendre
à un chantier colossal. N'oublions pas qu'un SCM n'est exploitable
que si tous les composants nécessaires à son fonctionnement
sont parfaitement connectés, et communiquent sans anicroches.
La limite de l'implémentation en a arrêté plus
d'un ... mais elle ne clôt pas le chapitre des points
noirs : dans de nombreuses entreprise, l'introduction d'un
SCM induit de considérables boulversements dans l'organisation
des services. Implémenter une chaîne logistique automatisée
revient souvent à bousculer toute l'entreprise. Le chantier
est long et douloureux. Raison de plus pour peser le pour et le
contre avant d'agir : mieux vaut être sûr des bénéfices
que l'on peut en retirer. Et mieux vaut également avoir un
soutien inconditionnel de la direction générale.
Qui sont les grands
acteurs du marché ?
Du côté des spécialistes des modules d'exécution,
Exe Technologies est une référence incontestée
plantée dans une forêt de solutions spécialisées.
Pour ce qui est des outils de prévision, i2 et Manugistics
se positionnent comme les leaders du marché. Reste encore
les grands éditeurs d'ERP, qui proposent des fonctions de
SCM intégrables à leurs progiciels. SAP et Oracle
disposent notamment de produits intéressants.
Opter pour un éditeur
spécialisé ou un ERP ?
Les grands éditeurs d'ERP
travaillent à l'intégration de fonctions de SCM à
leurs suites logicielles. Mais ils n'ont pas encore atteint l'efficacité
des pure players : leurs modules de prévision ne sont
pas encore parvenus au même niveau d'efficacité. De même,
il est extrêmement difficile de connecter le SCM d'un ERP au
SCM de ses partenaires. Pour obtenir des performances de haut niveau,
mieux vaut opter pour une solution best-of-breed (ie, d'un éditeur
spécialisé). Par contre, si l'objectif est d'implémenter
un SCM interne aux fonctionalités limitées, on peut
se satisfaire du module SCM de l'ERP qu'on utilise : les développements
et l'implémentation s'en trouveront largement simplifiés.
[Nicolas Six, JDNet]