La gestion des relations
fournisseurs est un domaine relativement nouveau de
l'e-business. C'est pourquoi le besoin se fait ressentir
de disposer de balises pour mieux comprendre les offres.
Des repères que nous tentons de vous fournir
à travers une suite de questions / réponses.
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En gros, qu'est-ce que le SRM
? Et à quoi sert-il ?
Le terme de SRM signifie Supplier Relationship Management,
soit la gestion des relations fournisseurs en bon français.
Même basique, cette précision est importante
car l'acronyme est employé pour qualifier de
nombreux domaines différents (Software Risk Management,
Services Relationship Management, Standard Reference
Material...), qui n'ont rien à voir avec le sujet
qui nous intéresse à présent.
Le SRM a donc été introduit au début
de l'année 2000 par l'éditeur I2 Technologies,
positionné historiquement sur la gestion de la
chaîne logistique. Il s'agit d'un domaine relativement
nouveau de l'e-business, qui chapeaute un ensemble de
sous-processus jusque-là non pris en charge dans
leur continuité. A l'heure actuelle, il apparaît
difficile d'apporter une meilleure définition
que la gestion de toutes les relations qu'entretient
l'entreprise avec ses fournisseurs, quels qu'ils soient.
Cette définition est aussi celle du directeur
EMEA des solutions e-business de PeopleSoft,
Jacques Libeyre, que nous avons interviewé
fin 2001.
Gère-t-on
ses relations avec ses fournisseurs de la même
façon que l'on gère celles avec ses clients
?
La réponse
est principalement négative, même s'il
s'agit toujours de relations que l'entreprise entretient
avec l'extérieur et que certaines composantes,
comme l'analyse de ces relations, entrent en ligne de
compte. Autrement, la différence tient presque
autant dans les objectifs que l'entreprise cherche à
atteindre par le CRM et le SRM, que dans les moyens
qui lui permettent d'atteindre ces objectifs. Presque,
car ces deux processus ont tous deux pour but d'accroître
la rentabilité en considérant le problème
de façon relativement opposée.
Ainsi, le CRM a pour objectif d'accroître le chiffre
d'affaires en augmentant les ventes en volume et/ou
en valeur.
L'on
y retrouve des pratiques qui ont pour buts la rétention
client et l'accroîssement de la valeur client.
A l'inverse, dans le SRM, l'entreprise est elle-même
le client, et elle cherche à réaliser
des économies dans ses transactions avec ses
fournisseurs. Cela passe par une optimisation des relations
avec ces derniers, et par des techniques qui permettent
de les trier sur le volet.
Pourquoi
le SRM est-il une affaire de collaboration sur du contenu
? Est-ce dans ce contexte que l'on parle de RFI et de
RFQ ?
Que représente le fait pour l'entreprise de gérer
ses relations avec ses fournisseurs ? Concrètement,
cela signifie échanger avec ses différents
partenaires du contenu. Celui-ci peut être imagé
lorsque des équipes d'ingénieurs travaillent
avec un bureau d'études et parfois directement
avec les fournisseurs pour étudier la faisabilité
du produit fini, en particulier pour déterminer
les composants qui seront nécessaires à
sa fabrication lorsque les achats portent sur des matières
premières ou des pièces détachées.
Il s'agit également d'informations techniques
portant sur les caractéristiques des produits
demandés, mais aussi de données sur les
lignes de prix en rapport avec ces produits. Les caractéristiques
techniques sont obtenues quand l'entreprise émet
une RFI (Request for information) auprès de ses
fournisseurs. Les propositions tarifaires lui parviennent
après l'émission d'une RFQ (Request for
quotation).
Quelles
sont les grandes étapes du processus de la gestion
des relations fournisseurs ?
Pour parvenir à réduire de
façon conséquente les coûts induits
par les approvisionnements, il apparaît très
important que le responsable des achats suive une méthodologie
sans omettre l'une des étapes de ce processus.
Il en existe quatre principales. Par ailleurs, une cinquième
intervient sur la continuité tout au long de
la collaboration avec les fournisseurs.
Etape
1 : le design collaboratif, sous un angle SRM. Très
en amont, cette phase va permettre à l'entreprise
de
définir son besoin. En gros, elle revient à
se poser la question : "Que dois-je acheter pour
fabriquer mon produit de telle sorte que son coût
de production devienne le plus bas possible ?"
La relation va permettre d'optimiser la conception du
produit. Celui-ci pourra, le plus souvent, offrir une
qualité équivalente avec un nombre de
pièces plus réduit. Un exemple
concernant Hewlett-Packard est livré par I2 dans
notre interview parue en décembre 2001. La
stratégie d'approvisionnement devrait normalement
être beaucoup plus simple à définir
une fois cette étape accomplie.
Etape
2 : le sourcing. A ce stade, le responsable des
approvisionnements cherche à déterminer
quel sera le meilleur fournisseur pour les produits
dont a besoin son entreprise. Il lui incombe d'abord
de les identifier, puis de les qualifier en fonction
de divers critères comme leur taille critique
et leur capacité à livrer dans les temps,
ce qui dépend notamment de leur emplacement géographique.
A la fin de cette étape, une liste doit apparaître
des fournisseurs qui seront mis en compétition.
Etape
3 : la négociation. Appels d'offres directs
ou inversés, simples ou complexes font partie
des méthodes possibles pour élire parmi
les fournisseurs ayant déjà passé
la seconde étape celui ou ceux - en nombre très
réduits - qui participeront à la négociation.
L'objectif, à ce stade, est de pouvoir définir
les tenants et les aboutissants du contrat. Dans cette
optique, l'entreprise fait parvenir aux fournisseurs
des RFI et des RFQ qui, à la réception
des informations demandées, lui permettront d'élire
celui qui répondra avec ses produits de la manière
la plus adaptée à sa demande. C'est également
avec ce type d'informations que les fournisseurs sont
mis en concurrence et qu'ils sont amenés à
baisser leurs tarifs pour remporter le contrat.
Etape
4 : l'approvisionnement (e-procurement) en tant
que tel, sous l'angle SRM. Une ultime négociation
intervient à ce stade pour décider d'un
commun accord des derniers aspects touchant entre autres
à la logistique dans le cadre de la livraison,
au principe adopté pour le paiement, et à
la façon dont on procèdera à l'exécution
de la commande.
Etape
5 récurrente : l'évaluation des performances
du fournisseur. Elle constitue l'étape ultime
après la livraison, en analysant la façon
dont celle-ci a été conduite de bout en
bout. Peut-on améliorer le processus ? Sûrement,
ne serait-ce qu'en considérant différemment
le choix du fournisseur ou en remettant en cause la
façon de travailler ensemble. Des indications
remarquables découvertes avec l'expérience
et répercutées sous forme de règles
serviront, de la même façon que la segmentation
des clients dans le CRM analytique, à prévoir
par exemple le taux de risque qu'un fournisseur présentant
telle ou telle particularité soit susceptible
de reproduire des événements négatifs.
Une autre vision du sujet consiste à regrouper
les étapes 2 et 3 en une seule, que
le cabinet d'études AMR Research appelle le processus
de sourcing stratégique. Celui-ci s'étend
depuis l'analyse de la dépense et la définition
de la stratégie d'approvisionnement, jusqu'à
l'émission du passage d'ordre. L'évaluation
des performances est également prise en compte
en bout de chaîne à des fins d'amélioration
du processus.
A
la lumière de ces étapes, n'existe-t-il
pas des points de confusion entre le SRM, le PLM (gestion
du cycle de vie des produits) et le SCM (gestion de
la chaîne logistique) ?
Les processus de gestion
du cycle de vie des produits et de gestion des relations
fournisseurs ne se confondent pas, mais se chevauchent
partiellement. L'outil de CAO (Conception assistée
par ordinateur) qui permettra aux équipes d'ingénieurs
de travailler sur la représentation virtuelle
du produit avec un bureau d'études distant rentre
dans le cadre du PLM. Celui qui est utilisé de
façon concurrente pour optimiser la conception
de ce produit en fonction des pièces détachées
disponibles ou fabriquées sur mesure, servant
à sa conception, nécessite l'intervention
des fournisseurs et rentre dans la partie SRM.
De même, le processus de livraison commence avec
la planification de la chaîne logistique, la partie
située plus en amont du SCM et qui décide
en fonction de quels critères la livraison doit
être menée à son terme. A ce moment
intervient aussi la négociation bilatérale
avec le ou les fournisseurs pour aboutir à la
détermination d'un consensus sur le parcours
de l'ensemble de la chaîne logistique.
Le SRM est donc un parallèle qui s'inscrit dans
la continuité des processus traditionnels de
type PLM et SCM, et qui se doit d'interagir avec ces
derniers pour produire le maximum de valeur.
Tous
les éditeurs de solutions de ce type ont-ils
la même vision du sujet ?
Pas vraiment.
Certains réduisent le SRM au sourcing sous un
angle restreint, d'autres au sourcing stratégique
large tel que le présente AMR Research. Beaucoup,
en fait, sont acteurs de la gestion des relations fournisseurs
mais ne couvrent qu'une partie du processus. Pour prendre
un autre exemple un peu différent, MatrixOne
est spécialisé dans la collaboration sur
du contenu entre des partenaires dans le cadre de transactions.
Sans se définir explicitement comme éditeur
de produits SRM, il prend en charge des aspects comme
la gestion des RFQ.
En parallèle, de rares acteurs comme I2 Technologies,
l'inventeur du terme SRM, arborent une offre relativement
complète en la matière. Les annonces récentes
d'éditeurs d'ERP comme PeopleSoft et SAP laissent
à penser que ceux-ci s'avancent aussi vers un
positionnement équivalent.
Pourquoi des éditeurs
de plates-formes décisionnelles sont-ils aussi
concernés par le SRM ?
Comme
nous l'avons vu dans la description des principales
étapes, l'évaluation des performances
nécessite des applications analytiques qui mettent
en oeuvre des technologies de business intelligence
et de data mining. C'est pourquoi des éditeurs
comme SAS Institute proposent d'ores et déjà
des offres verticalisées dédiées
au SRM. Sur ce plan, il faut également s'attendre
à ce que les mêmes éditeurs d'ERP
cités plus haut proposent ces fonctions dans
l'optique de couvrir l'intégralité du
processus.
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