ARTICLE MIS A JOUR LE 17 SEPTEMBRE
2002
La spécialité
du SCM, c'est le flux tendu. Plus précisément
l'optimisation de deux processus : la production,
et le fonctionnement de la chaîne logistique. Dans
l'idéal, un SCM récupère tous les
indicateurs de production disséminés dans
l'entreprise, et il passe automatiquement des ordres et
des commandes pertinents. Ce qui permet d'économiser
du personnel, de réduire les stocks au minimum
et de pousser la chaîne de production à une
productivité optimale. Ce qui permet aussi d'améliorer
de façon sensible le service client. Mais comme
nous allons le voir, les choses se révèlent
plus complexes sur le terrain.
A qui
s'adressent les SCM ?
Le SCM est surtout
à l'aise que dans les grandes entreprises équipées
de
chaînes
logistiques complexes - en particulier la grande
distribution et l'industrie automobile. On ne se lancera
dans l'aventure du SCM que si on en a les moyens, et
surtout l'utilité.
Un SCM
automatise quoi précisément ?
Le coeur du système, c'est la gestion des stocks
(Available To Promise) et la gestion des processus de
production (Capable To Promise). Pour y parvenir, un
SCM s'appuie sur deux applications bien distinctes :
les outils de prévision - à court,
moyen ou long terme - et les outils d'exécution -
de passation de commande par exemple. Plus récemment,
deux nouveaux modules sont apparus. Le premier prend
en charge la gestion des incidents (SCE)
et permet de trouver des solutions lorsqu'un maillon
de la chaîne casse. Le deuxième contrôle
l'ajustement des prix (YE) et permet de faire fluctuer
les tarifs en fonction des difficultés rencontrées
lors de la production. Ces modules peuvent être
implémentés séparément en
fonction des besoins de l'enteprise - ou encore
des particularités limitatives d'un système
informatique donné.
Comment
fonctionnent les outils de prévision ?
Ils s'appuient sur des données diverses -
des statistiques et des informations sur le marché -
pour établir des prévisions à court
et moyen terme. A
court terme, on peut parler de prévisions opérationnelles :
le logiciel organise la production et les stocks sur
une échelle temporelle de quelques jours, afin
de parvenir à un processus optimal. Le logiciel
établit par exemple la quantité d'essence
qui sera consommée, le trajet des véhicules,
la rotation des produits dans l'entrepôt, etc ...
C'est l'usage le plus courant du SCM. A moyen terme,
le rôle du système change du tout au tout :
il s'agit de faire des prévisions tactiques et
d'en tirer les conséquences. Par exemple, il
est possible de croiser des informations sur le profil
des consommateurs avec des indicateurs de croissance
du marché et les évènements promotionnels
à venir pour prévoir le nombre de produits
finis à commander d'ici six mois.
Quelles
parties de l'infrastructure doivent-être connectées
à un SCM ?
Dans
l'idéal, on connecte au SCM toutes les applications
liées de près ou de loin à la production,
à la passation de commandes, à la gestion
des relations client et au marketing. Et donc les outils
d'ERP, de CRM, de logistique qu'ils soient propriétaires
ou standardisés. Toutes les sources d'information
doivent être combinées afin d'établir
les meilleures prévisions possibles, ce qui est
le préalable à la prise de décision.
Puis vient le temps de l'exécution.
Quelle
est la place de l'homme dans un SCM ?
L'idéal serait que le SCM soit parfaitement autonome,
et que l'homme en soit complètement évincé.
Mais les SCM ne sont
encore conçus que comme des systèmes d'aide
à la décision. le but étant de
faciliter et d'accélérer les processus.
Dans les cas ou le système est automatisé,
il reste surveillé de près par un superviseur.
Un
SCM peut-il déborder de l'entreprise ? Est-il
possible d'automatiser ses rapports avec les fournisseurs ?
C'est l'une des grandes promesses du SCM : automatiser
la chaîne logistique en interne et la synchroniser
avec celle de ses fournisseurs - et de ses clients.
Sans celà, le système reste très
utile, mais il est bridé dans son utilité
par les flux de marchandises en entrée et en
sortie. Il est regrettable de devoir passer des commandes
par fax à ses fournisseurs lorsque la chaîne
logistique est automatisée en interne. Cependant,
le SCM ne fait pas encore de miracles : l'interopérabilité
entre un SCM et celui de ses partenaires est encore
trop souvent un véritable chemin de croix. Les
choix technologiques varient d'une entreprise à
l'autre, et il est nécessaire de développer
des connecteurs avec chaque partenaire pour que la chaîne
soit fluide. Ne parlons même pas des entreprises
partenaires qui travaillent sans SCM ... Résultat ?
Selon l'étude conjointe d'Ilog et d'Apics, 2/3
des répondants ont rencontré
des difficultés en tentant une pareille synchronisation.
Vivement l'intéropérabilité...
Qu'est-ce
qui peut retenir une enteprise de s'y mettre ?
On peut mentionner deux grands freins, avec en premier
lieu la complexité du travail d'implémentation.
La mise en place d'une infrastructure d'EAI - ou
la rationalisation des processus internes - n'est
jamais simple. C'est encore plus vrai dans les entreprises
qui ont un système d'information hétérogène :
il faut alors s'attendre à un chantier colossal.
N'oublions pas qu'un SCM n'est exploitable que si tous
les composants nécessaires à son fonctionnement
sont parfaitement connectés, et communiquent
sans anicroches. La limite de l'implémentation
en a arrêté plus d'un ... mais elle
ne clôt pas le chapitre des points noirs :
dans de nombreuses entreprise, l'introduction d'un SCM
induit de considérables boulversements dans l'organisation
des services. Implémenter une chaîne logistique
automatisée revient souvent à bousculer
toute l'entreprise. Le chantier est long et douloureux.
Raison de plus pour peser le pour et le contre avant
d'agir : mieux vaut être sûr des bénéfices
que l'on peut en retirer. Et mieux vaut également
avoir un soutien inconditionnel de la direction générale.
Qui
sont les grands acteurs du marché ?
Du côté des spécialistes des modules
d'exécution, Exe Technologies est une référence
incontestée plantée dans une forêt
de solutions spécialisées. Pour ce qui
est des outils de prévision, i2 et Manugistics
se positionnent comme les leaders du marché.
Reste encore les grands éditeurs d'ERP, qui proposent
des fonctions de SCM intégrables à leurs
progiciels. SAP et Oracle disposent notamment de produits
intéressants.
Opter pour
un éditeur spécialisé ou un ERP ?
Les grands éditeurs
d'ERP travaillent à l'intégration de fonctions
de SCM à leurs suites logicielles. Mais ils n'ont
pas encore atteint l'efficacité des pure players :
leurs modules de prévision ne sont pas encore parvenus
au même niveau d'efficacité. De même,
il est extrêmement difficile de connecter le SCM
d'un ERP au SCM de ses partenaires. Pour obtenir des performances
de haut niveau, mieux vaut opter pour une solution best-of-breed
(ie, d'un éditeur spécialisé). Par
contre, si l'objectif est d'implémenter un SCM
interne aux fonctionalités limitées, on
peut se satisfaire du module SCM de l'ERP qu'on utilise :
les développements et l'implémentation s'en
trouveront largement simplifiés.
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