Un câble haut débit tendu entre
Paris et Bombai et le tour est joué : on peut alors faire
glisser d'un pays à l'autre la quasi totalité des activités
d'une direction informatique, du développement des applicatifs
à la production, en passant par le support et l'administration.
Mais il serait imprudent d'externaliser tout à la fois, et
de ne pas investir beaucoup d'attention et d'énergie dans le
choix du pays hôte.
Vent en poupe
Tout comme l'externalisation au sens large, l'offshore outsourcing
a le vent en poupe : il affiche fièrement des taux
de croissance à deux chiffres. Mais selon le Gartner, la
demande en volume part d'un palier situé assez bas :
l'externalisation vers l'étranger reste donc modérément
employée par les firmes occidentales. Dans le classement
des 500 plus grandes entreprises américaines, on observe
tout de même un recours non négligeable à l'offshore
outsourcing : 200 entreprises de classement y auraient
fait appel courant 2 000 - toujours selon un rapport du
Gartner intitulé Offshore Application Outsourcing.
Le réflexe paraît logique d'un
strict point de vue utilitaire: la main d'oeuvre étrangère
peut être révoquée très facilement dans
le cadre d'un contrat de services, et elle présente un niveau
de compétences excellent eu égard aux rétributions
pratiquées dans la plupart des pays étrangers. Mais
le tableau n'est pas uniformément rose : le Gartner
prévient que l'offshore outsourcing porte en lui des
faiblesses qu'il faut considérer avec beaucoup de sérieux
avant de se laisser séduire.
Tout
n'est pas rose
Qu'est-ce à dire ? Chaque pays possède une culture
propre, qui se traduit par des attitudes proffessionnelles bien
particulières et un environnement politique et légal
très souvent différent du nôtre. Le Gartner
souligne plusieurs points sensibles dont il faut être conscient
avant de s'engager, dont nous nous faisons l'écho dans un
encadré à la fin de cet article. Beaucoup d'entrepreneurs
n'ont en effet pas conscience du fossé qui sépare
l'occident des pays moins développés.
Au petit jeu des bons points -
distribués par le Gartner -, ce sont l'Inde, Israël
et l'Irlande qui sortent du lot en se rapprochant le mieux des attentes
des dirigeants occidentaux. Ce n'est donc pas un hasard si ces pays
figurent en tête de la liste des pays hôtes - l'Inde
caracolant loin devant les autres avec près de 90% du marché.
Suivent des pays souvent prometteurs, comme la Chine, la Russie
et les Philippines. En France, on trouve également des prestataires
de service qui profitent de la proximité linguistique du
Maghreb pour développer des antennes au Maroc ou en Algerie.
Tout exporter ?
Que peut-on externaliser ? Selon le Gartner, les entreprises
ont recours à plusieurs méthodes. La plus raisonnable
consistant à diviser les tâches en escalier, afin de
n'externaliser que les marches pour lesquelles l'exportation des
activités a un sens. Il peut également être
intéressant de répartir la force de travail sur trois
fuseaux horaires, afin de disposer d'une équipe de support
et d'intervention compétente à tout moment du jour
où de la nuit.
Autre opportunité :
le transfert d'un pan entier du système d'information vers
l'étranger, facilité par les possibilités d'interfaçage
qu'offre Internet. L'EAI semble de plus en plus recueillir les suffrages
des dirigeants mondiaux. Mais le plus courant consiste sans doute
à faire développer ses applications à l'étranger,
ou encore confier sa maintenance à un prestataire au delà
de ses frontières.
Le Gartner note que les entreprises
américaines ont de plus en plus tendance à déléguer
les tâches complexes à des structures offshore, marquant
ainsi une évolution depuis l'époque où elles
leur confiaient surtout des migrations et des conversions. Dans
tous les cas, une entreprise peut recourir à un prestataire
externe ou constituer soi même une groupe d'informaticiens
autonome dans le pays hôte.
Et la france ?
Dans l'hexagone, c'est bien évidemment une entreprise Indienne
qui a lancé le mouvement. L'information provient d'un livre
blanc écrit par Tubbydev, un concurrent de la firme question
(Infosys), laquelle a rapidement remporté des succès
considérables chez Airbus, Valéo et Axa. Une poignée
d'entreprises se sont lancé dans son sillage, pami lesquelles
figurent Argaze (employant des informaticiens au Maroc et en Pologne),
Azentis (Inde et Roumanie) et justement Tubbydev (Russie). Certaines
enteprises ont même lancé leur propre programme de
production offshore à l'exemple d'Intranet Pager, qui employe
trente personnes à temps plein en Russie depuis son siège
français. Détail précieux : les fondateurs
de l'enteprise parlent couramment le Russe.
Cependant, si l'on en croit le livre
blanc de Tubbydev, la France reste assez frileuse par rapport à
l'offshore outsourcing : 5 % à peine des
projets de développement seraient réalisés
avec l'aide de l'étranger, bien moins qu'aux Etats-Unis.
Pourquoi ce retard ? Sans doute à cause de la barrière
linguistique qui nous sépare de l'Inde et de beaucoup d'autres
pays. Mais aussi parce que - contrairement aux entrepreneurs
étasuniens - un dirigeant français n'a - heureusement
- pas le doit de faire travailler un étranger sur son territoire
en le payant le même salaire que dans son pays d'origine.
>
Ne pas laisser au hasard : |
- Problémes d'ordre
général
Le support de l'état à l'hébergement
de services informatiques décentralisés.
Les lois en vigueur dans
le pays
La pratique courante d'un langage véhiculaire
La qualité de l'infrastructure de télécommunications
Le niveau d'éduction global
Le niveau d'équipement informatique
La stabilité politique
- Problématiques culturelles
L'adhésion individuelle aux règles élémentaires
de l'économie de marché.
Le degré d'implication des individus dans la vie professionnelle
Le respect de la hiérarchie
Le degré d'individualisme
|
[Nicolas Six, JDNet]