La lutte contre le piratage des oeuvres audio
avance à pas de loup, doucement mais sûrement. Les majors
du disque sont sur tous les fronts : le droit - avec plusieurs projets
de loi visant à faciliter la lutte contre les pirates et quelques
procès contre les éditeurs de peer to peer. Mais aussi
sur le front de la technique, avec plusieurs projets dont le but est de
paralyser les systèmes d'échange de fichiers. Le tout étant
entouré d'un épais brouillard visant à protéger
la précieuse image des majors.
Nouvelles armes
Et l'industrie du disque continue de réfléchir. La dernière
idée en date : mieux repérer le pirate pour être
capable de le sanctionner, un concept que l'on doit notamment à
une association fraîche émoulue d'étudiants à
Centrale Lille. Leur produit - Retspan - s'appuie sur l'adresse
IP de chaque pirate pour en déterminer l'identité.
"C'est
très simple et nous ne sommes pas les seul à y avoir pensé -
explique Didier Wang, Cocréateur du projet Retspan. Les informations
relatives aux propriétaires de chaque adresse IP sont publiques.
Elles sont contenues dans trois grosses bases de données réparties
en Asie, en
Europe et aux USA. Il nous a suffi d'obtenir auprès des organismes
qui les gèrent l'autorisation de les répliquer". Le
tour est joué : Retspan repère les pirates qui mettent
à disposition des autres participants des réseaux peer
to peer un grand nombre de titres, puis il récupère
leur adresse IP et recoupe ces informations avec les bases de données IP.
Le tout se fait bien entendu de façon automatisée.
Menace sérieuse
Les heureux bénéficiaires du
haut débit - dont certains sont de gros consommateurs de MP3 -
auraient tort de ne pas se sentir menacés : "Nous sommes
en contact avec plusieurs maisons de disques qui s'intéressent
de très près à nos solutions. Il y a un avenir pour
les produits de lutte contre le piratage : on en distingue déjà
plusieurs familles. Et nous tentons de développer une solution
dans chaque cas".
A quoi ressemble donc l'arsenal antipiratage
des majors ? On recence des outils de dégradation de fichiers,
qui permettent de répandre de faux MP3 sur les systèmes
d'échange de fichiers afin de "polluer" leur fonctionnement.
Mais aussi des outils préventifs, qui permettent à un administrateur -
ou à un internaute - de vérifier que ses machines ne
sont pas utilisées à des fins illicites. Ajoutons désormais
à cette gamme de solutions l'identification automatique des pirates.
Round d'observation
Un arsenal opérationnel ? "Pas
encore : je pense que les majors en sont encore à la définition
d'une politique d'action - avance Didier Wang. Les majors font le
tour des outils existants, certaines d'entre-elles testent probablement
les solutions de pollution - sans le faire savoir bien sûr.
Elle préfèrent externaliser discrètement ce type
d'activités pour ne pas dégrader leur image de marque. Mais
on en est pas encore à la grande offensive : le contexte légal
y est encore trop défavorable. A mon sens cependant, les choses
vont radidement s'accélérer : une loi américaine
devrait délier les mains des majors dans les mois qui viennent.
En France d'ailleurs, les FAI sont déjà tenus de livrer
l'identité des clients qui commettent des infractions".
Heureusement pour les pirates, l'offensive
de l'industrie du disque devrait être mécaniquement limitée :
"Nous ne prétendons pas avoir percé tous les secrets
de leur politique à venir, mais il est fort probable que les procès
se concentreront sur les pirates les plus actifs : attaquer chaque
pirate coûterait bien trop cher".
En attendant que le plan d'action des majors
soit finalisé, plusieurs jeunes pousses leurs proposent leurs services
et leurs développements sans complexe : "Nous ne voyons
pas où est le mal : il n'y a pas de raison que l'on ne passe
pas par la caisse lorsque l'on souhaite acheter de la musique. C'est de
l'avenir de l'industrie du disque qu'il s'agit".
[Nicolas Six, JDNet]