A ma gauche, le WiFi, dont une antenne porte
à quelques dizaines de mètres seulement, mais qui frappe fort
du côté des débits avec ses 11 Mbit/s. A ma droite,
l'UMTS : les antennes portent à quelques centaines de mètres,
mais les débits tombent à 1 Mbit/s. Pour certains -
dont le "monsieur WiFi" de France Telecom - le combat n'aura
pas lieu. Pour d'autres, il est programmé pour les cinq ans qui viennent.
Une chose est sûre : les opérateurs télécoms
ont été surpris par l'arrivée soudaine du WiFi, qui
perturbe chez certains les plans de déploiement de l'UMTS.
Disons le tout de suite, l'issue du débat
est d'une grande complexité. Le premier point de comparaison est
d'ordre technique : les critères déterminants sont
la portée des bornes, la vitesse de transfert des données
et la qualité de service. Mais n'oublions pas non plus le contexte
juridique et le facteur financier.
Comparaison technique
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Technologie
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WiFi
- 802.11 |
UMTS
- 3G |
Débit
théorique
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11
Mbit/s (802.11b); 54 Mbit/s (802.11a)
|
1
mbit/s
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Portée
des cellules
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50 mètres
|
300
mètres (et plus) |
Qualité
de service
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Mauvaise :
le WiFi a été conçu pour un petit nombre de connections
simultanées. Au delà de quelques dizaines d'utilisateurs,
les transmissions se dégradent singulèrement. |
Bonne
à priori : l'UMTS
a été conçu d'emblée pour prendre en
charge un grand nombre de connexions.
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Prix d'une borne
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A
partir de 1500 € |
A partir
de 100 000 €
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Etat de la législation
|
Défavorable
pour le moment : l'ART a donné une autorisation de test
valable pour les lieux privés. Un prestataire n'a pas le droit
d'installer une borne WiFi dans la rue, sauf s'il obtient une dérogation. |
Favorable |
On le voit, les points forts de chaque technologie
s'équilibrent. Et n'oublions pas, dans cette comparaison, que les
débits théoriques inscrits sur le papier correspondent rarement
aux débits effectifs après déploiement. Le GPRS
était annoncé à 114 Kbit/s, il plafonne aujourd'hui
à 35 Kbit/s. Qu'en sera-t-il de l'UMTS, et à plus forte
raison du WiFi, qui n'a pas été conçu, encore une
fois, pour supporter un grand nombre de connexions ?
Le
WiFi rattrape son retard ?
Si la copie de l'UMTS est déjà rendue, celle du WiFi se
complète encore: ses débits ont été multipliés
par cinq (54 mbit/s) - avec la technologie 802.11a - et certains
fabricants travaillent à améliorer sa portée. Etherlinx
commercialise par exemple des bornes dérivées du WiFi dont
le rayon d'action excède les 30 kilomètres.
Mieux : les problèmes de qualité
de service sont en passe d'être résolus; certains éditeurs
commercialisent des solutions qui permettent de gérer plusieurs
centaines de connexions simultanées. Mais tout cela a un prix,
ce qui rend nécessairement le WiFi moins attractif sur le plan
financier.
Rappelons une dernière fois qu' il
ne s'agit là que de données inscrites "sur le papier" :
seuls les opérateurs de téléphonie mobile ont les
moyens de comparer correctement le WiFi et l'UMTS, en grandeur nature.
Cette méthode est la seule qui permet de savoir si une technologie
tient ses promesses en phase d'industrialisation.
Les opérateurs
sont partagés
Que pensent les opérateurs, justement ? Plusieurs d'entre
eux ont reporté leur plan de déploiement UMTS tout en commençant
de déployer des accès HotSpots (WiFi). Citons par exemple
T-Mobile, AT&T et Verizon. Soulignons qu'il n'y a pas nécessairement
là de lien de causalité : le marché du "mobile
data" est atone, ce qui justifie un report du déploiement
du 3G. Mais de l'autre côté, la concurrence fait rage sur
le marché du WiFi : il est tentant pour les opérateurs
de prendre position avant même que le marché ne soit mûr (voir
l'encadré).
Cependant, certains opérateurs s'interrogent
ouvertement sur l'opposition WiFi et UMTS. Le Directeur de la Division
Mobile de British Telecom a rompu le silence dans les colonnes de 802.11
Planet : "à l'heure qu'il est, il semble que le WiFi
soit 10 fois moins cher que la 3G et quatre fois plus rapide". BT
met d'ailleurs le cap sur 4 000 Hotspots à l'horizon 2005.
Pas de vainqueur : deux
challengers
Schématiquement, WiFi et UMTS devraient
entrer sur le marché sur des voies parallèles. Le WiFi pourrait
se cantonner à une couverture partielle - limitée aux
grandes villes par exemple - avec des débits élevés,
tandis que l'UMTS serait déployé sur tout le territoire, tout
en offrant des débits moins rapides. WiFi et UMTS seraient alors
complémentaires, mais pas seulement : dans certains cas, la
question de l'alternative restera posée. Si le WiFi est moins cher
et plus rapide, pourquoi les habitants des grandes villes n'utiliseraient
pas le WiFi seulement ? De même, pourquoi les commerciaux en
voyage n'attendraient-ils pas le soir pour relever leur mail dans un hôtel
équipé en WiFi, partout en province ? Une question à
laquelle Thierry Breton - PDG de France Telecom - répondra
sans doute vendredi dans son allocution sur le sujet.
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Modèles économiques : David contre Goliath ?
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Sur le marché du WiFi, on trouve
de tout : IBM s'est allié
à Intel et à AT&T pour déployer un réseau
de HotSpots aux USA, tandis que plusieurs start-ups tentent de transformer
les points d'accès WiFi domestiques en autant de petits HotSpots
publics, micro-facturés. Et La liste des initiatives est
encore très longue, pour autant de menaces pour les grands
opérateurs qui décident donc parfois de rentrer dans
l'arène dès maintenant. Et c'est bien là le
paradoxe : nul de sait combien de clients potentiels disposent
d'un mobile (ordinateur ou PDA) capable de se connecter en WiFi.
Mais tous les opérateurs prennent des mesures pour ne pas
passer à côté d'un marché majeur.
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[Nicolas Six, JDNet]