Olivier Brisac (CoBuilders) "CoBuilders veux co-créer des start-up dans l'IoT avec des groupes du CAC 40"

Olivier Brisac, directeur associé de l’incubateur basé à Paris, anciennement WeLL, explique comment il compte en faire une structure rentable au plus vite.

JDN. En septembre 2015, l'agence de conseil Wemanity, spécialisée dans la transformation digitale, a créé son propre incubateur IoT, CoBuilders. Cette démarche est originale pour une société qui n'a que trois ans d'âge. Comment s'intègre-t-elle à la stratégie de Wemanity ?

Olivier Brisac, directeur associé de CoBuilders. © Wemanity

Olivier Brisac. Wemanity est cofondateur et actionnaire de l'incubateur. Le PDG, Jean-Christophe Conticello, a étroitement participé à la création du projet. L'incubateur WeLL, qui vient de changer de nom et s'appelle désormais CoBuilders, est l'un des piliers de l'agence. Sa création était prévue depuis le lancement de Wemanity en 2013. En effet, il est difficile de donner des conseils aux entreprises sur leur transformation digitale sans disposer en interne d'une structure dédiée à l'innovation. CoBuilders, c'est également, à terme, une nouvelle ligne de chiffre d'affaires pour le groupe.

Pourquoi avoir attendu trois ans pour lancer le projet ?

Nous avons dû attendre que Wemanity ait les épaules assez solides pour soutenir CoBuilders. Cet incubateur n'est pas un "charity-business". Nous visons la rentabilité. Mais pour atteindre cet objectif, il faut attendre que les entreprises qui viennent faire leurs premiers pas chez nous, et qui nous confient une partie de leur capital, se développent. Cela devrait prendre entre 5 et 10 ans.

Pourquoi avoir décidé de créer un incubateur spécialisé dans les objets connectés ?

L'IoT est l'une de nos deux verticales clefs avec les marketplaces. Nous croyons beaucoup au développement de ce secteur, notamment dans le btob. De plus, Wemanity dispose en interne de toutes les compétences nécessaires pour aider des jeunes pousses de l'Internet des objets à croître. L'agence met non seulement à disposition des locaux, un support juridique ou encore RH, mais les start-up peuvent également bénéficier de l'expertises des filiales du groupe, notamment KyoKita et WeStudio.

"Nous avons choisi un modèle de 'service for equity', les entrepreneurs ne nous payent rien, mais nous prenons une part de leur capital"

La première est une agence d'idéation, de prototypage et de création de produits spécialisée dans l'IoT. Créée par un salarié de Wemanity, elle est détenue à 90% par l'entreprise. Son PDG a fait ses classes chez Withings et chez le spécialiste de la robotique Aldebaran. KyoKita peut aider une start-up à passer d'une idée à un prototype très rapidement. WeStudio, également détenu à 90% par Wemanity, peut aider les jeunes pousses à développer des applications mobiles "user friendly" pour leurs objets connectés. Wemanity, c'est un écosystème complet dont se nourrissent les entreprises pour grandir plus vite.

Beaucoup de grands groupes créent des incubateurs pour y piocher des idées, sans avoir d'objectif de rentabilité. Vous voulez gagner de l'argent grâce à ce projet. Comment comptez-vous y parvenir ?

Nous avons trois lignes de business. La première est l'incubation de start-up existantes. Nous avons choisi un modèle de "service for equity". Les entrepreneurs ne nous payent rien mais nous prenons une part de leur capital.

Combien vous donnent-ils ?

Cela dépend de la maturité de leur entreprise et des services dont ils ont besoin chez nous. En général, cela tourne autour de 10%. Notre modèle est flexible, nous ne raisonnons pas par "promotions" de start-up qui doivent dégager le plancher tous les 18 mois. Elles restent le temps dont elles ont besoin pour décoller.

Combien d'entreprises hébergez-vous aujourd'hui ?

"CoBuilders est également un 'start-up studio' qui va lancer ses propres jeunes pousses comme Rocket Internet"

CoBuilders a pour le moment choisi d'épauler 5 projets. 4 start-up sont installées à Paris et une à Bruxelles. Angus.ai, par exemple, a développé une plateforme logicielle permettant aux développeurs de doter leurs objets connectés de "sens", comme la vue (reconnaissance faciale) et l'ouïe (reconnaissance vocale), grâce à l'intelligence artificielle. Nous voudrions à terme accueillir une dizaine de jeunes pousses tout au plus. Nous voulons pouvoir passer suffisamment de temps avec chaque équipe. Elles pourront être hébergées dans les cinq pays où Wemanity a des antennes, comme l'Espagne, le Royaume-Unis ou encore les Pays-Bas.

Quelles sont vos deux autres lignes de business ?

CoBuilders est également un "start-up studio", comme Rocket Internet. Cela signifie que nous allons lancer nos propres jeunes pousses, dans des verticales que nous jugeons prometteuses. Nous comptons nous appuyer sur les idées des salariés de Wemanity qui veulent développer des projets. Si leur suggestion est bonne, nous sommes prêts à prendre une partie (variable là aussi) du capital de leur start-up pour les aider à booster son développement. Ils passeront 10 à 20% de leur temps de travail sur leur projet.

Nous voulons enfin co-créer des jeunes pousses dans l'IoT avec de grands groupes du CAC 40, mais aussi des ETI. Comme avec les start-up extérieures, nous leur apportons la richesse de notre écosystème et notre agilité. Elles apportent la puissance de frappe de leur marque. Nous partagerons le capital avec ces partenaires, selon une équation qui sera négociée au coup par coup. Nous sommes aussi ouverts à d'autres types de business modèles. Les entreprises pourraient par exemple nous payer pour que nous hébergions leur start-up chez CoBuilders. Nous discutons actuellement avec un très gros énergéticien pour lancer un premier projet, mais je ne peux vous en dire plus pour le moment…