Justicelib permet d'envoyer un courrier d'avocat en quelques minutes et pour 10 fois moins cher
Faire appel à un avocat pour rédiger une mise en demeure peut coûter jusqu'à 800 euros. Dans le cas où le tribunal doit être saisi, la facture pourra s'élever, en plus, à 1 500 euros. "Si vous achetez un ordinateur à 2 500 euros qui ne fonctionne pas et que le vendeur refuse de vous rembourser, solliciter un avocat ne vaut par conséquent pas le coût. Idem pour faire face au refus de rendu d'une caution de 2 000 euros dans le cadre d'une location. Et ce n'est là que deux exemples", souligne maître Jocelyn Ziegler. Partant de ce constat, le cabinet d'avocats parisien Ziegler & Associés a décidé de mettre sur pied un chatbot automatisant le règlement de ces litiges du quotidien. Objectif : réduire drastiquement les coûts de la prestation juridique. Baptisé Justicelib, le service en question est tarifé 60 euros par dossier.
"Nous sommes partis de 20 litiges dans de nombreux domaines : achat sur Internet qui n'a pas abouti, réclamation suite à un rendez-vous chez le médecin, conflit avec un propriétaire à propos de travaux...", énumère Jocelyn Ziegler En rédigeant des mises en demeure par leurs propres moyens, 17 des personnes lésées n'avaient reçu aucune réponse. Seules trois avaient obtenu une réponse, et sur ces trois, seule une avait obtenu gain de cause. Partant de là, le cabinet décide de tenter l'expérience. "Nous avons ensuite rédigé l'ensemble des mises en demeure de ce panel. Nous avons reçu 16 réponses dont 14 se sont révélées positives. Ce qui prouve que la signature d'un avocat pèse lourd dans la balance", souligne Jocelyn Ziegler. "Dans le même temps, nous avons fait le constat que la grande majorité des cabinets d'avocats français refusait de prendre en charge ce type d'affaire car le jeu n'en vaut pas la chandelle."
Le cabinet d'avocats s'est alors tourné vers l'intelligence artificielle générative pour créer son service en ligne. Le modèle sous-jacent est entraîné sur le contenu de Légifrance. Résultat : En fonction du cas de figure, le chatbot aiguille l'utilisateur vers la bonne configuration jurisprudentielle. Il lui pose quelques questions et lui demande de fournir un certain nombre de preuves dont il vérifie la véracité. Au final, il produit une lettre de mise en demeure qui est ensuite relue, validée et signée par les avocats du cabinet avant d'être directement envoyée à la partie adverse. Cette dernière répond via un message qui est également réceptionné par le système qui intègre ainsi l'ensemble du processus.
"Le chatbot évite les interactions humaines coûteuses en temps tout en mâchant le travail de l'avocat qui n'a plus qu'à repasser sur la lettre", se félicite Jocelyn Ziegler. "Certes, nous devons corriger les éventuelles erreurs, mais plus nous corrigeons, plus l'IA apprend." Sur les 10 premiers dossiers qui ont transité jusqu'ici par Justicelib, huit ont obtenu gain de cause. Deux sont encore en attente de réponse. Les affaires en question ? Un compte bancaire suspendu, une facture de dentiste exponentielle qui ne correspondait pas aux prestations, un prêt d'argent d'environ 3 000 euros non remboursé... "Plus l'IA va ingérer de nouvelles données et cas de figure, plus elle s'affinera en termes de qualité de rendu, l'objectif étant d'aboutir à un temps de dix minutes passées par nos avocats sur chaque demande", insiste Jocelyn Ziegler.
Force est de constater qu'une telle solution n'existait pas encore en France. Aux Etats-Unis en revanche figurent déjà des solutions équivalentes centrées sur le droit américain, au premier rang desquelles Arbitrus.ai.