Eiffage veut "des prompteurs de haut niveau" mais utilise l'IA comme vous et moi

Eiffage veut "des prompteurs de haut niveau" mais utilise l'IA comme vous et moi La société de BTP a annoncé en 2024 un partenariat avec Google Cloud autour de l'IA. A l'occasion de Google Cloud Next, son DSI Jean-Philippe Faure a dressé un premier point d'étape.

Pour un géant du BTP comme Eiffage, l'adoption des nouveaux outils d'intelligence artificielle ne se fait pas n'importe comment. Il ne s'agit pas uniquement de mettre des outils à disposition des employés, il faut aussi leur apprendre à s'en servir correctement : "Chez Eiffage, on utilise quatre types de LLM différents", explique le DSI du groupe Jean-Philippe Faure. "On propose Imagen et Gemini de Google, les LLM de Mistral AI, mais aussi Claude. Et les utilisateurs peuvent choisir leurs solutions selon le cas d'usage qui les intéresse, mais on leur propose aussi un robot pour guider leurs choix en fonction de leur besoin", résume le directeur. 

Prompter, mais de manière efficace

Eiffage met ces outils d'intelligence artificielle à la disposition d'un peu plus de 2 500 employés au sein de ses équipes, sous réserve d'avoir tout d'abord validé une formation dédiée d'environ 80 minutes. Pour l'instant, 2 600 employés (sur un peu plus de 84000 collaborateurs dans l'ensemble du groupe) ont déjà passé cette formation. Mais Eiffage n'entend pas s'arrêter là : "On ne veut pas que les gens fassent des prompts stupides. Ces formations sont essentielles : on aimerait avoir des prompteurs de très haut niveau." Si pour l'instant, la formation reste limitée, Eiffage aimerait pouvoir mettre en place un atelier, "peut être sur deux ou trois jours", afin de développer encore plus en avant les compétences de ses employés sur les outils d'intelligence artificielle. 

Améliorer les prompts est d'ailleurs l'un des enjeux principaux d'un partenariat avec Google Cloud annoncé en 2024 : Eiffage a mis en place une plateforme no code baptisée Workflow Builder afin d'aider les employés à réaliser des prompts plus efficaces pour obtenir les résultats voulus. "Ce qu'il faut, sur un prompt, c'est ne jamais prendre le premier résultat. Parce que la machine cherche à consommer le moins possible, et le premier résultat c'est généralement un résultat de feignant. Il faut lui demander d'enrichir, entrer dans un jeu de tennis avec la machine, jusqu'à obtenir un résultat satisfaisant", assure Jean-Philippe Faure. 

Comprendre les usages et maîtriser la consommation

Et cette population d'early adopters est observée de près afin de comprendre quels sont les cas d'usage principaux des outils d'intelligence artificielle dans l'entreprise. Sans grande surprise, les employés d'Eiffage utilisent les IA comme vous et moi : "Ce qu'on observe, c'est que 40% des prompts visent à faire de l'amélioration de textes, 40% visent à faire de l'aide à la décision, et on voit aussi dans 5% des cas des demandes relatives à du code informatique", confie Jean-Philippe Faure. L'amélioration de texte, et surtout son uniformisation, a un intérêt pour une entreprise de cette taille, qui ne cherche pas vraiment un "style littéraire" ou "une pensée complexe", mais une transmission d'information claire et compréhensible, sans fioriture. Un style pour lequel les modèles de langage sont excellents. Sans grande surprise, les modèles de langage sont utilisés pour générer des comptes-rendus de réunions de chantier. Parmi les autres usages mis en avant par Eiffage, les outils de reconnaissance visuelle sont par exemple utilisés pour analyser les images prises sur les chantiers afin d'identifier rapidement des écarts aux règles de sécurité. 

Bien évidemment, l'autre aspect observé de près est la consommation et l'usage qui est fait de ces différents outils, qui facturent généralement à la requête. Pour éviter les dérives bien connues du cloud, Eiffage surveille donc ses utilisateurs de près : "On observe la consommation, on a un outil de reporting qui nous permet de la connaître à l'euro près, par consommateur, et dès qu'on voit quelqu'un qui consomme trop, on l'appelle pour comprendre ce qu'il s'est passé", explique le DSI. En moyenne, les utilisateurs de l'IA chez Eiffage ont droit à un crédit de 5 euros par mois, 10 euros pour les plus gros utilisateurs voire 30 pour certains profils spécifiques, "mais c'est très rare de voir ce genre de cas de figure", assure Jean-Philippe Faure.