La DSI, chef d'orchestre de l'IA : un nouveau rôle au service de la performance

L'IA transforme la DSI en chef d'orchestre stratégique, garante d'une intégration maîtrisée et créatrice de valeur pour l'entreprise.

L’IA offre aux DSI l’opportunité d’élargir et de rendre plus visible leur contribution directe à la performance et au business de l’entreprise ! Difficile d’évaluer précisément ce potentiel, mais si on additionne les gains de temps liés à l’automatisation intelligente des tâches internes et l’apport de l’IA dans la conception et le pilotage des projets, on peut estimer qu’une DSI “augmentée" à l’IA récupérerait de 10 à 30 % de sa capacité globale pour… accompagner la transformation de l’entreprise. Un point stratégique, puisqu’il s’agit d’innovation et de transformation, mais aussi et surtout, de guider tous les métiers de l’entreprise dans leur utilisation de l’intelligence artificielle, gage d’accélération dans leurs missions, leurs objectifs et leur business. Un cercle vertueux. 

Avec une IA qui rebat les cartes, les DSI se retrouvent une nouvelle fois, à la croisée des chemins, comme ils l’ont été hier face à l’avènement du digital ou de la gouvernance de la data. Parfaitement légitimes, ils ont aujourd’hui la responsabilité de s’emparer de ce sujet qui irrigue toute l’entreprise. L’attentisme serait risqué, en les cantonnant à un rôle réducteur de gestion des infrastructures et du matériel IT. À l’inverse, saisir pleinement cette opportunité, c’est affirmer la DSI comme acteur stratégique et partenaire de confiance de l’entreprise.

Le sujet est donc crucial. L’IA transforme en profondeur la fonction et le rôle de la DSI au sein de l’entreprise, sur les missions stratégiques, opérationnelles, de gouvernance et les compétences. Elle la renforce en tant que business partner et lui octroie une position nouvelle : celle de chef d’orchestre coordonnant l’intégration et les missions de l’IA dans toute l’organisation. Et ce d’autant plus que le DSI est la bonne personne pour porter ce nécessaire regard pragmatique sur l’IA, sans sur-promesse ni fantasme, sans déconnexion de la réalité de l’entreprise : l’IA reste un outil. Certes, un levier puissant - voire magique - d’accélération ouvrant le champ des possibles, mais un levier qui doit être exploité de manière responsable. Dans un cadre défini, structuré et lisible. 

Ainsi, au cœur de la fonction, le partenariat entre DSI et métiers, avec une DSI à la fois “au service de”, guide et moteur des métiers, prend tout son sens. Mieux encore, il évolue. 

DSI et métiers : attention à l’IA en self-service !

Dans toutes les entreprises, quel que soit le secteur d’activités, les métiers s'emparent de l'IA avec enthousiasme, parfois même en self-service. Souvent intuitifs, les outils sont accessibles. Les progrès de la tech sont colossaux et rapides. Mais l’autonomie acquise par une utilisation sans ou hors cadre est pleine d’écueils. Sans stratégie globale et gouvernance centralisée, les risques sont multiples : silos de données, redondances, problèmes de sécurité, coûts non maîtrisés et surtout, un manque d'alignement avec les objectifs de l'entreprise.  

De l’accès rapide à l’information en langage naturel à l’aide à la décision et à l’analyse, de la détection des dérives à l’automatisation du reporting, les besoins des métiers sont réels, mais leur satisfaction ne doit pas se faire au détriment de l'intérêt général. L’intégration et l’utilisation de l’IA doit donc être encadrée avec intelligence (humaine) et pédagogie. Pour chaque métier, il faudra définir les usages spécifiques, selon les besoins et les finalités, et identifier les pièges à éviter. 

Pour que le levier constitué par l’IA soit exploité de manière responsable, la DSI doit donc imposer une stratégie de la donnée claire et ambitieuse, garantissant la qualité, la cohérence, la sécurité et la conformité des informations. 

Le cadre doit être défini, structuré et lisible pour tous. 

Ce faisant, la DSI renforce sa position au sein du Comex car elle accompagne la gouvernance autour de l’IA dans la définition d’une feuille de route stratégique et de la stratégie de données.

Accompagner, cadrer, valoriser : la DSI main dans la main avec les RH

Pour réussir la transformation, la DSI doit adopter une posture proactive et suivre une feuille de route basée sur : 

  • La vision et les objectifs de l’entreprise, la manière dont l’IA peut contribuer à les atteindre.
  • Le cadre de gouvernance : la stratégie, la cartographie et la qualité des données, ainsi que l’éthique.

De l’acculturation des équipes métiers à l’optimisation des usages, elle devra ensuite par étapes, et en collaboration avec les RH : 

  • Former les collaborateurs, en les acculturant aux usages et aux limites, par exemple dans le cadre de “plans IA pour tous”, d’ateliers, d’échanges de bonnes pratiques.
  • Expérimenter à petite échelle, former en continu, évaluer et ajuster.
  • Industrialiser les solutions : déployer les solutions d'IA à grande échelle au sein de l'entreprise. Cela implique l'utilisation de plateformes d'intégration robustes et l'interconnexion des agents via des API, en respectant des protocoles compatibles avec les systèmes existants.
  • Mesurer le ROI et l’optimiser : évaluer le retour sur investissement et améliorer les performances des solutions.

Les règles doivent être claires et les mécanismes de contrôle solides pour garantir la sécurité et la conformité. La communication est essentielle dans l’appropriation de la culture de l’IA, dans le partage des bonnes pratiques et dans la valorisation de l’expertise et du rôle stratégique de la DSI. 

DSI augmentée : de nouveaux métiers, des talents spécialisés 

En contribuant plus sensiblement au business et au succès de l’entreprise, la DSI prend une autre dimension. Plus visible dans toutes les strates de l’entreprise, elle devra recruter des profils spécialisés, dans de nouveaux métiers, au sein non seulement de son SI, mais aussi dans d’autres services, comme les RH ou le juridique. Ces métiers, souvent importés des Etats-Unis, renforcent et élargissent, eux aussi, le périmètre de la DSI dans l’entreprise. On voit ainsi apparaître le Chief IA Officer, responsable de l’intelligence artificielle sur le modèle du Chief Data Officer, ou encore l’AI Product Manager, pilote des roadmaps et des moteurs de données. L’éthicien, rattaché au service juridique, veille au respect des principes éthiques. Le Data Steward IA garantit la qualité de la donnée dans ses usages transverses. Quant au coach-formateur en IA, il accompagne les équipes RH dans la montée en compétences. Autant de nouveaux postes qui émergent… avec plus ou moins de vigueur selon les entreprises.

Dans tous les cas, la révolution de l’IA est une aubaine pour des DSI dont la contribution, le capital confiance et l’image sortiront grandis. Pour les métiers, c'est l'opportunité de gagner en efficacité, en agilité et en créativité. Pour l'entreprise, c'est un avantage concurrentiel décisif, une capacité à innover plus vite et à s'adapter aux changements du marché.