Vendredi 21 janvier 2000
Stock-options : L'amendement Bonrepaux refait surface au grand
dam des start-ups
Le débat sur l'alourdissement de la fiscalité
sur les stocks-options refait surface plus tôt que prévu.
Le dernier épisode avait eu lieu au mois d'octobre
1999. Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'Economie
et des Finances, avait exhorté sa majorité a
repousser au printemps 2000 l'amendement d'Augustin Bonrepaux,
le président de la Comission des finances de l'Assemblée
nationale.
Cet amendement prévoyait notamment de faire passer
la taxation sur les plus values supérieures à
500.000 francs de 40% à plus de 50% soit au même
niveau que la tranche haute de l'impôt sur le revenu.
Certains s'imaginaient dès lors que l'amendement en
question tomberait aux oubliettes d'autant que Dominique Strauss
Kahn n'y était pas vraiment favorable.
Mais depuis, le ministre de l'Economie et des Finances a démissionné
et Augustin Bonrepeaux a récemment fait savoir qu'il
représenterait son amendement, tout en n'excluant pas
de l'étendre au bons de croissance.
Déclenchant la fureur de plusieurs groupements de Start-ups
dont l'Electronic
Business Group (EBG) qui compte plus de 140 sociétés
adhérentes.
Ainsi son président, Pierre Reboul, a demandé
à être recu par le Premier ministre et le nouveau
ministre des Finances pour leur faire part de la grande hostilité
des créateurs à l'égard de cet amendement.
"Cette nouvelle fiscalité risque de briser un
élan et de mettre un couvercle sur la nouvelle économie
en France", estime-t-il, "les start-ups ont réussi
à bien s'entourer en débauchant des cadres de
grands groupes mais si on supprime l'avantage des stocks options
l'essor de ces sociétés s'arrêtera net".
Et pour enfoncer un peu le clou il ajoute que cet amendement
"sera même plus de droite que de gauche".
Il s'explique: "On va pénaliser tout ceux qui
ont décidé de créer une entreprise et
de réussir par le travail. Les salariés de ces
start-ups, de la secrétaire au cadre seront aussi touchés
et ne pourront pas bénéficier des fruits de
la croissance de l'entreprise. Alors que l'actionnaire de
l'entreprise va en profiter. On privilégie donc le
capital face au travail".
Sauf qu'à l'heure actuelle la politique qui consiste
à distribuer des stocks options à tous les salariés
n'est pas encore très répandue dans les entreprises.
Et le gouvernement garde toujours en mémoire le tollé
suscité par l'affaire Jaffré (le PDG d'Elf avait
exercé son option pour près de 200 millions
de francs). Pressé par les Verts et le PC, il veut
donc légitimement faire un exemple de cette affaire.
"Mais moi aussi je trouve scandaleuse l'affaire Jaffré",
s'emporte Pierre Reboul, "mais un cas d'espèce
douteux doit-il nuire au développement de tout un pan
de l'économie ?".
Certains au sein de l'EBG ont donc envisagé une solution
qui aurait pu contenter les deux parties. Elle consistait
à relever le plafond de 500.000 francs sur lequel est
basé la nouvelle taxation.
Mais le projet a été enterré car Pierre
Reboul souhaite un débat plus large sur le sujet: "Nous
ne voulons pas d'un amendement en catimini. Ce débat
sur les stock-options doit permettre d'engager une vraie réflexion
sur l'impact de la nouvelle économie et sur les espoirs
qu'elle suscite chez les jeunes. Et surtout de répondre
à la question 'peut-on encore s'enrichir en France
par le travail' ?"
Le Gouvernement est en tout
cas sensible à la question puisqu'il a confié
à Jean-Paul Balligand et Jean-Baptiste de Foucault
une mission de réflexion sur l'épargne salariale. Les deux
hommes remettront leur copie au Premier ministre le 31 janvier.[Jérôme
Batteau, JDNet]
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