Jeudi
6 avril 2000
Listes de diffusion : Voila et Egroups se déchirent,
les internautes paient l'addition
En raison d'un rocambolesque différend entre le portail de France Telecom et son fournisseur, le service de listes de diffusion de Voila.fr est fermé depuis quelques jour.
Quand les
gros réglent leur compte, ce sont les petits qui en
pâtissent. C'est la morale de l'histoire que l'on peut
tirer du bras de fer qui oppose depuis quelques semaines Voila.fr
et la société américaine Egroups.
Depuis un an, le portail
de France Télécom sous-traite en effet à
Egroups la gestion des listes de diffusion destinées
aux membres du Club
Voila.
Mais dans l'Internet, un an c'est long, et cela finit par
lasser surtout quand des éléments extérieurs
viennent perturber la donne.
Car au mois de décembre 99, Egroups a fusionné
avec Onelist, l'un de ses concurrents, et a revu sa stratégie.
La société qui disposait d'un partenariat unique
avec Voila.fr a en effet décidé de faire cavalier
seul et de proposer sa solution directement aux internautes
via ses différents sites dans le monde. Un bon coup
de canif dans le contrat de mariage avec Voila en quelque
sorte.
"Nous voulons développer une interface unique
dans tous les pays, comme Yahoo", précise Olivier
Bouley, le responsable d'Egroups France. "De plus après
un an de partenariats, il ne me semble pas illogique de revoir
les termes d'un contrat d'exclusivité assez contraignant
pour nous".
L'histoire aurait dû s'arrêter là puisque
les ingénieurs de France Télécom avaient
normalement concocté en interne une nouvelle solution
de liste de diffusion pour les membres de Voila Club. Sauf
que la dite solution a eu un léger retard à
l'allumage, privant ainsi des milliers d'internautes de leur
précieuses listes de diffusion.
Egroups
a donc tenté de profiter de la panne et a envoyé
un message à tous les modérateurs de listes
pour les informer de la situation tout en leur glissant subrepticement
que la société serait enchantée de leur
proposer une solution de rechange. D'autant qu'eGroups.fr
venait d'ouvrir.
"C'est normal, non?" explique Olivier Bouley. "Soit
on laissait tout le monde dans le noir, le temps que Voila
offre une solution, soit on envoyait un mail à tous
les modérateurs pour les informer qu'ils pouvaient
désormais venir chez nous. Nous n'avons forcé
personne".
A un détail près, c'est que Voila.fr accuse
désormais Egroup d'avoir gardé la base de données
des listes de diffusion et considère que l'offre faîte
aux médiateurs par mail était "du spamming
abusif". Selon le service de presse de Voila.fr, la société
envisage même des poursuites pour "rupture de contrat"
si un accord à l'amiable n'est pas trouvé rapidement.
A la manoeuvre d'eGroups, Voila a répondu en proposant
un cadeau aux modérateurs de liste qui lui resteraient
fidèles. Ou comment transformer une bataille de géants
en conflit d'épiciers de quartier.
Quant aux dindons de la farce que sont les internautes ils
continuent à compter les coups tout en renvoyant les
deux sociétés dos à dos. Certains envisageant
même de migrer vers d'autre cieux, loin des querelles
de clocher entre Voila et eGroups. [Jérôme
Batteau, JDNet]
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