Vendredi 28 avril 2000
SelfTrade
paye en Bourse les semaines d'euphorie Internet
L'action du courtier a encore perdu près de 8% hier malgré l'annonce de bons résultats pour le premier trimestre
"C'est à n'y rien comprendre". Carine Beigbeder,
la responsable des relations investisseurs du courtier en
ligne Self Trade, n'en revient toujours pas. Malgré
les bons chiffres du premier trimestre 2000 annoncés,
hier, le cours de la société continue à
s'enfoncer de façon vertigineuse. Après six
séances continues de baisse, il a encore dégringolé,
hier, en clôture et abandonne près de 8% dans
un marché morose (cf article
du jour). Le titre cote désormais 8,89 euros soit
une perte supérieure à 30% par rapport au cours
d'introduction.
Pas de prime donc pour le courtier en ligne qui affiche pour
ce trimestre un revenu d'exploitation de 11,7 millions d'euros,
en croissance de 136% par rapport au précédent
trimestre. Le nombre de clients a doublé par rapport
à ce même dernier trimestre. Le courtier en ligne
revendique désormais 23.590 clients, assez actifs puisque
le nombre d'ordres exécutés est légèrement
supérieur à 10 par mois.
Quant au coût d'acquisition de ces nouveaux clients,
il est largement dans la norme puisque avec les dépenses
marketing annoncées (3,2 millions d'euros) il se situerait
autour de 250 euros. En 1999, ce coût était d'environ
340 euros par clients. Au total, la société
affiche un ratio capitalisation/nombre de clients égal
à 18. 000 euros. Cette valeur proche également
des standards européens est en revanche très
éloignée de celle des courtiers en ligne hexagonaux.
Consors, Fimatex ou Bourse Direct valorisent en effet le client
au delà de 20.000 euros.
"C'est comme si on occultait tout notre développement
européen, explique Carine Beigbeder. Nous avons pourtant
ouvert une filiale en Italie et nous allons prochainement
le faire en Allemagne et en Espagne".
D'ailleurs si SelfTrade dégage un résultat positif
en France pour le premier trimestre (0,4 million d'euros),
le résultat courant de l'ensemble du groupe est négatif
de 2,1 millions d'euros en raison de ce développement
européen.
Mais SelfTrade est aussi et surtout victime, depuis son entrée
en Bourse le 17 mars, du climat d'incertitude qui prévaut
sur le marché des valeurs internet. Le
courtier paye ainsi certainement le fait de s'être présenté
souvent comme une dotcom indépendante, un "pure
player" internet.
Si cette étiquette pouvait payer en période
d'euphorie sur les valeurs internet, elle l'a en revanche
sans doute pénalisé lors des récentes
corrections. Fimatex, adossée à la puissante
Société générale, et qui a une
image beaucoup plus conservatrice, affiche par opposition
un gain de 33% depuis son introduction au début du
mois de mars.
On notera d'ailleurs que SelfTrade n'est pas un acteur si
virtuel puisque 20,25% du capital de la société
est entre les mains de la banque suédoise Skandinaviska
Enskilda Banken AB (SEB) et 10,03% est détenu par la
banque allemande Oppenheim Beteiligungs.
"C'est possible qu'il y ait eu un problème de
perception au départ" concède Karine Beigbeder,
"mais il faut dire aussi que l'on n'a pas été
trop couvert lors de notre introduction. Les analystes nous
disent d'ailleurs que nos fondamentaux sont bons et restent
très confiants à moyen terme".
Créée en 1997 par Charles Beigbeder, SelfTrade
emploie 220 collaborateurs et a réalisé l'an
dernier un produit bancaire de 9,154 millions d'euros.
[Jérôme
Batteau, JDNet]
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