Les
internautes peu soucieux de la protection des données
personnelles
L'institut Ipsos-Médiangles a évalué l'attitude des internautes français sur la question de la protection des données personnelles. Bilan : la confiance règne.
"Le principal enseignement
à tirer de cette étude, c'est que les internautes
ne sont a priori pas réticents à communiquer des
données personnelles les concernant", commente Xavier
Baras, chargé d'études chez Ipsos-Médiangles.
L'enquête réalisée en mars (par téléphone,
auprès de 300 internautes) par l'institut de sondages
montre que 63 % des internautes français ont déjà
communiqué volontairement des données personnelles,
soit en laissant leur e-mail sur un site, soit en répondant
à un questionnaire en ligne. Autre fait marquant : les
internautes sont prêts à divulguer de nombreuses
informations basiques comme leur sexe (à 99%), leur profession
(94 %) ou leur âge (92 %), mais aussi des données
plus privées comme leur type d'habitation (62 %), leur
adresse postale (62 %) ou leur numéro de téléphone
(44 %). Par contre, ils ne sont plus que 25 % à bien
vouloir indiquer leurs opinions politiques et 17 % leurs produits
d'épargne.
Une ouverture d'esprit d'autant plus étonnante que 81
% des sondés déclarent savoir que leur ordinateur
communique automatiquement des données aux sites qu'ils
visitent. Même constat quant à la pratique du spamming
: 52 % des internautes ont déjà reçu des
e-mails non désirés, mais à 60 %, ils considèrent
cette pratique comme "juste gênante". Ils ne
sont que 13 % à la rejeter en bloc. Si les internautes
ont une approche a priori sereine, ils sont quand même
75 % à préférer une réglementation
qui émanerait des pouvoirs publics (texte de loi). Seuls
25 % font confiance à la capacité des acteurs
de l'Internet à s'auto-réguler.
La relative confiance des internautes s'expliquerait-elle alors
par leur méconnaissance de ce que les sites font concrètement
de leurs données personnelles ? "C'est une interprétation,
ajoute Xavier Baras. On peut aussi y voir une marque de confiance,
assortie d'une volonté de sévir en cas d'abus".
Si Ipsos-Médiangles n'a pas encore de recul pour évaluer
l'évolution des internautes en matière de protection
des données personnelles (cette enquête était
le première du genre, mais devrait se renouveler dans
six mois), une chose est sûre : l'attitude française
diffère largement de celle des Américains. Davantage
soucieux de savoir ce que les sites font des informations les
concernant, les Américains croient, à 60 %, en
une auto-régulation qui proviendrait directement des
acteurs du Web.Des différences culturelles à méditer
? [Laurence Matuchet, JDNet]