Mercredi
17 mai 2000
QXL et Ricardo nouent une alliance défensive
Les spécialistes britannique et allemand des enchères en ligne fusionnent pour mieux faire face à la menace de l'américain eBay. Leurs concurrents français ne s'inquiètent pas de l'émergence d'un gros acteur européen.
Dans
le secteur européen des ventes aux enchères
en ligne, le paysage commence à se structurer autour
d'un petit nombre d'acteurs.
La fusion annoncée hier entre le britannique QXL
et l'allemand Ricardo
permet à ces deux acteurs, leader sur leur marché
d'origine mais également bousculés tous les
deux par l'intrusion du géant américain eBay,
d'organiser la résistance.
Ricardo, créé
en Allemagne en juillet 1998 et implanté également
en Suisse et en Grande-Bretagne revendique 670.000 membres.
QXL pour sa part annonçait
500.000 utilisateurs à la fin de l'année 1999.
Au total, les deux sociétés font état
à ce jour de 1,3 million de membres en europe. Parallèlement,
le géant américain eBay implanté en Grande-Bretagne
et en Allemagne annonce déjà 966.100 membres
en Europe à la fin du premier trimestre, soit une progression
de 52% par rapport à la fin de l'année dernière
(ce chiffre comprendrait les Européens inscrits sur
le site américain). Menacés dans leur leadership
sur leurs marchés d'origine, les deux groupes ont donc
décidé de s'unir pour créer Qxl Ricardo
Plc, dont le siège social sera à Londres et
qui sera cotée à
la Bourse de Londres et au Nasdaq. Aujourd'hui, à Francfort,
l'action Ricardo a progressé de 8,54%, tandis que l'action
QXL reculait de 6,11% à Londres et de plus de 8% au
Nasdaq.
Sur le plan financier,
les actionnaires de QXL detiendront la majorité des
parts du groupe avec un maximum de 43.8% des parts pour les
actionnaires de Ricardo. Au terme de cette fusion, la valorisation
retenue pour le titre de l'action Ricardo, côtée
sur le Neue Market allemand, est de 127 euros par titre contre
99,5 euros lors de sa dernière cotation avant l'annonce
de l'accord (le titre a terminé à 108 euros
mardi soir). Avec cette "prime" de 27%, Ricardo
détenue en majorité par ses trios fondateurs,
est valorisé 1,104 milliards d'euros, soit plus de
7 milliards de francs. Cette valorisation du titre Ricardo
correspond cependant à peine au cours du début
du mois d'avril, au lendemain des turbulences boursières
traversées par les valeurs Internet. Aupravant, le
titre était monté à 210 euros.
Sans être
totalement surprenante, cette opératin n'était
pas non plus attendue, Ricardo par exemple étant en
passe de finaliser le rachat du site Eurobid
et de lancer son site français, pour lequel il avait
déjà constitué son équipe et programmé
sa campagne de lancement. Alors que QXL, pour sa part, est
présent sur le marché français depuis
son origine. Il semble bien que la décision ait été
prise aux plus hauts niveaux des deux groupe, Olivier Creuzy,
directeur général de QXL France, reconnaissant
n'avoir appris la nouvelle qu'hier matin. Le nouveau groupe
n'a pas encore annoncé de décision quant à
l'avenir de la structure et du site français, dont
le lancement devrait être reporté, voire abandonné.
Les autres grands
acteurs du marché des enchères en Europe, que
sont notamment iBazar et Aucland, se déclarent non
surpris par cette opération.
Pour Marc Piquemal, directeur général du groupe
iBazar,
"les deux sociétés ont le même profil,
sont chacune très attaquée sur leur marché
national par eBay, et sont toutes deux sous la pression d'un
cours de Bourse." "En annonçant plus d'un
million de membres, poursuit Marc Piquemal, ils nous devancent
légèrement puisque nous ne sommes à ce
jour qu'à 990.000 membres pour le groupe, avec une
progression de 7.000 membres par jour. Mais nous dominons
très largement les marchés du sud de l'Europe,
avec l'Espagne et l'Italie, et les marchés français
et néerlandais. Cette opération est un paramètre
que nous intégrons mais qui ne constitue pas une menace.
Avec notre trésorerie de l'ordre d'un milliard de francs,
nous pouvons voir venir."
Fabrice Grinda,
fondateur du site Aucland,
tient en substance le même discours: " C'est une
consolidation logique sur le marché car les deux acteurs
sont complémentaires, mais se ne sont pas nos concurrents.
Leur métier consiste à écouler les stocks
des industriels, alors que mon métier est de mettre
en contact les particulier pour leurs permettre de vendre
les biens dont ils ne veulent plus aux enchères. Mes
vrais concurrents sont eBay et iBazar. Aucland compte aujourd'hui
300.000 membres et nous grandissons plus vite que les autres.
A ce jour la partie reste jouable pour Aucland en solo."
Reste l'émergence
d'un nouveau géant du secteur, qui devra nécessairement
rationnaliser le développement de ses marques sur ses
différents marchés. La fusion QXL-Ricardio est
en tout cas une démonstration supplémentaire
que l'heure est au regroupement et aux concentrations sur
les grands marchés de l'e-commerce.
[Fabien
Claire, JDNet]
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