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Samedi 20 - Lundi 22 mai 2000

Razzia sur le Web par le site Pokemon Avec plus de 10 millions de pages vues par mois, le site officiel des bébêtes de Nintendo fait en ligne un carton à la mesure de son succès dans les cours de récréation.

Version impression

Rarement dans l'histoire du marketing on aura connu de phénomène aussi impressionnant et planétaire. Les pokemons, ces petites bestioles multicolores et polymorphes, ont envahi l'univers des enfants du monde entier. Ces nombreux personnages sont nés de l'imagination d'un jeune Japonais passionné de jeux vidéo et collectionneur d'insectes qui est venu proposer ce concept original d'un parc de personnages imaginaires. Séduits par l'idée, les ingénieurs du géant du jeu vidéo Nintendo l'embauchent et pendant cinq ans ils travaillent avec lui au perfectionnement du concept.

Les personnages sont nés officiellement dans un jeu vidéo pour console Game Boy, et rapidement par le biais d'accords de licences et merchandising, les 150 petits monstres se sont répandus via le film, grand succès au box-office, les produits dérivés en tous genres (personnages...) et surtout les fameuses cartes Pokemon dont la pénurie entretenue a permis le développement de trocs et d'échanges entre les joueurs.

A la fois propriétaire du jeu, de la marque et du concept, Nintendo ne pouvait tenir ce phénomène à l'écart du Web, d'où l'idée de créer pour chaque pays un site officiel Pokemon. Le site français né en octobre dernier est très vite devenu un top de l'audience avec plus de 10 millions de pages vues en avril dernier.

Le site dédié à l'univers des pokemons compte actuellement plus de 200.000 visiteurs uniques par mois dont une partie importante âgée de 8 à 15 ans. Plus de 150.000 enfants sont inscrits sur le site, ce sont les membres du club qui accèdent ainsi à un contenu spécial et peuvent échanger des messages, des cartes, s'inscrire dans le club très fermé des heureux joueurs possédant les 150 pokemons.

"Il s'agit avant tout pour nous de permettre aux enfants de prolonger l'univers des pokemons à travers le site en exploitant l'interactivité du réseau", explique Laurent Fischer, directeur marketing des Pokemons chez Nintendo France. "Le site ne vend rien, nous ne sommes pas une boutique mais simplement un lieu d'échanges et de partage entre les joueurs. Bon nombre d'entre eux ont acquis une connaissance extraordinaire du net et de plus en plus de pages personnelles sont créées par des joueurs. Nous les référençons après en avoir vérifié le contenu qui doit être conforme à la charte graphique et à l'univers Pokemon. Quelques plaisantins étaient parvenus à faire référencer des sites dont ils changeaient le contenu après le référencement. L'un d'eux critiquait l'univers des Pokemons. Mal lui en a pris: les jeunes internautes très attachés à leur jeu ont noyé sa boîte mail de messages..."

Lorsqu'on parle de sites pour enfant sur Internet, le problème de la maîtrise du contenu des sites consultés se pose rapidement. Si pokemon.tm.fr ne pose évidemment aucun problème de contenu, ce n'est pas le cas de tous les sites estampillés Pokemon.
D'après Nintendo, en janvier dernier, Yahoo classait le mot Pokemon dans les deux requêtes les plus demandées sur son moteur de recherche. Or le 7 avril dernier, le site linternaute.com signalait dans un article, un site intitulé "Pokemon le site" trouvé sur Voila qui se révélait être un site pornographique (lire l'article). "Lorsque nous avons appris la chose, nous avons immédiatement déposé plainte et deux heures plus tard la police était chez l'auteur du site. Nintendo dispose d'un arsenal repressif très efficace doté d'une cellule de veille internationale aux Etats-Unis et relayée par toutes les filiales nationales du groupe. Nous avons identifié un phénomène équivalent en Italie avec un site pédophile dont les auteurs sontr aujourd'hui poursuivis. Nous ne pouvons garantir que de tels phénomènes ne se reproduiront pas, mais nous maintenons une telle pression que les risques deviennent considérables pour les auteurs."

Le site, réalisé par Internence, ne s'est vu fixer officiellement aucun objectif précis, le but étant pour Laurent Fischer "de développer l'interactivité dans un climat de sécurité pour les enfants. Les fichiers de membres du club ne seront jamais utilisés ni commercialisés, le site ne sera jamais marchand. Notre objectif est simplement de permettre aux enfants de continuer à vivre leur passion pour Pokemon via Internet". Et à entretenir la flamme marketing. [Fabien Claire, JDNet]