L'Internet
"gratuit-gratuit" (gratuité des communications,
pas d'abonnement) arrive finalement en France par le biais d'un
nouvel acteur : Oreka.
Ce fournisseur d'accès propose dix-huit heures par mois
d'accès libre et gratuit à Internet. Passé
ce cap, les internautes devront s'acquitter des coûts
de communication (alignés sur ceux de France Télécom
tout en prenant compte des options tarifaires). David Bitton,
PDG d'Oreka, avance trois raisons pour expliquer la mise en
place de cette formule qui n'a pour l'instant pas d'équivalent
en France, en dehors de l'essai "gratuit-gratuit"
de LibertySurf annoncé la semaine dernière : "D'abord,
le marché Internet français est en retrait par
rapport au reste de l'Europe. Ensuite, la facturation à
la minute rappelle le mode du kiosque de France Télécom.
Ensuite, Oreka ne demande pas de carte bleue lorsque l'internaute
s'inscrit", argue-t-il. Un kit de connexion peut être
commandé sur le site Oreka.fr. David Bitton espère
séduire 400.000 internautes en 2000 avec ce nouveau concept
en France. Mardi soir, après une journée d'exploitation,
le PDG recensait 2.000 inscriptions mais il faut compter avec
une liste d'attente.
Oreka n'a pas souhaité mettre en place un portail qui
accompagne généralement l'installation d'un nouveau
FAI. Une page d'accueil personnalisée en fonction du
profil de l'internaute sera proposée avec des partenaires
comme Degriftour, iBazar et probablement Francemp3. Mais l'outil
le plus stratégique pour Oreka est la barre de navigation
du type "Winbe", développée en interne,
et qui reprend les fonctionnalités d'un site d'accueil
: un moteur de recherche intégré, un accès
aux mails (cinq adresses mails), un module de contenu configurables,
etc. Cette barre de navigation est une clé du "business
plan" d'Oreka pour engranger les ressources publicitaires.
David Bitton escompte un chiffre d'affaires publicité
de 50 millions de francs dès cette année. Les
espaces publicitaires seront commercialisés par la régie
iBazar Networks.
Le nom d'iBazar est souvent évoqué car il est
actionnaire d'Oreka, dans lequel il a investi 12 millions de
francs, tandis qu'un groupe de "business angels" (DPF
Holding, Bernard Enry, Joseph Hayoz) a apporté 25 millions
de francs. "Nous avons contacté iBazar en janvier
dernier. Ses dirigeants souhaitaient monter un service d'accès
Internet. Nous les avons convaincus de soutenir notre modèle
vraiment gratuit", raconte David Bitton.
D'un point de vue technique, Oreka s'est reposé sur des
opérateurs comme IBM ou Cisco. L'équipe est pour
le moment restreinte (sept personnes). Le FAI assure la maîtrise
d'ouvrage de sa solution nationale d'accès Internet mais
a choisi d'externaliser sa production. "Nous avons signé
un contrat avec un opérateur télécom, dont
le nom reste confidentiel, pour bénéficier d'une
offre avantageuses sur son réseau en terme de coûts
de communication. En gros, nous avons pris la place d'un grand
FAI qui a cédé sa place", confie David Bitton.
Quatre associés ont fondé Oreka : David Bitton
a créé en 1999 la société ITC dédiée
à l'Internet et le secteur de la grande distribution.
C'est un ancien de chef de produit Cegetel, tout comme Alain
Delhaye (directeur du business development). Il était
auparavant responsable des offres Internet de Completel. Jérôme
Wagner (directeur développement et nouveaux produits)
a collaboré à l'ART et le quatrième, Olivier
Gunti (directeur stratégie et Finance) est un ancien
consultant chez Arthur Andersen. [Philippe
Guerrier, JDNet]