Samedi
8 - Lundi 10 juillet 2000
"Un
moyen presque naturel de dénouement des situations
bloquées"
L'augmentation
notable du nombre de batailles juridiques dans
le cadre de la nouvelle économie est-elle un phénomène
révélateur et prévisible? Pour
Maître Eric Barbry, avocat et directeur du département
Internet du cabinet Bensoussan, "Il n'y a là rien
d'anormal. Il s'agit d'un secteur économique à
part entière, avec des enjeux financiers de plus en plus
importants et un nombre d'acteur croissant. D'ailleurs, il n'y
a pas énormément de conflits entre start-up. Les
difficultés se posent souvent avec des entreprises de
l'économie traditionnelle. En revanche, sur le plan juridique,
la tendance est aujourd'hui à inclure la dimension juridique
dès la genèse des projets Internet. Nous travaillons
même souvent lors de l'élaboration des business-plans.
On nous demande une validation juridique, comme une sorte de
photographie juridique du projet."
Même écho chez son
confrère Maître Edouard Vidile, un autre spécialiste
du secteur, qui précise : "Actuellement, les start-up
lèvent des fonds de plus en plus tôt. Or une
des exigences des investisseurs est d'effectuer un audit juridique
du projet ou de la société. En outre, la plupart
des créateurs de start-up sont des gens qui ont exercé
des fonctions à responsabilités dans d'autres
secteurs de l'économie. Ils ont en général
été sensibilisés à l'importance
du droit dans la vie des affaires. On ne peut pas ensuite
s'étonner qu'ils sachent également rapidement
avoir recours au juge pour résoudre les conflits. Beaucoup
de ces conflits sont liés aux règles de la concurrence,
notamment vis à vis des secteurs traditionnels, ou
à des problèmes de piratage de nom de domaines
et de contrefaçon. L'action juridique est alors pour
ces acteurs un moyen presque naturel de dénouement
de situations tendues, voire bloquées."
Maître Eric
Barbry va même encore plus loin : "Le référé
interdiction, par exemple, peut devenir un arme redoutable
s'agissant de sites Internet. Obtenir la suspension d'un
site pendant trois ou quatre mois, alors qu'au fond on sait
que son action à peu de chances d'aboutir, est un
moyen de pression."
[Propos recueillis par Fabien
Claire, JDNet]
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