Jeudi
13 juillet 2000
Le
torchon brûle entre Gallimard et Bibliopolis
Au mois
de mai de cette année, les éditions Gallimard
semblait enfin parées pour faire face aux nouveaux
défis de l'Internet. La célèbre maison
d'édition venait de signer un protocole d'acquisition
de l'éditeur électronique Bibliopolis (23 millions
de francs de chiffre d'affaires en 1999), une société
qui devait servir de pilier pour la filiale Internet, baptisée
Gallimard Interactive. Une filiale dont l'introduction en
Bourse était prévue pour le mois de septembre
prochain. Ce qui constitutait d'ailleurs un petit évènement
dans le monde des maisons d'édition : celles-ci
s'étaient toujours refusées à franchir
la porte du marché financier. Mais hier, le ressort
de cette mécanique en apparence bien huilée
s'est semble-t-il cassé. Jean Pierre Sakoun, le président
de la société
Bibliopolis a en effet annoncé dans un communiqué,
que "le président des éditions Gallimard, Antoine
Gallimard, avait, par lettre du 15 juin 2000, brutalement,
et sans aucun fondement, mis un terme à ce partenariat en
dénonçant les conventions liant les parties."
Jean-Pierre Sakoun ajoute d'ailleurs "que sa société,
Bibliopolis, a décidé d'engager toute action judiciaire appropriée
aux fins d'être indemnisé des très importants préjudices subis".
Mais le président de Bibliopolis se refuse à
expliquer les raisons qui ont poussé Gallimard à
ce qu'il qualifie de "volte-face". "Ce qui
est sur c'est qu'il - Antoine Gallimard- nous met la responsabilité
de cet échec sur le dos", a affirmé Jean
Pierre Sakoun au JDNet. Le patron de Bibliopolis estime que
"les éditions Gallimard et son responsable ont
peut-être eu peur de sauter dans l'inconnu". Antoine
Gallimard et Pierre Cohen-Tanugi, intronisé au mois
de mai directeur général de Gallimard Interactive,
étaient injoignables hier en fin de soirée pour
répondre aux accusations de la société
Bibliopolis.
Reste à savoir comment vont réagir les différents
investisseurs de Gallimard que sont la BNP (12 %), Natexis
(9 %), Scholastic (3 %), Financière de Rothschild (2,85 %),
la Macif (2,5 %), la Caisse des dépôts (2,2 %), le Comptoir
des entrepreneurs (1 %) et la Cogepa (1 %). Antoine Gallimard
évoquait en effet dans une interview au journal "Le
Monde", au mois de mai, la possibilité "de
rendre les participations des actionnaires plus liquides (...)
en leur proposant à tous une réduction de capital de Gallimard,
qui leur permettrait d'entrer dans cette nouvelle filiale
(NDLR : Gallimard Interactive) que nous souhaitons coter en
Bourse". La rupture de l'accord avec Bibliopolis, si
elle est effective, pourrait donc retarder les projets de
Gallimard Interactive. A moins, évidemment, qu'Antoine
Gallimard n'ait déjà sa solution de rechange.
Lui qui estimait récemment que son but était
"d'inventer de nouvelles formules pour éviter qu'Amazon,
Alapage ou Fnac.com ne contrôlent seuls le marché de l'édition".
[Jérôme
Batteau, JDNet]
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