A l'heure où les "nouveaux
riches" de l'Internet font leur apparition dans les multiples
palmarès des personnes les plus fortunées en
France, les établissements financiers de gestion de
patrimoine se frottent les mains. Ce sont en effet souvent
vers eux que se tournent les millionaires du Net. JP
Morgan Private Banking, division de la banque d'affaires
JP Morgan, est un de ces établissements. Il gère
en direct le patrimoine
d'environ 1.000 clients, soit 800 familles, pour un total
de 30 milliards de francs d'actifs. Patrick de Fayet, son
vice-président, nous explique les attentes et le profil
de cette nouvelle clientèle.
JDnet
: Assiste-t-on à une explosion du nombre de fortunes
issues de l'Internet et quelles sont les particularités
de ces nouveaux clients ?
Patrick de Fayet : Globalement ce n'est pas une explosion.
Il y a effectivement quelques entrepreneurs de l'Internet
ou de l'informatique qui ont fait fortune. Mais leur nombre
reste assez stable comparé aux années précédentes.
En revanche du point de vue de la mentalité, il y a
une énorme différence avec nos clients plus
traditionnels. Pour imager, ce sont des gens qui n'ont pas
le permis de conduire mais qui ont une Ferrari entre les mains.
Ils sont d'ailleurs souvent assez semblables aux gagnants
du Loto. Ce sont des gens très jeunes, qui ont la tête
dans le guidon et qui se retrouvent, d'un seul coup, avec
des moyens financiers colossaux. Ils ont donc besoin d'être
mieux entourés. La première raison qui les pousse
à venir nous voir est d'ailleurs la recherche d'un
"coach". Certains découvrent par exemple
du jour au lendemain l'existence de l'impôt sur la fortune
(ISF) et ne savent pas trop comment cela fonctionne. En revanche
leurs attentes restent assez similaires à celles des
clients traditionnels. Ils ont compris que pour bien gérer
sa fortune, il faut diversifier les placements. Ils le font
donc volontiers, même si certains d'entre eux sont parfois
surpris que les sociétés dans lesquelles ils
investissent n'aient pas des croissances à deux chiffres.
Voire à trois, comme dans l'Internet.
Ces entrepreneurs
n'ont souvent qu'une fortune virtuelle, puisque composée
d'actions de l'entreprises, comment gère-t-on cela
notamment avec la volatilité des marchés ?
Pour notre part, justement, nous étudions d'abord l'état
de leur patrimoine en actions avant de nous engager. S'il
nous apparaît que l'entreprise cotée, dont ils
détiennent des parts, risque de s'effondrer en Bourse
nous sommes plus réticents. Je préfère
donc qu'ils aient quand même une partie de leur fortune
en cash. Le deal est après le suivant : nous leur faisons
un crédit en cash en échange d'une partie de
leurs titres. Evidemment tout cela se fait au terme de savants
calculs. Ensuite, nous gèrons leur fortune en maximisant
la couverture, c'est-à-dire en diversifiant les investissements.
Mais nous nous occupons également de la fiscalité
qui s'y rapportent. Car, comme je vous l'expliquais, l'ISF
est souvent négligé par les entrepreneurs. Sachant
que nos conseils sont gratuits, et que nous nous rémunérons
grâce aux produits que nous vendons, aux frais de gestion
et aux droits de garde.
Les nouvelles
fortunes du Net jouent aussi souvent les business-angels.
N'est-ce pas un peu risqué quand votre fortune est
constituée d'actions ?
Peut-être.
Mais ils savent faire jouer aussi la diversification, donc
le risque est plus limité. Une infime partie de leur
argent est donc investie sous cette forme. Il est d'ailleurs
exclu, en ce qui nous concerne, de prêter de l'argent
à des entrepreneurs pour qu'ils aillent jouer les business
angels. Mais en général
ils se disent : "j'ai déjà eu de la
chance une fois avec mon entreprise cela ne sera peut être
pas toujours le cas".
Ce sont des entrepreneurs souvent visionnaires. Pourtant ils
savent rester conservateurs.
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