Napster, dont le site permet
aux internautes de s'échanger des fichiers musicaux, devra
interrompre ses activités dès samedi 07H00 GMT jusqu'à ce
qu'un jugement soit rendu sur le fond (Lire l'article
du JDNet du 27/07/00). Théoriquement, Napster doit seulement
empêcher les échanges de fichiers portant sur des uvres protégées
par un droit d'auteur. Mais les représentants de la start-up
ont déclaré que la décision du juge pourrait les contraindre
à fermer complètement le site, en raison de l'impossibilité
de séparer les uvres protégées des autres. La fermeture sera
effective jusqu'à ce que les parties parviennent à un accord
ou jusqu'au procès, à moins qu'elle ne soit annulée par la
cour d'appel. Les avocats de Napster ont déjà annoncé leur
intention de combattre cette injonction, qui sera examinée
par la 9ème cour d'appel des Etats-Unis, alors qu'un procès
est programmé avant la fin de l'année. Il faut noter que début
juin, Napster a recouru aux services de David Boies, l'un
des avocats anti-trust les plus célèbres, qui avait conseillé
le gouvernement dans son action contre Microsoft.
Certains fans de Napster, rendus
furieux par la décision (Lire l'article
du JDNet) proposent déjà la création de nouveaux sites sur
le même modèle dans des territoires tels que les Tonga. Et
bon nombre d'entre eux se sont déjà ou vont se retourner vers
des sites et des outils similaires (Lire l'article
du JDNet). L'industrie du disque (l'action en justice contre
Napster était menée par la Record Industry Association of
America, qui regroupe notamment les cinq premiers éditeurs
de musique, Warner Music Group, Sony Music Group, Universal
Music Group, BMG Entertainment et EMI) restera sans aucun
doute attentive au développement de ces autres solutions et
n'hésitera pas à se lancer dans d'autres actions. Alliée à
l'industrie du cinéma, elle a déjà porté plainte jeudi 20
juillet contre le site Scour.com, qui permet d'échanger de
la musique et des films sur Internet, pour violation des droits
d'auteur.
Une étude réalisée par PC
Data Online et publiée aujourd'hui révèle que 60% des
utilisateurs de Napster s'affirment prêts à continuer à télécharger
de la musique, même si cette pratique est jugée illégale (ce
que n'a pas décrété le tribunal qui a sanctionné Napster).
"L'industrie du disque a un train de retard en matière de
technologie, a expliqué à Cnet Sean Wargo, analyste Internet
chez PC Data. Essayer de stopper Napster revient à tenter
de bloquer une bête sauvage. La technologie est déjà là, elle
se développe et les consommateurs l'adopte à chaque nouvelle
étape. " L'enquête de PC Data montre aussi que 32% des personnes
interrogées pensent télécharger plus de fichiers gratuits
que l'an dernier, alors que 28% le feront moins souvent. Mais
42% seulement téléchargeraient le même nombre de fichiers
si ceux-ci étaient payants.
Les ventes
de musique en ligne devraient atteindre 5,4 milliards de dollars
aux Etats-Unis en 2005, contre 840 millions cette année, selon
Jupiter Communications, elles concernent pour l'instant essentiellement
les CD. Mais en facilitant le téléchargement de fichiers,
Napster a largement contribué à lancer un mouvement qui semble
irréversible. Si des sites musicaux comme MP3.com
ou eMusic
proposent déjà des formules de téléchargement sur abonnement,
les compagnies de disque, qui espèrent toujours voir émerger
une norme sécurisée, continuent à étudier plusieurs solutions
commerciales et techniques.
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